Alixia Egnam Heaven Chapitre 4 - Partie 2

Chapitre 4 - Partie 2

Je profite de la luminosité et de la quiétude de la campagne pendant encore une bonne heure. Quand le soleil se couche tout à fait, m’obligeant à m’interrompre, je réalise qu’il est temps de rebrousser chemin. Ma lampe à la main, mon appareil bien calé dans mon sac, me voilà à nouveau sur le chemin escarpé. Et tandis que mes pas me ramènent vers mon 4x4, mon esprit se focalise sur Hastings et sa demande.


— Juste de la surveillance, Cochrane. Rien de plus.


Ouais. Tu parles. Je le connais, Rob. Il vient, la bouche en cœur, pour me demander un service qui se transformera en mission avant que j’aie le temps de dire ouf. Je me suis déjà fait avoir il y a six mois et je refuse de replonger.


Cette fois, il s’agit de filer un mafieux du coin : le type est quasi insaisissable, ne fait que très peu d’écart, se méfie de tout et de tout le monde. Depuis un peu moins de deux ans, il a disparu des radars. À croire qu’il aurait rejoint le droit chemin !


Pas si l’on en croit les renseignements généraux. Non, il est simplement plus malin que la moyenne et sait la jouer profil bas. Mais Hastings a reçu des ordres, et il a besoin de connaître toutes les petites habitudes de l’homme et de ses équipes, qu’on dit nombreuses et redoutables. J’ignore pourquoi, mais il est devenu la cible des services secrets. Et, bien entendu, un de leur commandant a su immédiatement vers qui se tourner. Sauf que cette fois, je n’ai pas décroché le téléphone. Alors, Robert a laissé un message. Puis a envoyé un mail. Oh, rien de bien explicite hein. Juste le minimum d’information, de quoi titiller mon intérêt. Et bien entendu… j’ai fini par céder ce matin, et appeler mon ancien chef de section. Je lui ai dit que j’allais y réfléchir. Mais bien entendu, dans l’entrefaite, il avait déjà contacté Cedric, tant pour le pousser à prendre le job que pour le supplier de me convaincre.


Parce que, durant dix ans, nous avons été les meilleurs. Nous avions les états de service les plus brillants de notre régiment, voire du pays. Dans le plus grand secret, nous avons contribué à maintenir la sécurité nationale, sur notre sol ou depuis l’étranger. Mais un jour, une mission s’est mal terminée. Et j’ai raccroché, sans hésiter. Dorénavant, je vis au jour le jour et surtout, je fais ce que j’aime : de la photo. Cedric, lui, avait quitté l’unité lorsqu’il a rencontré la femme de sa vie pour travailler avec son père et bien entendu, il m’a aidé à me lancer, en me trouvant une place dans leur entreprise. Je suis donc passé de l’armée aux reportages photo en un clin d’œil.


Mais… les vieilles habitudes ont la vie dure. Aussi, lorsque Hastings m’a contacté la première fois, je n’ai pas hésité. Effectuer des filatures pour mon ancien commandant ? Pourquoi pas ! Il y a eu une mission, puis une deuxième, une troisième… Et enfin celle de trop. Celle qui m’a retourné le cerveau à un point tel qu’aujourd’hui encore mon estomac se noue en y pensant. Va te faire foutre, Hastings.


Alors que je ressasse, mes pas me ramènent vers la route et ma voiture, toujours garée en contrebas. Je m’arrête un instant, histoire d’étendre mes bras pour soulager mon dos et profiter de la fraîcheur de la nuit tombante. Mine de rien, crapahuter toute la journée en pleine nature, c’est plus facile à vingt ans qu’à trente-quatre ! Même avec une bonne condition physique, je suis exténué et donc, pas mécontent de retrouver mon carrosse.


J’enlève mon bonnet que je fourre dans la poche de mon blouson et passe mes doigts dans mes cheveux. Si j’ai, pendant des années, arboré la coupe réglementaire, je dois avouer que j’aime bien mon nouveau look. Mèches rebelles jamais coiffées, une barbe rousse de trois jours qui rendrait Hastings dingue et mal assortie à mes cheveux d’un blond cendré, on est loin du militaire à la coupe stricte et au menton glabre. Sans parler de l’anneau accroché à ma narine gauche ou celui à mon oreille droite. Ouais, autant dire qu’en deux ans, j’ai changé physiquement et psychologiquement. Et ça me convient.


