Dacia Gargouilles. La porte des ténèbres. Chapitre 2 (Deuxième partie)

Chapitre 2 (Deuxième partie)

Je me dépêchai de ranger la boite de céréale et les biscottes qui m’avaient servi de petit déjeuner dans un des immenses placards de la cuisine, saisissant au vol le sac-à-dos que j’avais consciencieusement déposé contre le mur de l’entrée, puis je sorti sous les habituels grincements de la porte.

—Huuum… c’est un vrai régal !

Midi avait sonné depuis environs dix minutes, annonçant la fin des cours pour la matinée, mais aussi, et surtout, l’heure du déjeuner. J’attendais ce moment avec impatience au rythme des gargouillement de mon estomac. D’autres élèves s’étaient eux-aussi précipités sur le kioske sitôt la fin de la sonnerie, et nous dûmes patienter encore plusieurs minutes avant d’être servies à notre tour. Durant plusieurs minutes qui m’avaient parue être interminable, les odeurs de friture et de viande grillée se mélangèrent dans mes narines et se répandaient jusque dans mon ventre. Ce n’est que lorsque je pris la première bouchée de mon objet de convoitise que je commençai enfin à me détendre. Alors que je détournais les yeux de l’emballage de papier marron dans lequel se trouvait mon double burger, un flash lumineux manqua de m’aveugler.

—Ouais, eh bien, vas-y plus doucement ou ça sera ton dernier repas. Fit Jess, son éternel appareil photo braqué sur mon visage.

Elle ne put se retenir de me taquiner alors que je « dégustais » un des fameux hamburgers du kioske. Un peu de gras grâce à la sauce, de la gourmandise grâce à la viande de bœuf tendre et les oignons qui accompagnaient l’imposant sandwich et l’effet rassasiant du pain. C’était tout ce dont j’avais besoin après je-ne-sais-plus combien de semaines à me nourrir quasi exclusivement des pâtes de Marie.

—Mourir étouffée, ou bien passer le reste de ma vie en tant qu’aveugle… quel dilemme !

—Tu es si drôle quand tu manges, ricana Jess. Je crois bien que c’est le seul moment de la journée ou tu te décoince un peu. Et puis… il me fallait te prendre en photo une dernière fois. Un dernier souvenir de mon amie disparue après s’être —bêtement étouffée avec un sandwich.

Ses grands yeux bleus me fixaient sous sa tignasse blonde.

—Tu étais vraiment obligée d’insister sur le « bêtement » ? fis-je faussement énervée.

—évidemment ! répliqua-t-elle. De toute façon, que je le dise ou pas, c’est particulièrement stupide de mourir comme ça, tu ne crois pas ?


Elle m’adressa un clin d’œil complice avant de ranger l’appareil dans son sac-à-dos. Je poussais un soupir de soulagement et pris une nouvelle bouchée.

—Je sais, mais… je ne peux pas m’en empêcher, dis-je en marmonnant la bouche pleine.

Entre nous il n’y avait pas de chichi. J’étais certainement la seule personne avec laquelle Jess se montrait sous son vrai jour, et il en allait de même pour moi.

—Tu m’étonne. Ta mère continue à faire des pâtes ?

—C’est pire que ça, fis-je en déglutissant. Cette semaine on a eu droit à des coquillettes au beurre, après c’étaient des pâtes carbos et hier soir, des spaghettis avec une sauce bizarre. Des aubergines ou un truc du genre. Je n’y ai même pas touché !

—M’en parles pas ! Chez-nous c’est un pays différent chaque jour. Traiteur Asiate le lundi, Grec le mardi et Indien mercredi. Hier on a mangé Italien. C’est déjà une évolution, souffla Jess. Je tuerais pour un bon Kébab !

—Je ne comprends pas que tu puisses te plaindre. Toi au moins, tu as de vrais repas. Fixant l’énorme sandwich dégoulinant de fromage que Jess tenait entre ses mains, je me demandais encore comment une fille comme elle et une fille comme moi avaient pu devenir amies.

