PhoenixA God or demon chapitre 1(suite)

chapitre 1(suite)

Ensuite, j'avais jeté négligemment les courses sur le siège passager de ma vieille bichette. Oui, c'était le nom de ma voiture, une Camaro Z28 qui avait un tout petit coffre déjà bien occupé et j'avais la flemme de remonter mon siège pour atteindre l'arrière.


La place du mort, comme on l'appelait, n'accueillait jamais personne mis à part peut-être mon pote Budi, mon fusil à pompe. Personne n'était prêt à m'entendre brailler du Pharrell Williams tout en gesticulant de façon désordonnée. Je n'avais jamais eu l'oreille musicale ni même les pieds, d'ailleurs, mais la vieille bichette avait encore son lecteur cassette que je n'avais pas jugé utile de remplacer, question d'authenticité et tout ça. Je devais l'avouer, j'aimais les vieilles choses, je ne savais simplement pas encore à quel point.


Les passagers étaient de toute façon interdits de séjour dans mon véhicule. Je tenais à la propreté des lieux et refusais qu'on y mange, boive, fume ou toute autre action impliquant d'y être assis. C'était ainsi depuis le jour où mon meilleur ami avait malencontreusement saigné sur mes housses et où j'avais juré de le tuer s'il ne s'arrêtait pas immédiatement de souiller mon véhicule alors qu'il était déjà à l'article de la mort.


Il fallait connaître ses priorités, et vu qu'il était encore en vie, disons que j'avais eu raison de protéger ma bichette puisque personne d'autre ne l'aurait fait.


L'affaire avait bien entendu fait le tour du bureau et la plupart de mes collègues me considéraient comme aussi froide qu'un cadavre. Je m'en moquais tant qu'ils restaient loin de bichette avec leur sang et autres saloperies.


De retour à la maison, je stoppai net sous le porche, quelque chose clochait. Je n'entendais aucun bruit alors que Joshua et Noah étaient censés jouer à la console. En d'autres termes, le juron facile et une mauvaise foi évidente auraient dû être des compagnons bruyants.


Mon intuition ne m'avait jamais fait défaut et là tout de suite, elle me hurlait qu'un monstre était dans les parages.


Mes poils se hérissèrent alors qu'une ombre gigantesque, que j'apercevais à peine, traversait rapidement le salon.


Non, non, non, pas encore ! avais-je envie de hurler, mais les mots restèrent bloqués au fond de ma gorge.


La peur s'insinua lentement en moi quand je compris l'évidence : s'il n'y avait aucun bruit et qu'un monstre se trimballait librement dans la maison, c'était que quelque chose de grave s'était produit. En temps normal, Daire se serait ruée sur moi, me montrant son affection même si je lui signifiais que je la préférais loin de moi. Une panthère avec des attitudes de chien, vous le croyez, ça ?


Mes larmes menaçaient de couler, je ne pouvais me le permettre. Qui aurait pu penser que cette emmerdeuse de Daire m'aurait manqué ? Je devais me reprendre, s'il restait une chance pour que mon tuteur et ses fils soient encore en vie, je devais tout tenter pour les sortir de là.


J'étais membre d'une unité d'élite du gouvernement, la MIN (Monsters investigation and neutralization). Notre boulot : rechercher puis éliminer toute présence non souhaitée.

Idris Nahhas était mon tuteur et surtout le chef de toute la division.


Je tâtai mes hanches, m'attendant à y trouver mon pistolet, un 357 SIG qui ne me quittait jamais sauf quand je devais déambuler parmi les civils. Or, je sortais tout juste des courses et mon poto préféré était sagement calé sous le siège en compagnie de Budi. Je jurai, sachant pertinemment que je n'aurais peut-être pas le temps d'aller les chercher, pourtant, je ne pouvais me résoudre à laisser tomber. J'attrapai rapidement le premier truc qui me tomba sous la main, un vulgaire balai en bois. La chance n'était pas de mon côté. Je priai silencieusement pour que ça fasse l'affaire. Je ne croyais pas en un dieu en particulier, je savais pourtant qu'ils étaient bien réels, et même classés parmi les plus dangereux dans notre base de données spéciale monstres. Ça pourrait paraître stupide de prier une abomination quand tout nous paraît sombre. Que voulez-vous, nous faisons tous des choses débiles !


Munie de mon manche à balai, j'enjambai les sacs dont je m'étais débarrassée au préalablement en toute hâte. En gros, je les avais balancés, prête à en découdre. Le bout de ce qui semblait être une mue de queue de serpent trônait sur le carrelage du salon et disparaissait vers la cuisine. Au vu de la proportion de cette chose, le reste de la bête devait probablement être méchamment énorme.


Je regardai une dernière fois mon arme de fortune, ça n'allait pas être suffisant. J'hésitai à m'emparer de la peau pour juger de la taille approximative de mon adversaire. Je finis par secouer la tête : c'était une preuve que je ne devais me permettre de toucher. Pour une évaluation approfondie, je devais partir en quête du reste du monstre.


Les meubles avaient été brisés, et on avait l'impression qu'une tornade était passée par là. Je n'eus pas le temps de m'appesantir. Mes cheveux se dressèrent sur ma tête. La chose était proche. Je me rappelai soudain qu'une arme était dissimulée dans le fond d'un des tiroirs du buffet. Je me précipitai, tirai dessus violemment, mais avant que je ne récupère le pistolet, une tête couverte de serpents me faisait face. Cela me fit l'effet d'un David contre Goliath. Quelles étaient mes chances d'en réchapper ? La réponse me frappa aussi sûrement que l'aurait fait un coup porté contre mon cœur. Je devais courir et vite.


Ayant anticipé mon geste, Méduse, car il n'y avait plus aucun doute sur l'identité de l'intrus, siffla dans ma direction en accord avec ses cheveux d'une beauté... Singulière ? Ouais, on allait dire comme ça.


Comme si mes années d'expérience ne m'avaient rien appris, au lieu de me ruer vers l'extérieur, je grimpai rapidement à l'étage et stoppai net. Là, devant moi, se tenaient Idris, Joshua et Noah complètement statufiés. Une larme m'échappa alors. Puis d'autres suivirent rapidement.


J'avais l'impression que chacune des gouttes allait s'écraser sur le sol dans un brouhaha d'enfer. Bien évidemment, ce n'était que dans ma tête. Mon corps fut pris de tremblements alors que ma tristesse laissait place à une terrible rage. Je m'approchai, récupérai l'arme d'Idris, qui lui avait certainement échappé durant son calvaire et me précipitait à nouveau dans le salon sans me demander pourquoi le monstre ne m'avait pas suivie.

Arrivée en bas, la réponse m'apparut enfin : elle était partie.



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4 commentaires

S. L. Pennyworth

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Il y a 3 ans

Hmmmm la suite

AuroreChatras

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Il y a 3 ans

Super ton héroïne. Elle a un sacré caractère

ChaChimere

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Il y a 3 ans

Oh ! Je ne m'attendais pas à croiser Méduse ! C'est orignal comme "monstre". La pauvre, ce premier chapitre annonce la couleur : tu ne vas lui faire aucun cadeau.

PhoenixA

-

Il y a 3 ans

Aucun, c'est promis
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