PhoenixA God or demon Chapitre 3(suite)

Chapitre 3(suite)

Je garai finalement ma voiture sur l’emplacement prévu à cet effet. Quelques secondes plus tard, elle aurait disparu grâce à un système digne de la Batcave. 


Ne me demandez pas comment cela fonctionnait, je ne saurais pas vous répondre. C’était le rayon d’O’Cain. C’était la raison pour laquelle je ne poussais pas la réflexion plus loin. Le système était assez récent et je n’étais pas assez curieuse pour l’explorer en sachant que qui vous savez serait sur ma route. 


En sortant du véhicule j’offris mon visage aux larmes du ciel, respirai à pleins poumons comme si l’eau pouvait chasser mon mal-être. Transie de froid, je me forçai à reprendre mes esprits. C’est tremblante et, bien entendu, trempée jusqu’aux string que je me présentai à l’entrée, où la voix désagréablement aiguë d’Edith m’accueillit : 


— Présentation du badge, s’il vous plaît. 


Cette garce savait que c’était moi, mais elle me faisait le coup à chaque fois. Je lui présentai donc mon badge en grognant. Je n’avais de toute façon pas d’autre choix que d’attendre. 


— Mademoiselle, votre badge est illisible, veuillez présenter votre doigt pour une reconnaissance digitale. 


Je plantai fièrement mon majeur en soufflant vers la caméra. 


— Lecture illisible. Je suis désolée, mais le système ne vous reconnaît pas. Présentation d’iris. 


— Edith, vous ne voulez pas aussi que je vous montre la couleur de mon string ? 


— Vous auriez dû parler plus tôt, Tanisha, cette mauvaise langue que vous avez là nous aurait fait gagner du temps ! 


— Sale garce ! crachais-je en passant enfin la sécurité. 


Je traversai un long couloir avant d’arriver à l’accueil. Derrière le bureau qui me faisait face se trouvait une petite blonde rondelette qui portait des lunettes légèrement teintées, signe qu’elle avait été à l’extérieur quelques minutes plus tôt. Certainement pour une pause cigarette. Une mauvaise habitude dont elle n’arrivait pas à se défaire. Elle fumait jusqu’à un paquet par jour. Un véritable pompier. D’ordinaire, ses yeux marrons vous scrutaient jusqu’à ce que vous vous sentiez mal à l’aise et que vous vous demandiez si vous aviez quelque chose coincé entre les dents. Elle ne baissait la tête qu’au moment où vous aviez vérifié. En bref, elle était encore plus sournoise que moi. Un véritable exploit. 


Depuis notre première rencontre, je l’avais détestée. J’avais eu la chair de poule et cette sensation d’une lame qui se glissait le long de ma colonne vertébrale dès que je l’avais aperçue. Sans parler de cette envie de chier. Ouais les emmerdes me filaient la diarrhée. Et non, ce n'était pas un jeu de mots à la con.

Or, je n’avais cette réaction que face à des monstres. Je n’avais pas cherché plus loin et en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, je l’avais maîtrisée, prête à la décapiter avec un simple couteau à lancer. Je n’avais pas pensé à me fier à son allure de grand-mère ou à son léger tremblement. Je ne me fiais jamais aux apparences. Comment dire que ça n’avait pas facilité notre entente ? Le fait que mes poils se hérissent encore en sa présence n’arrangeait pas les choses. Pourtant, avec le temps, j’avais compris qu’elle n’avait rien d’exceptionnel. Peut-être était-ce une simple réaction allergique. Quoi qu’il en soit, je voyais toujours en elle un horrible dragon et je détestais les monstres. 


Malgré tout, si ne n’avais pas été sûre de perdre mon travail en tentant de vérifier qu’elle ne portait pas une perruque, je lui aurais arraché sans ménagement le peu de cheveux qui lui restait encore juste pour oublier la douleur qui m’atteignait au dos. 


— Bonjour, Edith. 


Ce n’était pas parce que l’on ne se supportait pas que nous en perdions nos bonnes manières. Je palpai ma cuisse à la recherche du contact réconfortant de mon SIG. Je n’y pouvais rien, dès qu’elle me souriait, l’envie irrépressible de lui arracher les dents l’une après l’autre me démangeait. 


— Bonjour, Tanisha, me répondit-elle. 


Le coin de ses yeux se plissa. Elle suivit le mouvement de ma main et alors qu’elle aurait dû être effrayée, elle planta son regard dans le mien comme un défi. 


Cette femme était une énigme. Je l’avais malmenée, pourtant, elle n’avait jamais eu peur de moi. Peut-être jouait-elle la comédie, mais j’en doutais. Je présumais qu’elle n’avait aucun instinct de survie. Je m’intimai de rester calme, relâchai SIG et soufflai un bon coup.


— Il faudrait que vous me signaliez toute nouvelle attaque en priorité. 


— Je ne suis pas une débutante, cracha-t-elle, je suis sur le coup. 


Je grimaçai : elle ne voulait pas coopérer et pourtant, c’était dans son intérêt. D’habitude, j’étais déjà à cran en sa présence, mais là, avec le flot d’émotions qui me submergeaient, j’étais à deux doigts de lui mettre une balle. 


Respire, Tanisha, me répétais-je en boucle. 


— Et Edith, repris-je, je suis certaine que la mission Méduse avait été classée. J’aimerais savoir qui bossait sur ce dossier. 


— Je suis désolée, me répondit-elle avec un sourire. Je ne pourrai pas vous renseigner, j’ai beaucoup trop de demandes en cours, mais attendez, je connais quelqu’un qui pourrait vous aidez. 


Encore ces dents, vite, une pince ! Non, non, secouai-je la tête, je dois rester calme. 


Nous tapotions des doigts à l’unisson. Elle sur les touches de son clavier. Moi, sur le bureau, signe de mon impatience. 


Avant que je ne comprenne ce qu’elle fichait, j’étais foutue. 


— O’Cain, Tanisha aurait besoin que tu éclaires sa lanterne.


L’envie de la tuer revint au galop. Étais-je prête à perdre mon boulot et à moisir en prison pour ce crime ? Je me posai sérieusement la question. Tous ceux qui me connaissaient savaient que j’évitais Godric comme le diable éviterait l’eau bénite. Edith venait de me piéger et j’avais trop besoin de l’information pour faire l’enfant. Mais elle me le paierait. C’était une promesse.


Surtout, je n’avais pas loupé son double sens pourri. 


— Oh, il vous attend dans son atelier, me dit-elle alors que son sourire de hyène n’avait pas quitté sa bouche de garce. 


Je ne répondis pas, trop énervée et aussi trop occupée à canaliser ma haine. Qu’arriverait-il si je me contentais de lui foutre mon poing dans la face ? C’est ce qui arriverait si je m’attardais trop. J’avais à peine fait un pas qu’elle reprenait : 


— Mais de rien, Tanisha. 


— Salope ! crachais-je.





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