Fyctia
Chapitre 21
—Tout s’explique, grogna mon agresseur. L’instant suivant, il ria d’un rire amer qui me glaça le sang.
—Fuit ! répéta la silhouette. Cette fois-ci, elle ne se retourna pas.
Les deux créatures se jetèrent l’une sur l’autre sous les rayons de la lune. Un épouvantable vacarme fit trembler tous les murs de la maison. Elles étaient dotées d’une force et d’une vitesse hors du commun. Très vite, leurs mouvements ne devinrent qu’ombres se reflétant sur les murs et sur le sol. La silhouette fut violement projetée en l’air, puis elle retomba juste devant moi.
—Qu’est-ce que tu fous encore là !? Elle grognait, gémissait. Lorsqu’elle attarda un nouveau regard dans ma direction, ses yeux, son visage et son expression avaient changés.
Elle avait l’air monstrueuse.
Je me précipitais dans les escaliers. Tournais à gauche dès que j’en eu la possibilité, et me retrouvais dans une petite pièce qui ne laissa pas filtrer la moindre lumière. Dans la précipitation, j’oubliais de refermer la porte sur mon passage.
Elle sembla vide, lugubre et poussiéreuse. Seuls ce qui ressemblaient à un ancien lit, et un bureau tout miteux équipèrent l’endroit. Je me réfugiais entre le lit et le mur du fond. Là, tapie au fin fond des ténèbres, je me sentais en sécurité.
Je repris mon souffle et entrepris d’éclaircir mes idées, lorsqu’un bruit, semblable à celui d’un lourd meuble que l’on aurait balancé du haut d’un immeuble vint perturber mon entreprise. Le combat faisait rage, et s’était maintenant déplacé jusqu’à l’étage. A l’abris derrière les fines planches de bois, je ne pus voir précisément ce qu’il se passait. Cependant, les ombres difformes et fuguasses dévalaient les murs, dans un brouhaha infernal. La plus massive des deux était au moins aussi grande et large que deux hommes, et se retrouvait là, agenouillée, à quelques centimètres de l’encadrement de la porte.
Un terrible coup de pied la fit valser au loin.
—C’est tout ce que tu as dans le ventre ? demanda la voix que je ne reconnue qu’à peine.
Un nouvel éclat de rire funeste retentit, alors que l’inconnu prit place devant la chambre.
—Tu es un trop petit gibier, décréta-t-il. Je vais en finir avec toi, puis je m’occuperais de la fille !
Il adressa un regard au fond de la pièce. Ce fut comme s’il savait précisément où je me trouvais, malgré la noirceur des ténèbres qui avaient envahit cette pièce. Un dernier gloussement s’échappa de sa gorge. Puis se fut à son tour d’être projeté à l’autre bout de l’étage.
—Ne bouges surtout pas ! M’ordonna, une fois de plus la monstrueuse silhouette.
Sa voix fut basse et claire. Totalement dépourvue d’hostilité. Elle aussi semblait être capable de me voir, par-delà l’obscurité. Je déglutissais en hochant la tête. Elle fermi la porte, et je fus plongée dans un noir, si profond que je ne pus décerner mes doigts. La lueur de la pleine lune filtrait sous la porte en bois. Elle dévoilait le mouvement des ombres, qui se muèrent en une fresque extraordinaire. Les silhouettes n’avaient plus rien en commun avec des êtres humains, ni avec aucun animal qui ne soit pas du domaine de la mythologie. L’une d’elles avait prit l’apparence d’un monstre à trois têtes, doté du corps du plus gros des ours qui n’aient jamais existés. L’autre, celle que je devinais être la créature aux yeux rouges, avait pris la forme d’un géant aux ailes de chauve-souris. Son corps avait triplé de volume, si bien qu’il masqua le peu de lumière qui résistait alors.