Le père de Jess était le PDG d’une grande entreprise Française spécialisée dans la conception de nouveaux logiciels destinés aux entreprises aussi bien qu’aux particuliers, et devait gérer des centaines d’employés. A priori tout nous opposé, mise à part une passion dévorante pour l’art.

—Ouais, je sais. Ça fait très fille à papa de se plaindre de ce genre de choses. Mais crois-moi, se faire livrer des plats de traiteurs tous les soir, c’est aussi lourd que de manger des pâtes à tout bout de champ. Sur cette affirmation, Jess planta ses crocs dans son Cheeseburger et n’en fit qu’une bouchée.

Les joues bombées par l’énorme morceau de sandwich qu’elle mastiquait consciencieusement, Jess tamponna de manière chirurgicale le moindre centimètre de sa bouche à l’aide d’une serviette brodée à son nom, offrant une vue imprenable sur les tatouages qui décoraient ses avant-bras. Même à Montélimar qui n’est pourtant pas une ville de la dimension de Paris, j’avais souvent croisé des personnes arborant des tatouages aussi variés qu’intriguant. A certaines heures, le champ de mars en était rempli. Mais je n’en n’avais encore jamais vu de semblables à ceux qu’arborait Jessica. Ils étaient aussi originaux qu’unique, aussi beaux qu’étranges. Pour ma part, la simple vu d’une aiguille me flanquait une peur panique, je n’aurais jamais eu le courage de passer des heures entières à me faire piquer la moindre partie de mon corps, bien que je voue une véritable adoration pour ces artistes capable de figer une image dans le temps à l’aide d’un dermographe.

—Qu’est-ce qu’on a comme cours maintenant ?

La soudaine question de Jess me tira de ma contemplation. J’eu un sourire que je ne dissimulai que difficilement :

—Mathématique, répondis-je tout en sachant que Jess était parfaitement au courant que passerions les deux prochaines heures enfermées dans la classe de Monsieur Mac Grégorre.

—Pfff… souffla Jess, et mon sourire s’accentua.

—Bon, on y va ?

—Ouais, en route pour deux heures de tortures, marmonna Jess l’air faussement agacé.

Heureusement qu’après ça, c'est le week-end.


Nous récupérâmes les sac-à-dos que nous avions disposés aux pieds du kioske à sandwich, et les lancèrent par-dessus nos épaules. Le kioske était idéalement placé sur une rue passante, à l’intersection entre le lycée et une zone commerciale extrêmement fréquentée à cette heure de la journée. Les adolescents affamés n’avaient que quelques pas à faire pour franchir le portail du lycée et se restaurer à des prix tout à fait raisonnables. Même si les pauses, entre deux cours ou durant les récréations ne leur laisser que peu de temps pour profiter de leur liberté, aucun ne retournait en cours l’estomac vide, pour peu qu’il ait quelques billets sur-lui.


Tu as aimé ce chapitre ?

6

6 commentaires

Yaya O.

-

Il y a 2 ans

Je n'aime pas trop Jess, je ne la sens pas trop. Sinon, ton histoire est intéressante !

Leanor Lark

-

Il y a 2 ans

Petite aide au démarrage ! Je te souhaite un excellent concours ✨

Dacia

-

Il y a 2 ans

Merci beaucoup !!! Idem pour toi, si tu participe à un concours ^^ (Je vais vérifier cela, sur le champs, et t'offrir ma petite aide en retour) <3 <3

Leanor Lark

-

Il y a 2 ans

Oui haha, je suis sur Shadows aussi <3 Merci beaucoup !!

Lullolaby

-

Il y a 2 ans

Malgré les mondes opposés, elles entretiennent une belle amitié ^^

Dacia

-

Il y a 2 ans

Oui !! La relation qu'entretiennent Angie et Jess est à la base de l'histoire... Je suis ravis qu'elle te plaise ^^
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.