PhoenixA God or demon Chapitre 4

Chapitre 4

L’atelier de Godric était mon lieu préféré, il y avait quelques années. Et puis j’avais comme qui dirait cédé au fruit défendu. J’étais sortie avec le maître des lieux. Que voulez-vous, dès qu’on me parlait fusils et couteaux, j’étais tout émoustillée. Malheureusement, en plus d’armement, Godric parlait aussi mariage, enfants et très longue vie à deux. Une plaie et la manière la plus sûre de me faire fuir. Ça avait été le motif de rupture. Pas prête à m’engager pour un sou. 


Si je ne voulais pas me mentir, je devrais avouer que je n’avais jamais été amoureuse de lui. De toute façon, je n’avais jamais été amoureuse de quiconque. On s’amusait bien et cela me suffisait amplement. J’aimais le fait de ne pas avoir d’attaches. J’étais toujours sur les routes, je risquais ma vie à chaque seconde et je ne l’imaginais pas autrement. Qui voudrait des enfants avec un boulot pareil ? Certainement pas moi ! 


J’aimais quand on me parlait chaos, bombe, explosion. J’aimais beaucoup moins les yeux de cocker triste qui réclame un biscuit, la bave aux lèvres. C’était exactement comme cela que me regardait O’Cain ces derniers temps. Alors oui, j’avais pris la poudre d’escampette et jouer la femme invisible, Terrorisée à l’idée de l’entendre une énième fois dire que j’étais la femme de sa vie.


Je voulais simplement être la femme de ma propre vie. À vingt-sept ans, je n’avais encore rien réalisé en tant que femme. Je n’avais même pas un appartement à moi. Je passais mon temps à jouer les grandes sœurs et la meilleure fille au monde. J’adorais ce sentiment. Et voilà qu’une saleté de monstre menaçait mon bonheur. Ça je ne pouvais le tolérer.


Le dos raide et le pas lourd, je me dirigeais vers la potence. Je ne pouvais faire l’autruche. Il fallait que j’entre dans cet atelier et que je ressorte de là avec l’information qui m’intéressait. Quitte à briser le cœur d’O’Cain aujourd’hui. C’était ma seule piste. Impossible de faire l’impasse. 


Je pénétrai dans l’atelier le cœur battant à deux cents à l’heure. Godric se tenait là, aussi beau que dans mes souvenirs. Il était clair que ce n’était pas son physique qui me faisait fuir. Pour preuve, mon corps se sentit immédiatement attiré et bientôt, la chaleur devient insoutenable. Le rouge me montait aux joues. Il ne fallait surtout pas qu’il s’aperçoive de mon trouble. Godric avait les cheveux noirs mi-longs et des yeux d’un magnifique noir profond. Sa corpulence le faisait aisément passer pour un guerrier viking et ses lèvres, une invitation à la débauche. Dommage qu’elles ne puissent rester scellées. À partir du moment où il ouvrirait la bouche, toute magie l’aurait déserté. Quel gâchis ! 


Je savais qu’il était conscient de ma présence et pourtant, il ne dit pas un mot. Une grande première. Je dus me résoudre à entamer la conversation. Je simulai un petit bruit de gorge pour signifier ma présence. 


— Salut, Godric, lui lançai-je. 


Il hocha la tête lentement et continua son ouvrage. 


Bonjour l’ambiance ! L’atmosphère ne pouvait être plus tendue. 


Mon vieux, si tu pensais que j’allais m’excuser, tu t’es foutu le doigt dans l’œil. Tu veux m’ignorer, grand bien te fasse. Nous irons dans ce cas droit au but.


— Edith t’a prévenu de ce dont j’avais besoin, je te serais reconnaissante si tu pouvais me renseigner. 


Évidemment, parler juste boulot, c’était trop beau pour être vrai. Une lueur passa dans son regard avant qu’il ne réponde et je sus qu’il ne ferait rien pour me rendre la tâche facile. 


— Reconnaissante jusqu’à quel point ? 


Seigneur, allait-il vraiment marchander ces informations ? Très bien, il voulait la jouer ainsi, j’étais prête pour ce round. Aldaron, le compagnon d’O’Cain, un boa qui avait l’air de m’aimer un peu trop, s’enroula sur ma jambe. Le problème avec Aldaron, c’était que je ne savais jamais s’il m’aimait vraiment ou s’il envisageait juste de me bouffer. 


— Je n’ai pas le temps pour toutes ces conneries. Alors dis-moi ce que tu veux réellement, qu’on en finisse ! criai-je à l’intention de Godric.


Sans m’en rendre compte, je caressais doucement la tête d’Aldaron quand il vint se blottir dans mon cou. Il émit un petit sifflement, comme s’il rigolait. Godric connaissait mon impatience et il en avait usé contre moi. Il venait de gagner et il le savait. 


— Je veux un dîner avec toi. Un dîner où il n’y aura que nous deux, crut-il bon de préciser. 


Bon, c’était peut-être ma faute, je lui avais déjà fait le coup. 


— C’est tout ? OK, je peux t’accorder ça, soufflai-je. 


— Non, ce n’est pas tout, m’interrompit-il sèchement. 


On venait sûrement de penser à la même chose : lui dans son costume trois-pièces, une bague dans la poche, et moi arrivant avec deux SDF que j’avais croisés dans la rue. J’avais su par Kev que Godric ferait sa demande, je ne voulais pas l’entendre. 


— Je t’ai créé une combinaison qui te protégera contre certaines agressions, interrompit-il mes pensées. Je veux que tu la portes. 


Pour la première fois depuis que j’étais entrée dans l’atelier, je posai les yeux sur sa supposée combinaison. 


Elle était tellement sexy qu’elle aurait fait pâlir de honte n’importe quelle actrice porno. 


— Ce bout de chiffon est censé me protéger de quelque chose ? J’en doute. C’est comme si je sortais de chez moi en retard en ayant oublié de me vêtir. Jamais je ne porterai ça ! 


Son regard se fit plus intense et j’eus subitement peur qu’il me fasse une demande bien pire. Un truc comme partir en week-end avec lui. 


Regardons les choses en face : il voulait un dîner, soit. Ce serait certainement le pire rencard de sa vie. Je n’avais pas peur de succomber. Il était vrai qu’il était beau comme un dieu, mais le problème était que je ne pouvais lui donner ce qu’il désirait. C’était pour cela que je l’évitais. Je ne voulais pas le blesser. 


Je ne pouvais décemment pas lui avouer que je ne pouvais pas construire une vie de couple. J’avais déjà du mal à me supporter moi-même, il m’aurait été très difficile de devoir me coltiner un homme à longueur de temps sans avoir envie de lui mettre une balle dans la tête au moins une fois par semaine. Je n’étais simplement pas faite pour les compromis. Je faisais ce que je voulais quand je le voulais et ma vie me plaisait ainsi. Alors pourquoi aurais-je cherché une complication ? 


Pour ce qui était de ce morceau de toile qu’il appelait combinaison, je pouvais l’enfiler ici et me changer une fois que j’aurais quitté Centralia. Alors je me ravisai. Avec un sourire feint, j’acceptai. 


— Très bien, je veux bien accepter tes conditions. 


Godric sourit, il m’avait eue. Tous ces jours passés à l’éviter n’avaient servi à rien. 






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