Alixia Egnam Heaven Chapitre 19

Chapitre 19

Quand j’ouvre les yeux au petit matin, le lit est vide. Ian a disparu. Oh, pas très loin ! J’entends son rire en approchant de la porte. Avec un froncement de nez dégoûté, je renfile mon jean sale, tente de mettre de l’ordre dans mes cheveux en bataille avant de rejoindre mon sauveur dans la cuisine. Là, moulé dans son t-shirt sombre et assis face à une petite femme replète aux cheveux blancs, Ian boit son café. Lorsque son regard croise le mien, son sourire s’élargit encore. C’est la propriétaire des lieux qui m’alpague en premier :


— Bonjour, ma douce. Heaven, c’est ça ?


— Oui, Madame.


Avec un petit bruit de gorge, la femme me détaille de la tête aux pieds :


— Oh, non, pas de Madame. Appelle-moi Lorna.


Puis elle reporte son attention sur le grand blond riant dans sa barbe.


— Et donc, mon grand ? Tu ne lui offres rien, à ta camarade de route ?


Ian lève les yeux au ciel, sans broncher, mais obéit. Pendant qu’il s’active, du placard à la cafetière en passant par le frigo pour me sortir du lait, Lorna m’invite à m’asseoir avant de me bombarder de questions :


— Installe-toi près de moi, qu’on papote. Dis-moi, elles sont vraiment jolies ces mèches ! Et donc comme ça, tu es tombée en panne ? Nom de Dirk, j’espère que tes proches vont vite ramener leurs fesses ici pour te secourir. Oh ! C’est plaisant d’héberger une nouvelle tête, hein, ne te méprends pas, mais tu dois avoir du boulot qui t’attend. Tu as ton propre garage, il paraît ?


J’essaie de ne pas rire devant l’engouement de la vieille dame. Garder le fil de la conversation s’avère compliqué. Aussi, lorsque Ian pose la tasse fumante devant moi et se penche à mon oreille, je suis presque soulagée :


— T’en fais pas, chuchote-t-il. C’est une vraie pipelette. Contente-toi de répondre à une ou deux questions et laisse tomber les autres.


Je le remercie du regard et tente tout de même de suivre le rythme. Mais la vieille dame est loquace et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, elle m’a conté la vie de la moitié du village. Loin de m’offusquer face à ses questions ou sa familiarité, je me surprends à me passionner pour ses récits et ses anecdotes sur Ian et sa jeunesse. Elle a un côté attachant et frais qui me touche et m’envoûte.


Quelques dizaines de minutes plus tard, le troisième hôte de Lorna fait son entrée dans la cuisine, accaparant à son tour l’attention de la dame. C’est le moment que choisit Ian pour frôler mon poignet sous la table, m’invitant à le suivre à l’extérieur.


Assis sur les marches devant la maison, nous rions en imaginant l’homme que nous avons laissé en plan, en train de se débattre avec la curiosité maladive de la maîtresse de maison.


Puis un grand silence s’abat sur notre duo. Emmitouflée dans mon sweat, le nez levé vers le ciel, je savoure la fraîcheur du matin et les parfums de la nature. Je finis par fermer les yeux en poussant un soupir de bonheur. À mes côtés, Ian se met à rire :


— On est loin de la ville, hein ?


Je me contente de hocher la tête, avant d’ouvrir à nouveau les yeux à contrecœur. Parce que je sais que, si je reporte mon attention sur Ian, mon estomac va faire des saltos inappropriés. Son bonnet enfoncé sur la tête et les coudes posés sur les genoux, il fait danser une pièce en métal entre ses doigts. Ses gestes sont rapides, précis. Les muscles de ses bras roulent sous sa peau à chaque va-et-vient de la rondelle. Comme envoûtée par le mouvement de ses phalanges, je ne l’écoute que d’une oreille me faire le planning de sa journée. Lorsque la pièce cesse de bouger, je relève la tête et croise le regard amusé de Ian. Ses grands yeux verts rieurs me font frissonner. Il a une façon de me fixer qui me coupe le souffle. Est-ce qu’il s’en rend compte ? Sans doute pas.


Je devrais donc essayer de ne pas baver, quand il est si proche de moi. Mais mince ! Ce qu’il est beau ! Est-ce qu’il vient de regarder ma bouche ?


Comme un signe du karma, notre bulle d’intimité éclate au son d’un klaxon : une berline noire s’avance devant le portail de la propriété de Lorna. Je n’ai pas besoin de contrôler la plaque pour savoir que mon frère est au volant. Et vu sa mine patibulaire, je sais que ça va barder.


Rien qu’à sa façon de claquer sa portière, je peux dire que Colin est dans une colère noire. Il ajuste les pans de sa veste, carre les épaules avant de nous rejoindre sur le pas de la porte. Ray Ban sur le nez, écharpe autour du cou et moulé dans un costume sur mesure, je lui trouve de plus en plus de points communs avec mon père. Qu’est-ce que ce serait si la génétique était de la partie ? Cependant, c’est dans sa manière froide de tendre la main à Ian qu’il affiche de vraies similitudes avec Logan Ferguson. Pas un sourire, pas un mouvement de sourcil, rien. Non, il se contente de toiser le photographe de manière tout juste polie.


— Merci d’avoir pris la peine de vous arrêter. C’était très aimable à vous.


— C’était la moindre des choses.


Ian ne semble pas intimidé par l’apparente mauvaise humeur de Colin. Au contraire, il arbore un petit sourire en coin, presque joueur. Merde, ils ne vont pas se lancer dans un concours de testostérone, si ?

Les deux hommes se serrent la main, et Ian invite mon frère à entrer.



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3 commentaires

JULIA S. GRANT

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Il y a 3 mois

Ahahah cette phrase « Est ce qu’il a regardé ma bouche ? » 🤩🔥

francoise drely

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Il y a 3 mois

❤️

Alixia Egnam

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Il y a 3 mois

Merciii ! Je suis désolée, je me suis encore plantée sur le titre de chapitre hein... la honte.
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