Julie Alyès Ho Ho High: Le Père-Noël plane un peu trop cette année ! Chapitre 1 - Elsie (1/2)

Chapitre 1 - Elsie (1/2)

Rue commerçante

16 novembre 2024

9 h 26



Je vais y arriver !


Il n’y a pas de raison que ça ne rentre pas… Suffit de pivoter légèrement vers la gauche, d’effectuer une petite rotation sur la droite… et de pousser le tout vers l’intérieur. Mais pourquoi est-ce que ça coince ?!


— Qu’est-ce que tu fais ?


Je souffle pour dégager une mèche de cheveux de sur mon front tandis que mon meilleur ami s’approche. Un gobelet dans chaque main, il contemple la bête que je tiens entre mes gants.


— Tu n’as pas du lubrifiant ? marmonné-je, essoufflée.


J'attrape fermement ce cylindre épais, resserre ma prise et tire encore un peu. Rien à faire, il est trop gros.


— Il faudrait que j’y aille plus en douceur… Ou peut-être que si je le prends par la base…


À côté, Luc s’étouffe avec son café et frappe plusieurs fois sur sa poitrine pour retrouver une respiration correcte.


— Bordel, Elsie… tu te rends compte de ce que tu dis ?!


J’observe le tronc entre mes mains et jette un œil autour de moi. Les passants poursuivent leurs emplettes, comme si de rien n’était. Mon meilleur ami, lui, ferme les yeux et se frotte furieusement le front. Luc est comme ça, il doute toujours de moi et déteste tout ce qui a trait à Noël. C’est mon petit Grinch préféré.


— Tu essaies de rentrer un sapin de deux mètres de haut par la porte de notre minuscule boutique, me fait-il remarquer. Et puis… tu vas le mettre où une fois à l’intérieur ? Il n’y aura quasiment plus de place.


Le conifère reste là, coincé dans l’encadrement. J’ai peut-être vu grand, c’est vrai.


— Et on a déjà dit que je tolérais les sapins uniquement au mois de décembre, poursuit-il. Je ne comprends même pas où tu as pu en trouver un.

— Il était en promotion.


Luc pose les gobelets sur l’appui de fenêtre de notre boutique et soupire bruyamment. D’un geste, il témoigne de sa force physique en attrapant le tronc de l’arbre pour le dégager de l’entrée.


— Toi, tu as encore eu pitié d’un vendeur qui a joué du violon pour t’amadouer, devine-t-il.


Mes paupières papillonnent tandis que mes dents retiennent ma lèvre inférieure. Ce bougre me connaît bien, parfaitement bien même. C’est ce qui arrive lorsqu’on s’attache au gamin qui nous tirait les cheveux en petite section. Habituellement, c’est lui qui m’empêche de faire des bêtises. Souvent, celles-ci se résument à succomber à ma fièvre acheteuse et dire oui à toutes les personnes qui me demandent de l’aide.


— Qu’est-ce que ce sapin fait au beau milieu de la rue ? résonne une voix derrière lui.


Charlie, la fleuriste qui tient la boutique juste à côté de la nôtre, s’avance et contemple ce qui a tout l’air d’être un bûchicide. Les lèvres de Luc s’élargissent en un sourire mécanique dès qu’il croise les yeux verts de la jolie rousse. S’il doit m’enguirlander, il suffit que je me cache derrière Charlie pour qu’il oublie toute sa colère. Et ce, même s’il n’a pas encore trouvé le courage d’avouer à cette fille qu’elle le fait craquer. D’après lui, il y a une règle qui stipule qu’il ne faut pas fricoter avec le commerçant d’à-côté. Parce que, si ça foire, on est condamné à vivre à côté pour le restant de nos jours. J’ai beau lui répéter: « et si ça fonctionne ? », Luc tourne à chaque fois les talons et râle dans sa barbe.


— Je voulais égayer la boutique, avoué-je alors. En période de fêtes, Luc fait la gueule tout le temps. Ce sapin est censé dévier l’attention des clients.


Le sourire de Charlie se détourne de moi pour se poser sur mon comparse. Le haut de ses joues vire au rose et il préfère fuir pour récupérer le café qu’il a pris pour moi. S’être attachée au gamin qui me tirait les cheveux en petite section, c’est aussi ça. Avoir un meilleur ami qui me connaît par cœur et qui sait ce dont j’ai besoin, avant même d’y penser. Je profite de l’odeur de spéculoos qui se dégage du gobelet et contemple la rue commerçante dans laquelle nous travaillons.


