Fyctia

Alek

6h, le réveil résonne dans toute la pièce. Elsa arrive dans 2h et j'ai l’entièreté de la maison à nettoyer après avoir petit-déjeuner, être passé à la salle de bain et m'être habillé. C'est la course ! Je sors le lait du frigo, le verse dans un bol, le mets au micro-onde 1min40 (10 secondes de plus ou de moins et c'est soit bouillant soit froid, aucune logique cette machine) et monte à toute vitesse les escaliers pour prendre mes habits pendant qu'il chauffe. Je ne suis vraiment pas une personne stressée habituellement, mais aujourd'hui, c'est la panique à bord sans raison ! J'enfile mon jean, mes deux t-shirts et mon pull durant les 30 dernières secondes, personne n'oserait me défier pour battre ce record, avant que le bip bip assourdissant retentisse. Je me brûle les paluches en sortant mon bol et le fais donc, bien évidemment, tomber au sol. Le bol, résistant à un point que je ne soupçonnais même pas, ne fais que tourner sur le carrelage, telle une toupie, tandis que le lait se déverse sur mes pieds nus. Généralement, j'ai toujours mes chaussons, mais ce matin, j'ai totalement perdu la tête. Je me mets à sauter comme un lapin, criant de douleur en cherchant à essuyer mes pieds ébouillantés. Une bonne tape sur le front d’agacement et un nettoyage plus tard, je finis par manger mes céréales sans lait. C'est d'une tristesse infinie... Passons ! J'ai bien trop de choses à faire et il est déjà 6h30, plus qu'une heure et demi à ma montre !

Je sors l'aspirateur et tout mon bazar de mon cagibi, c'est parti pour le grand ménage ! Je commence déjà par ranger tout ce qui peut traîner par terre pour éviter d'aspirer malencontreusement un objet non désiré. Le chalet n'est pas très grand, mais j'ai l'impression de ne jamais en finir. Un petit coup d'éponge par ci, un coup de serpillière par là et le tour est joué ! 7h15, plus que trois-quarts d'heure pour terminer de tout préparer. Je dois passer à l'animalerie pour acheter deux trois bricoles pour Karhu, elle aussi doit se sentir comme chez elle, et au supermarché pour acheter de quoi manger ce midi et ce soir. D’abord, je vais cuisiner au déjeuner une lohikeitto, soit une soupe de saumon mélangé avec des pommes de terre, de la crème et de l'aneth. Concernant le dîner, ce sera des suomaleinen nakki, des saucisses à cuire à la broche sur un feu, avec des légumes. Je prends également du pain de seigle, le ruisleipä, et de quoi préparer une spécialité finlandaise pour le dessert, des korvapuusti (roulé à la cannelle), autant lui faire découvrir de nouveaux plats !

Une fois mes courses terminées, je m'attèle aux fourneaux, j'ai exactement 15 minutes pour commencer la préparation des korvapuusti avant d'aller à l'aéroport. Je sors mon livre de recettes et les ingrédients nécessaire :

5dl Maitoa 5 dl de lait

50g Hiivaa 50 g de levure

1 Muna 1 Oeuf

1,5dl Sokeria 1,5 dl de sucre

1tl Suola = 1 cuillère à café de sel

1 rkl Kardemummaa 1 cuillère à soupe de cardamome

1kg Jauhoa 1kg de farine

100-150g Voita 100 g de beurre

Kanelia De la cannelle

Très bien, alors dans un petit bol, je mélange la levure et le lait tiède puis j'ajoute le beurre fondu, le lait et l’œuf avant de mélanger à nouveau. Ensuite, je rajoute la farine, le sucre, le sel et la cardamome et mélange une troisième fois pendant une dizaine de minutes. Lorsque la pâte est bien pétrie, je dois la laisser reposer environ une heure, recouverte d’un torchon afin qu’elle puisse lever et donner de belles alvéoles. Comme le temps ne m'attend pas, je m'occuperai de la suite de la recette en revenant de l'aéroport.

Il est l'heure, je mets mes chaussures, prends mon manteau au vol et monte dans ma voiture. Je démarre le moteur et... Alek tu as oublié de déneiger la cour, impossible de faire reculer la voiture ! Ma tête heurte le volant de désespoir. Alek tu n'avais qu'une seule mission, récupérer Elsa, et tu es en train d'échouer totalement ! Tant pis pour la voiture, je n'ai plus le temps, direction le bus... Je rejoins le plus vite possible l'arrêt et, par chance, celui dont j'ai besoin arrive pile au bon moment ! Je paye les 4€ de mon ticket et m'écroule sur un siège. Je croise les doigts pour qu'Elsa ne me cherche pas partout, impossible de faire avancer ce bus plus vite qu'il ne peut ! Aéroport en vue, je descends en quatrième vitesse du véhicule avant de courir pour rejoindre le hall principal. Je regarde de tous les côtés à la recherche de son joli minois. Rien. En panique, totalement inconsidérée car il est 9h01 et qu'en une minute il est impossible qu'elle soit déjà descendue de l'avion, je parcours tout l'aéroport à la recherche d'une indication me permettant de savoir où elle est.

10 minutes que tout le monde me pointe du doigt perplexe alors que je cours dans tous les sens et qu'Elsa est toujours introuvable. Je finis raisonnablement par demander à une hôtesse des indications. Ce que j'aurais dû faire bien plus tôt, si je n'étais pas si borné à vouloir tout faire de moi-même, car elle m'indique le seul lieu où je n'ai pas cherché : au premier étage. Elle m'indique le haut d'un escalator, je la remercie d'un kiitos un millier de fois et me dirige vers le fameux escalator. Arrivé en haut, je tombe nez à nez avec une femme allongée par terre, inconsciente. Elsa ? Elsa ! Je hurle, à qui m'entendra, de l'aide tandis que je vérifie si elle respire. En approchant mon oreille, je l'entends murmurer des mots incompréhensibles. Des employés finissent par répondre à mon appel en me rejoignant et appellent immédiatement une ambulance. Elsa, réveillez-vous bon sang !