Perdue dans l’obscurité, je fus prise au piège et impuissante. Je due me résigner à contempler la brutale valse ombrageuse, qui se déroulait, là, derrière cette fine porte, au rythme incessant des chocs qui faisaient vibrer le sol.
—C’est fini pour toi !
Je tressaillais à l’intonation de cette voix. L’insupportable vacarme venait de cesser. Mon agresseur jubilait, ricanait. —Qu’était-il arrivé à la créature ? Avait-elle perdu ? J’aurais certainement dû m’inquiéter pour le sort qui m’était réservé, si tel avait été le cas—. Pourtant, toutes mes pensées allaient à mon sauveur. Dans l’obscurité, il me fut impossible de trouver quoi-que-ce-soit, ne fusse la moindre petite planche pour lui porter secours. La honte et une étrange tristesse, prirent le pas sur l’impuissance.
—Tout va bien ?
Deux nouvelles voix, apparurent dans un cortège de battements d’ailes. Je n’en fus pas certaine, tellement elles furent étranges, presque déformées, néanmoins, je crue reconnaître une femme ainsi qu’un homme.
—Vous en avez mis du temps ! protesta la créature aux yeux rouges.
—On était de l’autre côté de la ville, quand on t’a ressenti, affirma la voix masculine.
—Maintenant, nous sommes là. Finissons-en. Déclara la femme.
Tout deux se trouvèrent derrière la porte. Leurs ombres mêlées à celle de leur camarade, formaient une masse sombre et compacte.
—Trois contre un, grogna l’ombre à trois têtes. C’est pas sport !
—Tu as perdu le droit de parler de fair-play, lorsque tu t’es attaqué à une humaine, assura la femme.
—On y va ! s’écrièrent la silhouette dont la voix me devenait familière, et ses deux acolytes.
Un bruit assourdissant. Un cri emprunt de douleur et de rage, se répandit dans toute la maison. Un dernier hurlement, puis le silence revint.
La porte s’ouvrit, alors que les voix s’étaient muées en chuchotements. J’ôtais les mains de mes yeux, tandis que la lumière se diffusée dans la chambre. Ils étaient là, tous les trois, tellement beaux sous l’éclat fuyant de la lune, que j’en fus interdite. Le premier à pénétrer dans la pièce fut le plus jeune des garçons. A ses côtés et suivant son pas, la jeune femme avançait dans ma direction. Tout deux s’arrêtèrent lorsqu’ils atteignirent le centre de la pièce, là où les ténèbres se mêlaient à la lumière. Puis se fut au tour du deuxième garçon. Le plus âgé de tous. Sa démarche, fluide et déterminée, presque féline, n’eut d’égale que sa prodigieuse beauté. Il faisait face aux ténèbres, au vide poussiéreux. Il me faisait face.
Un halo blanc, immaculé, s’accrocha à sa silhouette. On aurait dit un ange.
—Tu es en sécurité, maintenant. Je m’appelle Yvanna, se présenta la jeune femme.
Yvanna s’approcha du lit, cependant, elle ne fut jamais entièrement dans la lumière. Puis, elle me tendit la main. Un sourire blanc, radieux, amical, accompagna son geste. Mon corps tout entier me faisait souffrir. Ce fut comme si je n’avais jamais fait de sport de toute ma vie, et que chacun de mes muscles avaient puisé jusqu’au plus profond de mes cellules. J’attrapais la main d’Yvanna, et poussais sur mes cuisses endolories. Je fus presque debout lorsqu’un froid glacial s’empara de ma main.
Hellowww à toutes et à tous. Un grand merci pour tout vos likes, commentaires et partage. Je reprends la publication des chapitres de "Gargouille, la porte des ténèbres", mais n'hésitez pas à aussi passer sur ma nouvelle story: "Les Reines Du Monde", inscrite au concours "C'est un 10, mais... "
Kiss, Kiss.
2 commentaires
eleni
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Il y a 2 ans
Kalehu
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Il y a 2 ans