Elle s’étend sur cinq-cents mètres, mais notre parcelle est la préférée des habitants de cette ville. Cent mètres, six boutiques et un esprit de Noël qui transforment ce bout de chemin en un véritable marché en l’honneur de la plus belle fête de l’année.


Autrefois, toute la rue piétonne se métamorphosait pour l’occasion. Mais de nombreuses maisons emblématiques ont fermé, remplacées par des enseignes nationales ou des franchisés. L’architecture de l’avenue fait que, tous les cent mètres, une intersection coupe la voie. En soi, elle ne réalise qu'une séparation entre deux magasins par une route. Mais en réalité, elle empêche de nouer des liens avec nos voisins. Une frontière, deux mondes différents. Et c’est d'autant plus flagrant en cette période.


Nous ne sommes pas encore au mois de décembre que déjà notre Big Boss, Monsieur François, a transformé notre bout de chemin en un marché de Noël miniature. Bonhommes de neige par dizaines, un traîneau rempli de cadeaux et des guirlandes scintillantes qui surplombent les devantures de chaque boutique. Toutes les vitrines ont même été décorées avec de la fausse neige. La confiserie Carpentier et ses sucres d’orge, l’atelier de décorations artisanales de Madame Bernard et ses boules en bois, le salon de thé de Cece et ses chocolats chauds. De l’autre côté, le magasin de vêtements de Prune et ses bonnets rouge et blanc, ma biscuiterie et mes bonhommes de pain d’épice, et la fleuristerie de Charlie et ses couronnes de Noël.


Je sors mon nez de mon écharpe et prends une profonde inspiration. Le froid pourrait me geler le cerveau, mais ici, au milieu de tous, je ne ressens qu’une chaleur intense. Et un amour contagieux.


— Tu pourrais le laisser dans la rue, propose la fleuriste. Il ne manquait plus que ça pour que la déco soit parfaite.

— Charlie, tu sais que tu es absolument géniale ?! N’est-ce pas, Luc, qu’elle est absolument géniale ?


Il préfère boire son café plutôt que répondre. Dire à cette fille que mon meilleur ami en est dingue ferait-il de moi la plus mauvaise amie de la terre ? Ou au contraire… la meilleure ?


— Dis, Charlie, je peux te poser une question ?

— Je sais exactement ce que tu vas me demander ! déclare-t-elle, les yeux rivés sur le tronc du sapin. Et je dois en avoir un dans ma remise, je reviens !


Elle trottine jusqu’à sa boutique tandis que le souffle froid de Luc me fait frissonner le bout du nez.


— Ça y est ? T’as repris ta respiration ? lui demandé-je. Tu sais que tu n’es pas obligé d’être en apnée à chaque fois qu’elle est proche de toi.


Un nouveau vent me parvient, plus chaud cette fois-ci. À l’opposé du regard qu’il m'offre.


— Quoi ? lancé-je d’une voix innocente.


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66

66 commentaires

Farahon

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Il y a 15 jours

J'aime beaucoup ta plume : c'est très fluide et rafraichissant, avec ce qu'il faut d'humour !!

Sarael

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Il y a 16 jours

Incroyable, j'ai bien rigolé !

Natia Kowalski

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Il y a un mois

Un style très dynamique et un humour qui détonne, ça annonce pas mal de mouvement dans les prochains chapitres 💖

Julie Alyès

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Il y a 21 jours

Merci :) J'espère que la suite te plaira ! Je reviens bientôt sur ton histoire aussi !

Natia Kowalski

-

Il y a 21 jours

Moi aussi 💖

lovelover

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Il y a un mois

Ton personnage principal a une énergie folle, c’est super rafraîchissant ! J’adore son tempérament.

Julie Alyès

-

Il y a 21 jours

Complètement oui !

Debbie Chapiro

-

Il y a un mois

Elsie est super attachante, un peu déjantée et pleine d'énergie.

Julie Alyès

-

Il y a 21 jours

On ne l'arrête pas 😂

Anna C

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Il y a un mois

Ta plume. 🤌🏻🤌🏻🤌🏻 C'est tellement fluide, bien écrit, on rentre direct dans l'histoire ! Et une bonne vibes déjà de Noël au point que j'ai oublié pendant un instant qu'on est déjà au printemps. xD
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