Fyctia
Chapitre 1 ( Deuxième partie)
Un bruit sourd, comme deux pierres que l’on aurait frottées l’une contre l’autre provint de mon dos. Je n’osai me retourner. Ma jambe continuait à vibrer à rythme régulier, alors qu'un nouveau frisson glacial parcouru ma nuque. J’eu la désagréable sensation que quelqu’un, ou quelque chose humait ma nuque avant de disparaître en un nouveau frottement de pierres.
Une sonnerie lancinante retentissait de la poche de mon jean. Je respirai enfin.
—Quelle cruche, dis-je en saisissant mon téléphone portable.
L’alarme que j’avais programmée pour dix-huit heure trente: Voilà d’où provenaient les vibrations. Je tapota mes joues deux-fois chacune. La première fois fut pour me remettre les idées en place, la deuxième, pour me réprimander de la frayeur que je m’étais auto-infligée. Dès la porte franchit, l’air frais des rues Parisiennes me permit de remettre de l’ordre dans mes pensées. Hâtant le pas pour que mes parents ne s’inquiètent pas de ma longue absence, je venais de passer la “ rue des bars “, et il ne me restait plus que deux pâtés de maison avant d’arriver chez-moi lorsque l’évidence me sauta aux yeux. Les vibrations du téléphone et la griffure de la branche sur la vitre n’avaient rien de surnaturel, certes, mais le bruit sourd avant d’ouvrir la porte, ces frissons sur ma nuque et, peut-être même le craquement du plancher à l’étage n’étaient dû ni à mon imagination, ni à une cause naturelle.
C’est là, alors qu’il ne me restait plus qu’à tourner à droite, et prendre une petite ruelle sur environ cinquante mètres pour enfin arriver chez-moi, qu’une discussion dont j’ignorai l’existence allait sceller mon avenir.
—Alors ? Demanda Jules perché sur un bout de toit de la maison hantée.
—Elle est humaine, répondit calmement Yvanna qui venait de reprendre place à ses côtés.
—Évidement qu’elle est humaine, je me tue à te le répéter, s’emporta Clayton. Lui aussi accroupi au bord du toit. La seule véritable question à se poser c’est : Comment est-elle rentré ?
—Ça me semble évident, murmura Yvanna une once d’espoir dans la voix.
Clayton et Yvanna avaient sensiblement le même âge. De quatre ans les cadets de Jules, ils étaient aussi optimistes qu’insouciants.
—Arrête de dire n’importe quoi, la sermonna Jules, le regard rivé sur l’horizon.
—Je crois qu’elle a raison, affirma Clayton. Cette fille… cette humaine, c’est elle. C’est « l’ouvreuse de porte ».
—Bon sang ! Arrêtez tous les deux !
Jules poussa un rugissement qui fit craquer la maison tout entière. Les alarmes de dizaines de voitures garées le long de la rue se mirent à sonner dans l’obscurité.
—Oubliez cette histoire pour enfants. Nous avons une mission à accomplir, fit-il en se redressant sur ses jambes. Bon, allons-y.
Jules déploya ses longues ailes grises avant de rajouter :
—Et je ne veux plus vous entendre parler de ça ! Il s’élança dans l’obscurité du ciel sans attendre la réponse de ses deux acolytes.
Clayton et Yvanna ravalèrent leur excès de joie. Joignants leur main, ils s’élancèrent à leur tour.
Enfin de retour chez-moi, je secouai la tête dans tous les sens alors que je me tenais sur le pas de la porte. Je due effacer de mon visage cet air troublé qui s’était emparé de moi depuis de longues minutes. —Inutile d’en rajouter une couche en passant devant l’interrogatoire de Marie—. Je m’appliquai à contrôler mon souffle tout en abaissant la poignée de la vieille porte en bois, mais cette dernière n’en faisait toujours qu’à sa tête et s’ouvrit en un long grincement.
—C’est à cette heure-ci que tu rentres ? m’interpela Marie sitôt la porte refermée.
—Ouais, désolée je n’avais pas vu l’heure. Monsieur Mac Grégorre nous a encore retenu plus que de raison, soufflais-je. Contrairement à Jess, je n’avais pas un soupçon de rébellion dans les veines, et mentir ne faisait pas partie de mes prédispositions génétique.
—Oui, eh bien au moins il t’a lâchée juste à temps pour le match. S’esclaffa Antoine.
—Désolée P’a mais je suis exténuée. En plus j’ai pleins de cours à rattraper alors je ne crois pas que je vais regarder le match ce soir.
—Tu es sûre ? C’est le classico ! Cette fois, on va les battre ! S’emportait déjà Antoine alors que le coup d’envoi ne serait sifflé qu’à vingt et une heure.
—Tu me fera un résumé demain. Décrétais-je de ma voix la plus douce. Ça faisait plusieurs jours qu’attendais de regarder ce match avec mon père, mais ce soir-là toute envie de football avait disparue et mon esprit était totalement occupé par des préoccupations bien moins terre à terre. Bien qu’Antoine ne laissât rien transparaître, je savais qu’il attendait ce moment avec autant d’impatience que moi, et que mon refus devait lui causer de la peine. Sans dire un mot je me dirigeai vers le réfrigérateur, et en tirai une bouteille de bière que je lui apportai directement sur le canapé.
—Ne t’en fait pas mon cœur, je te raconterais le moindre détail.
Mon père était grand, sans être athlétique. Bien au contraire, son corp fin et élancé se mariait à merveille avec la paire de lunette qui ne quittait jamais le bout de son nez, lui donnant des airs d’intellectuel. Rares sont ceux qui auraient pu déceler qu’un pareil homme puisse être un mordu de Football. Par bien des aspects nous nous ressemblions. Même silhouette fine, les mêmes lunettes, ainsi que cette même propension à garder notre calme en toute situation. Mais la comparaison s’arrêtât-là. Alors qu’Antoine était un inconditionnel de l’informatique, je ne comprenais rien aux mathématiques, et les seules fonctionnalités que je su utiliser sur mon ordinateur furent le moteur de recherche et Google Word.
—Bon, j’ai des cours à rattraper. Dis-je en m’apprêtant à monter l’escalier qui donne sur l’étage.
—Le diner est bientôt prêt. Tu ne veux pas attendre un peu ?
—Non, c’est bon M’an.
—Je mettrais ta part dans une boite, tu viendras la chercher quand tu auras faim.
—Ouais. Comme d’hab, soupirais-je.
Il me fallait regagner ma chambre au plus vite, là-bas j’aurais tout le loisir de remettre de l’ordre dans mon esprit.
Blottie sous ma couette, écouteurs aux oreilles et lumière tamisée, j’entrepris de mettre par écrit toutes les informations que je pouvais capter parmi la multitude d’images et de sons qui défilaient dans le flot de mes souvenirs. Le dictaphone n’avait enregistré que mes commentaires concernant la poussière et la table criblée de trous. Les événements les plus étranges étaient encore là, enfouis quelque part dans mon petit cerveau, et il me fallait les coucher sur papier avant que tout ne se mélange, puis disparaisse.
—Vent glacé, bruit de pierre, sol qui craque et branche qui grince…
Je m’appliquai à tout noter, pourtant quelque chose m’échappait encore.
5 commentaires
Yaya O.
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Il y a 2 ans
Mariebookfan14
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Il y a 2 ans
Dacia
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Il y a 2 ans
Lullolaby
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Il y a 2 ans
Dacia
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Il y a 2 ans