Bien au chaud, calé sur le siège de mon 4x4, je songe une dernière fois à Hastings et à Cedric. Après tout, j’ai deux heures de route avant d’arriver au bed and breakfast que j’ai réservé.


Autant mettre ce temps à profit pour réfléchir à ce que j’ai envie de faire. Les miles défilent à une lenteur désolante : les petites routes sinueuses sont traîtres, et je préfère rouler avec prudence que de finir dans le fossé, surtout avec cette pluie qui tombe depuis une bonne dizaine de minutes. Mince, j’aime mon pays, mais j’aime aussi le soleil et la chaleur, et parfois, je me surprends à regretter mes missions à l’étranger. Ici, la météo est capricieuse. Et en plein hiver, autant dire que les nuits sont fraîches. Alors quand, au détour d’une épingle, j’aperçois les feux d’une voiture garée sur le bas-côté, mon front se plisse et mon pied relâche l’accélérateur. Nous sommes dans la cambrousse profonde, il n’y a rien à des miles à la ronde. Je rouspète déjà : la route est presque moins large que ma voiture, et à cette heure tardive, je n’ai pas envie de manœuvrer un tant soit peu. Plus j’avance, plus la voiture stoppée dans le talus m’intrigue. Qui s’arrêterait à vingt-deux heures passées, en pleine campagne et sous une pluie battante ? Je soupire une fois de plus, ennuyé d’avance. Je devrais certainement continuer ma route. Mais comme le disait ma mère, « ta bonté te perdra ».


Ouais… N’empêche, je ne peux pas laisser quelqu’un dans la panade. Après tout, qu’est-ce qu’il pourrait m’arriver ? Je fais un bon mètre quatre-vingts, dans les cent kilos. Ça limite les possibilités de me faire découper en morceaux et enterrer dans la lande, non ? Ajoutez à ça des années de krav-maga, une mine peu avenante de nature et l’envie de me barrer au plus vite, et vous comprendrez aisément pourquoi je ne ressens aucun stress en m’arrêtant derrière la Mini rouge, dont le moteur semble coupé. J’hésite encore une seconde, tapotant le volant de mon 4x4 au rythme de la musique qui continue de jouer dans l’habitacle. Quand faut y aller…


Lorsque je descends, le froid me saisit et me fait rentrer la tête dans les épaules, instinctivement. Je relève le col de ma veste et trottine jusqu’à la portière avant. L’intérieur de la petite auto est éclairé par la faible ampoule du plafonnier, ce qui me permet de voir que la seule occupante de la voiture semble être une petite blonde aux mèches roses qui… chante ? Je me retiens de rire et frappe doucement au carreau.

Tu as aimé ce chapitre ?

11

11 commentaires

francoise drely

-

Il y a 4 mois

J'avoue que c'est surprenant mais ça ne m'étonne pas vraiment venant d'elle 😂 la suite..

Alixia Egnam

-

Il y a 4 mois

... Au prochain épisode ! Merciiii ❤️

JULIA S. GRANT

-

Il y a 4 mois

Oui, youpiiii, comment j’ai hâte de lire le suivant où elle va ouvrir la fenêtre 😅

Alixia Egnam

-

Il y a 4 mois

Mdr 🫣 t'es pas prête. Ma p'tite tornade rose n'est pas la plus tendre de la planète 🤣

JULIA S. GRANT

-

Il y a 4 mois

Ahaha je connais les tornades, ma Joséphine n’est pas mieux 😊

Amandine.02

-

Il y a 4 mois

j'aime bien ton histoire, compte tu mettre d'autres chapitres ? n'hésite pas à venir lire la mienne si tu veux https://www.fyctia.com/stories/rivalite-givree

Alixia Egnam

-

Il y a 4 mois

Bonjour ! Oui je vais sûrement en mettre d'autres. Et j'irai voir la tienne dès que possible.merci !
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.