Fyctia
Chapitre 1
Linglestown était une petite ville tranquille où il faisait bon vivre. Enfin, c'était le cas presque tout le temps. Si vous faisiez partie des gens qui aimaient l'histoire, c'était pour vous LA ville idéale. Pour ma part, j'aimais le chocolat et Hershey était partout. À une heure de voiture seulement, vous aviez Le parc l'usine, le musée et tout cela dédié uniquement à celui qui me faisait saliver, mon vieux pote Hersh.
C'était la principale raison qui expliquait que je vive encore chez mon père. Une excuse, me direz-vous. Ben, moi, j'vous emmerde ! Je n'aimais pas rester seule et mon boulot occupait quatre-vingt-dix-neuf pour cent de mon temps et mes relations étaient... compliquées. Je vous vois déjà venir avec vos mauvaises langues. Vous me direz sûrement de m'acheter un chien et là, je dirai que vous êtes stupide ou que vous n'avez rien écouté de ce que je viens de vous dire. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent de mon temps au boulot : qui nourrirait le chien ? Ce pauvre animal serait foutu avant même de mettre une patte dans la baraque. Daire occupait déjà les lieux. Mais Daire, c'était Daire. Rien à voir avec un chien.
J'avais tenté l'expérience avec Snoopy, le poisson rouge. Oui, il avait un nom de chien, et alors ? Personne n'a jamais dit que la règle était de ne donner ce prénom qu'à des cabots, si ?
Bon, revenons à notre poisson rouge. Snoopy était souvent seul, à tourner en rond dans son bocal, lui-même enfermé dans ma chambre. Après une mission qui avait duré cinq jours, j'étais revenue en priant pour que ce satané animal soit comme qui dirait toujours en forme. J'avais attrapé la boîte de nourriture et ma main était restée figée à quelques centimètres de l'aquarium : Snoopy avait disparu. Mon jeune frère Noah avait alors débarqué et déclaré :
— Tu es une mauvaise personne, Tash, heureusement que je suis là, je ne sais pas ce que tu ferais, sinon ! J'ai rendu sa liberté à Snoopy dans la cuvette des toilettes. Quand on n'a pas le temps, on n'achète pas d'animal ! m'avait-il réprimandée.
Il était convaincu d'être le héros des poissons rouges. Pas sûr que feu Snoopy soit du même avis, mais ce n'était pas moi qui allais briser les rêves de mon petit frère.
Donc, Linglestown, ses petites maisons trop cosy, ses musées, son cours de poterie, ses habitants trop...
Enfin bref, si là, tout de suite, on m'avait posé la question : « que pensez-vous de votre ville ? »
Après cette longue attente à la caisse du supermarché, j'aurais plutôt eu tendance à dire que c'était une ville de bouseux.
Comme on m'avait relativement bien élevée, je retiendrai tous les adjectifs bien fleuris qui envahissaient ma tête pour venir s'agglutiner au bord de mes lèvres.
J'étais sortie acheter de quoi faire un bon repas de famille et avais fini par y passer plus de temps que prévu. Pour ma défense, la promo sur les avocats m'avait poussée à revoir ma liste en plein rush du samedi. Quand je m'étais rendue compte que trois longues heures avaient filé, j'étais bougon. Il faisait chaud, j'avais le rideau qui collait aux fenêtres et la raie qui servait de gouttière. Cerise sur le gâteau, la caissière du centre commercial n'avait pas cessé de jacasser, racontant sa vie à qui voulait bien l'écouter. Bien évidemment, ce n'était pas mon cas. Et quand elle avait chanté pour la énième fois combien son fils, artiste de métier, était formidable, je n'avais pas pu retenir ma hargne. Même bien élevée, il y avait des limites et on les avait dépassées depuis vingt bonnes minutes.
— Vous voudrez peut-être nous offrir un café, aussi ? lui crachai-je sans ménagement.
La connasse me lança un regard noir, prit encore plus de temps à scanner chaque article en reprenant sa discussion là où je l'avais interrompue, me signifiant clairement qu'elle n'en avait rien à foutre de moi ou du fait que je sois pressée.
— Bon, ça suffit, m'énervai-je, voulez-vous que j'appelle votre supérieur ?
Beaucoup d'autres seraient ravis d'avoir votre place ! Si vous souhaitez discuter, invitez donc monsieur à vous rejoindre après le boulot ! continuai-je en pointant son interlocuteur du doigt.
En réalité, je savais que peu voudraient réellement lui prendre sa place. Rester assise cinq heures non-stop, se trimballer un mal de dos pour un salaire de misère, ce n'était pas vraiment ce qu'on pouvait appeler un job idéal. Mais j'avais faim et dans ce cas, ma mauvaise humeur atteignait des sommets.
Sans un mot, elle me toisa, passa rapidement mes articles afin que je fiche le camp et certainement pour pouvoir reprendre les aventures de son fils chéri.
Mais je ne pouvais me résoudre à en rester là. Une fois lancée, il était pratiquement impossible de me faire fermer mon clapet.
Sournoise, je lâchai :
— Eh bien, voilà, ce n'était pas si difficile ! Et puis si j'étais vous, j'éviterais de vanter les mérites d'un fils qui à trente-sept ans, n'a vraisemblablement aucune vie sociale et qui habite encore chez maman. De mon point de vue, il a tout du looser de première classe.
Je suis pratiquement dans le même cas. Mais mon excuse à moi : j'ai dix ans de moins et surtout, je ne m'en vante pas. Et encore une fois, je vous emmerde.
Sans lui laisser le temps de me répondre, je pivotai, emportant mes sacs, heureuse de pouvoir enfin rentrer. J'entendis néanmoins au loin un « comment osez-vous ? » et me retins de justesse de lui lancer une autre pique. Je considérai toutefois qu'elle en avait eu son compte et qu'elle soit si offensée montrait combien j'étais proche de la réalité.
18 commentaires
Lexa Reverse
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Il y a 3 ans
S. L. Pennyworth
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PhoenixA
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ChaChimere
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