Alixia Egnam Heaven Chapitre 10 - Partie 2

Chapitre 10 - Partie 2

Pour le moment, je me hâte de balancer ma sacoche sur la banquette arrière et saute derrière mon volant pour ne pas perdre de vue Ferguson et ses sbires. Il me faut quelques minutes pour les rejoindre, sur un boulevard tout proche. Ils prennent la route du siège de la société. Parfait. Les miles défilent, le SUV maintient une allure raisonnable et, moins de quinze minutes plus tard, nous voilà arrivés sur les docks. Je dépasse le bureau de Ferg’s Heaven et me gare non loin, près des locaux de la marina. Après avoir demandé de vagues renseignements à la demoiselle postée à l’accueil, je ressors, appareil en mains, feignant de shooter les bateaux et les containers. En réalité, je trouve rapidement un point de vue intéressant pour surveiller ma cible sans en avoir l’air.


Lors de mon travail préparatoire, j’ai tiqué sur le nom de l’entreprise. Le hasard fait parfois bien les choses. Ou mal. Je ne sais pas. Toujours est-il que le visage et les jolies courbes de la jeune femme ne quittent pas ma mémoire tandis que je mitraille le port. Fichu cerveau, qui se concentre sur une blondinette au regard de braise au lieu de chercher comment approcher Ferguson !


*****


Il n’est pas loin de huit heures quand j’ouvre la porte de ma chambre d’hôtel. Fourbu, désabusé et contrarié, je balance ma veste sur une chaise placée dans un coin et dépose ma sacoche sur mon lit avant de me laisser tomber à plat dos sur le matelas. Merde ! Toute une journée à coller aux basques de Ferguson, et rien à me mettre sous la dent, si ce n’est qu’il est entouré des mêmes équipiers lui ayant permis d’atteindre le haut de la chaîne alimentaire, il y a vingt ans. Alors croire qu’il est devenu un honnête commerçant, c’est une vaste blague. Cependant, je suis incapable de mettre le doigt sur quoi que ce soit de valable et ça me gonfle. Parce que je ne veux pas moisir ici pendant des semaines, parce que je suis bien trop fier pour m’avouer vaincu.


Et parce que je dois être à Londres dans trois jours, pour la fête de Cedric. Quelle plaie !


À cet instant, mon téléphone se met à vibrer dans la poche arrière de mon jean. Après un lourd soupir, je me tortille pour saisir mon portable et décroche, sans même jeter un coup d’œil au numéro affiché sur l’écran.


— Cochrane, marmonné-je.


— Quel entrain, dis-moi ! Moi qui croyais avoir le super pouvoir de te faire sourire en toutes circonstances…


En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, les commissures de mes lèvres remontent et un sourire franc me barre le visage.


— Maeve.


— Bien sûr, qui d’autre ? Cette conne de Mina ?


Mon rire résonne dans la pièce vide. Oui, s’il y a bien une personne qui peut me faire marrer quoi qu’il arrive, c’est Maeve.


Un mètre quatre-vingt, des jambes qui n’en finissent plus et une assurance à toute épreuve, Maeve est tout sauf ce qu’on attend d’un mannequin. Pourtant, elle a défilé pour les plus grands, a fait rêver des milliers d’hommes et de femmes à travers le monde, et ce, sans jamais prendre la grosse tête. Nous nous sommes rencontrés sur les bancs de l’école : moi, j’aimais déjà la photo et elle était déjà la plus belle nana du quartier. Nous avons fricoté un moment, avant de réaliser que nous étions meilleurs amis qu’amants. Puis elle a été repérée par une agence, s’est mariée pendant que moi, je traversais la planète pour le compte de notre gouvernement. Malgré tout, nous avons gardé contact. Et nous nous sommes réellement retrouvés quand j’ai découvert qu’elle était en réalité agent infiltré pour ce même gouvernement.


Alors, quand j’ai plaqué l’armée il y a quelques années, sur un coup de tête, c’est elle qui m’a poussé à ressortir mon appareil photo. Pas étonnant, puisque de son côté, elle a ouvert une agence de détectives privés à Glasgow après son divorce. Elle a repris son nom de jeune fille, a changé radicalement de look et bosse maintenant avec une équipe triée sur le volet. Des as dans leurs domaines respectifs.


— T’as des infos ? demandé-je, une fois mon hilarité retombée.


— Oui. Ça a été compliqué, parce que ton type, là, c’est du costaud. Il ne laisse rien au hasard et a un hacker génialissime qui couvre toutes ses traces. De quoi faire baver ton colonel Hastings, si tu veux mon avis. Bref. Un de ses gars fait régulièrement des voyages à Édimbourg. Reginald Thornstone.


Tout en l’écoutant, je me lève et vide le contenu de mon sac sur le sol.


— Attends… Je connais ce nom.


— J’imagine bien. C’est le bras droit de Ferguson. Celui qui se mouille pour lui, on peut dire.


— Je l’ai.


Reginald Thornstone. Plus connu sous le surnom de Trip. Cinquante-huit ans, tatoué sur le côté du crâne ainsi que sur la totalité des bras. Une mine patibulaire, une barbe fournie. Un casier judiciaire long comme le bras, mais le type s’en est toujours miraculeusement bien tiré.


— Va savoir pourquoi Trip fait des voyages réguliers à Édimbourg. Jamais à la même date. Et ça dure depuis un peu plus de deux ans. C’est assez étonnant, étant donné que la moitié de la ville est sous la coupe des Dios Mio et que Ferguson n’est pas réputé pour son affection envers les Italiens.


Étrange, en effet. Est-ce ce que Hastings veut que je mette en lumière ? Une nouvelle alliance entre deux gangs ennemis ?


— Et d’ailleurs, il semblerait qu’il ait décidé d’y aller. Demain.


Demain. Hum. Si je fais le détour par Édimbourg, que je prends le temps de le suivre pour comprendre ce qu’il y manigance, ça me laisse encore une journée pour revenir à Londres et une de plus pour souffler avant la fameuse fête de Ced. Faisable.


Je remercie Maeve, lui promets de la tenir au courant et de lui offrir un dîner pour la récompenser avant de raccrocher. Ensuite, une fois ma valise bouclée, je fonce sous la douche.


Pendant que l’eau ruisselle sur mes épaules, les mains plaquées contre la faïence d’un autre siècle, aux motifs psychédéliques improbables, je songe à ce qui m’attend demain. Édimbourg, hein ? Je sais que je devrais me focaliser sur ma stratégie. Je devrais sans doute contacter d’anciens collègues, histoire de savoir où trouver les Siciliens sans trop avoir l’air de fouiner. Or, mon cerveau n’est, une fois de plus, pas du même avis. Ni le reste de mon anatomie. Non, tout ce que j’ai en tête, ce sont les yeux d’une petite mécanicienne qui, en ce moment, doit dormir dans l’une des maisons de la capitale écossaise.


Bordel...


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6 commentaires

JULIA S. GRANT

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Il y a 2 mois

Youpiii, il va la retrouver... mais pas forcément où il l'imagine...

Alixia Egnam

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Il y a 2 mois

Tellement pas 🤣 ! Mais c'est ça qu'est cool 😜

francoise drely

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Il y a 2 mois

❤️

Vana Aim

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Il y a 2 mois

😉

Alixia Egnam

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Il y a 2 mois

Merciiii ❤️
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