Fyctia
prologue
Le téléphone sonne au milieu de la nuit.
Je mets un moment à émerger, l’esprit engourdi par le sommeil. La sonnerie vibre dans la pièce sombre, insistante, comme un cri lointain. Je tends la main vers mon portable sur la table de chevet, plisse les yeux face à l’écran illuminé. Numéro inconnu.
Je décroche malgré moi.
— Mademoiselle Armand ?
Une voix masculine, sèche, professionnelle. Mon cœur rate un battement. Ce genre d’appels, à cette heure-là, ne présage jamais rien de bon.
— Oui, c’est moi.
Un silence. Puis ces mots tombent, tranchants, irrévocables :
— Je suis désolé, votre frère est mort.
Je crois que je n’ai pas bien entendu. Ou que mon cerveau refuse d’assimiler l’information.
— Quoi ?
Un autre silence. Plus pesant.
— Votre frère, Léo Armand, a été retrouvé mort ce soir à l’entrepôt. Une chute… Il prenait des antidouleurs, il…
Le reste se brouille. Je n’entends plus rien. Ou plutôt, j’entends tout à la fois. Mon souffle court. Mon cœur qui cogne. Le bruit du vent contre la fenêtre.
Léo, mort ?
Non. Pas lui.
J’aimerais croire que c’est une erreur. Que dans quelques secondes, le type à l’autre bout du fil va reprendre, s’excuser, me dire qu’ils ont confondu, que ce n’est pas Léo, que ce n’est pas mon frère qu’ils ont retrouvé gisant sur ce béton glacé.
Mais la voix continue, me donnant des détails dont je ne veux pas. Des procédures, des formalités. Tout semble mécanique, insensé. Comme si l’on parlait d’un inconnu.
Comme si l’on parlait d’un fait divers.
Je raccroche.
Et je reste là, immobile, le téléphone toujours serré dans ma main tremblante.
Léo est mort.
Léo, mon petit frère.
Léo, celui qui avait toujours un sourire en coin, une remarque mordante. Celui qui disait vouloir tout changer, qui refusait de se plier aux règles de cette ville.
Léo, étalé sur le sol d’un entrepôt où personne ne devrait mourir.
Je me lève. Mes jambes sont faibles, mon corps engourdi. Je ne réfléchis plus. Je ne ressens plus rien. Une seule pensée tourne en boucle dans mon esprit, lancinante, obsessionnelle :
Je dois rentrer à Grisbourg, moi qui ne voulais plus jamais y mettre les pieds.
4 commentaires
Océane Ginot
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Il y a 2 mois
ZaraWilde
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Il y a 2 mois
loup pourpre
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Il y a 2 mois
Hélène N.
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Il y a 2 mois