Fyctia
Chapitre 1 (1/3)
Perdu dans un endroit plongé dans l’obscurité la plus totale et il ne ressent rien. Aucun courant d’air ne caresse sa peau, aucune odeur ne stimule ses narines et aucun son ne fait vibrer ses tympans. L’unique stimuli qu’il perçoit est le battement régulier de son coeur.
Une lueur se met à briller à l’horizon et, comme un papillon de nuit, le garçon s'y sent attiré de manière irraisonnée. Le scintillement reste si lointain qu’il a l’impression de faire du surplace.
Soudain, une détonation se fait entendre et semble provenir de toutes parts. Désarçonné, l’enfant s’arrête pour déterminer l’origine du son. Son coeur, pour une raison inconnue, a transformé ses battements en réels coups de tambour et s’illumine d’une faible lueur turquoise. Tout comme lui, ce qui se trouve dans sa cage thoracique est appelé par l’astre au loin. Le garçon accélère de plus en plus, car sa poitrine se serre davantage, comme si elle n’en peut plus d’être séparée de la lointaine lumière. Plus la distance s’amoindrit, plus les tambourinements deviennent assourdissants et la lueur turquoise de son torse s’intensifie.
L’enfant ferme brièvement les yeux puis se retrouve soudainement face à un astre mystérieux. Cette chose bat comme un coeur pourtant elle est loin d’en avoir la forme. Il la regarde de nombreuses secondes se rétracter et se contracter avant d’être convaincu qu’il s’agit de son coeur. Pourtant, le garçon, incrédule, le sent bien battre dans sa poitrine et finit par voir la différence intrinsèque entre les deux entités. Celle à l’intérieur de sa cage thoracique se rattache à son humanité, tandis que l’autre, en face de lui, il la redoute et ne veut pas la posséder.
C’est une monstruosité. L’enfant se met à fuir le plus vite qu’il peut tout en niant que le moment tant redouté risque d’arriver plus tôt que prévu.
« Non, non… non ! », crie-t-il avant de trébucher dans une flaque.
Son reflet se déforme par les ondulations de l’eau.
« Je ne veux pas être un monstre… »
Il y reste de nombreuses secondes, incapable de se relever et peinant à respirer. Son double reprend progressivement sa forme d’origine, celle d’un jeune garçon des plus normal. Sa respiration s’adoucit, car ce n’est pas une quelconque abomination face à lui, mais bien un humain.
« Tu crois vraiment ne pas être un monstre ? » lâche une voix terrifiante émergeant de son reflet.
Le garçon sursaute.
« Peut-être que de l’extérieur, tu as l’air d’un humain, mais tu le sais très bien au fond de toi ce que tu es vraiment… Tu sais que… ce n’est qu’une question de temps avant que tout le monde ne le sache », dit cyniquement son double, tout en changeant progressivement de forme.
Ses yeux et sa bouche se transforment en des cavités vides auxquels émanent une énergie turquoise. Sa peau s’enveloppe d’une étrange carapace qui ressemble à la fois à du métal et des os. D’étranges flux d’énergies, semblables à des veines, parcourent tout son corps. Voyant cette monstruosité se dessiner, l’enfant prend peur et essaie de se relever, mais l’eau, devenue aussi visqueuse que de la boue, le retient.
« Pourquoi as-tu peur de moi ? Après tout, toi et moi ne faisons qu’un. »
La créature, de sa main aqueuse, lui agrippe le cou et l’entraîne au fond des abysses. Il essaie de se débattre, mais tout ce que le garçon parvient à faire c’est regarder la lumière de la surface disparaître. Il ne peut presque plus respirer. D’un geste de désespoir, l’enfant tend le bras en direction de la surface.
Nicolas ouvre les yeux et voit sa main face au plafond de sa chambre. Dans son lit, il halète, le front en sueur.
« C’était un cauchemar… », souffle-t-il rassuré.
En reprenant ses esprits, il fait tranquillement le tour de sa chambre de la tête comme pour s’assurer qu’il ne s’agit pas encore d’un rêve. La pièce est peinte entièrement en noir et est composée de meubles tout aussi foncés. Sans aucun bibelot pour donner une quelconque personnalité au lieu, elle émane une certaine austérité. Lorsqu’il dirige son regard vers la porte, le jeune garçon aperçoit sa mère visiblement interloquée.
« Est-ce qu’elle a vu comment je me suis réveillé ?! »
- De… depuis quand t’es là ! lâche-t-il très embarrassé.
- Ha… je viens d’arriver, ricane-t-elle en détournant ses yeux jaune orange.
« Elle a tout vu ! », déplore-t-il intérieurement.
Le voyant rouge de honte, elle fait mine de rien pour ne pas le gêner davantage.
- Allez ! Lève-toi ! C’est la rentrée aujourd’hui !
Visiblement confus par les directives de sa mère, Nicolas reste dans son lit, le regard vide.
- La rentrée ? La rentrée à l’académie des mages… c’est aujourd’hui… c’est vrai… murmure-t-il.
- Oui et, si tu te grouilles pas, tu vas être en retard !
Ses paroles ont l’effet d’un choc et le réveillent instantanément. Le garçon se précipite en dehors de son lit et fouille dans des cubes remplis de vêtements. Voyant, son fils se préparer avec ardeur, la mère sourit.
« Ne prend pas trop de temps », le taquine-t-elle avant de quitter la pièce.
Nicolas, trop occupé à choisir son uniforme, ne répond que d’un léger râlement. Après quelques secondes de réflexion, son choix s’arrête sur une simple chemise blanche à manche longue, un cardigan gris, orné d’un écusson bleu clair, ainsi que d’un simple short beige.
Si en apparence, il n’a pas l’air spécialement excité d’aller à l’académie pour la première fois, Nicolas bout d’impatience. Au moment de monter les escaliers en direction de la cuisine, le jeune adolescent s’envole. Depuis son plus jeune âge, voler est pour lui aussi naturel que marcher. Chez la famille Thibodeau, c’est l’effervescence de la rentrée. Les petites soeurs se bousculent pour se préparer, la mère tente tant bien que mal de les séparer, le père fait à manger et d’autres ne sont même pas encore réveillés.
Une fois à la cuisine, Nicolas n’aperçoit que son paternel, Charles Thibodeau. Ce dernier a la carrure d’un homme moyen. À quarante et un ans, il ne fait pas son âge. Ses cheveux bruns courts et ses yeux gris foncé dégagent un visage sur lequel le temps ne semble pas avoir d’emprise. Ses bras musclés sont dus à sa manie de faire tout par soi-même à la place de simplement déléguer. Le père n’est pas radin, mais perfectionniste et anxieux. Le quarantenaire ne supporte pas qu’une personne ne fasse pas les choses à sa manière. Paradoxalement, il se plaint régulièrement qu’aucun de ses enfants ne l’aide dans la maison.
« Nicolas, combien de fois on va devoir te dire de ne pas voler dans la maison ? » le réprimande son père avec une certaine lassitude.
L’adolescent ne répond que d’un simple râlement, ne prend même pas la peine de se poser et fonce à l’étage du dessus, trop excité de se voir avec son nouvel uniforme. Un énorme miroir se trouve dans la salle de bain du premier étage. Nicolas en profite pour réajuster quelques petites choses par-ci par-là : un bouton mal boutonné, le collet mal ajusté puis quelques boucles de ses cheveux bruns frisés mal positionnées.
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Janikest
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Eva Boh
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Mary Lev
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Pazuzu
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