Fyctia

Je m'appelle Jules

Vivant dans ma bulle

Loin de tous bruits

Plus dans le silence de la nuit

Que dans la clarté du jour

Loin de tout ce qui est amour

Proche de ce que j'écris.

Certains en rient

Pensant que je suis introverti

Que je n'aime pas me mêler à la foule

Alors que je vis une vie empli d'houle

En compagnie de mes personnages

Traversant épreuves, conflits et mariages

Je suis proche d'eux.

Cette fois-ci, mon roman parle de Dieu

De cet être surpuissant qui vit dans le ciel bleu

De toutes les croyances à son propos

Que c'est lui qui a créé notre peau

Et nous a façonné tel que nous sommes

Qui a créé l'espèce humaine: les Hommes

Hommes avec un grand H.

Les hommes avec un petit h

Se croient assez flashs

Pour être supérieurs aux femmes

Mais savent-ils seulement que sans elles, nous n'aurions point d'âme ?

Que sans elles, nous n'aurions point de descendants ?

Mais ils continuent de croire que nous n'avons besoin que des fils d'Adam

Et non des filles d'Ève...

Cette histoire, j'y crois de tout mon cœur

Je sais que la publier, il est venu l'heure

Ma famille l'a lu

Mes amis l'ont lu

Tous l'ont apprécié et m'ont demandé la suite

Mes chances ne sont pas réduites

Je l'emmènerai en maison d'édition

Je rêve déjà de son exposition

Dans les librairies, dont il sera exposé la façon

Aucun stress je ne ressentais

Je n'en ai de toute façon jamais

Dirigeant vers le lieu, sûr de moi

Les mains dans les poches, tel un roi

Je franchis le seuil

Tous les nez se lèvent de leurs feuilles

Braqué sur moi des paires d'œil

Je m'assois devant un bureau

M'imaginant tel Perrault

L'éditeur lut mon texte

Que dis-je ! Mon œuvre d'art, sans prétexte

Finit par lever les yeux de mon talent artistique

— Monsieur, puis-je me permettre quelques critiques ?

J'aquiesce, sourire aux lèvres tel devant une trouvaille un scientifique

— Je ne veux point employer les mauvais mots, mais...

— Faites, faites, il n'y a pas entre nous de mais

— Nous ne pouvons accepter votre travail ici.

— Puis-je vous demander pourquoi ? Ne vous plait-il donc pas ce récit ?

— Il n'aborde point des points assez neutres.

Mon cœur est bafouillé, un enfant avec un feutre

Je ne dois pas craquer, au plus profond, tout ça, je calfeutre.

Ressortant de la maison d'édition, le cœur défait

Ce qu'il y a à faire, je fais

D'autres maisons

Il faut à mon œuvre un horizon

Il lui faut un avenir, comme à un enfant.

Mais tous sont aussi offensant

Ne me laissant pas repartir triomphant

Je sombre dans la défaite

J'imaginais une grande et splendide fête

Donné en l'honneur de cet objet qui fait toute ma vie

Où tout le monde auraient de l'acheter, l'envie

Mais ce n'est qu'un désastre sans nom.

Ma renommée sans renom

Mon plan digne d'un chevalier vient de se prendre un coup de canon

J'ai tout échoué

J'ai partout fauté

Que Diable ai-je fait pour mériter un sort si funeste

Qu'ai-je fait pour perdre l'Ouest ?

Je ne peux que me morfondre sans but distinct

Je ne peux qu'imaginer à quel point la déception de ma famille m'atteint

Je ne peux pas, ou plus, me fier à mon instinct

Oh que Dieu me vienne en aide !

Toi qui apparemment offre des remèdes

Toi qui est apparemment surpuissant

Pourquoi mon livre n'a-t-il pas été intéressant ?

Aide moi, je t'en prie !

De là où tu es, tu ris

Tu n'est sûrement qu'un grain de riz

Qu'on aurait oublié au fond d'un sachet périmé

Tu es aussi vieux que Mémé

Tu n'existes sans doute pas

Alors pourquoi ai-je cru une seconde à toi ?

Pourquoi ai-je voulu écrire sur ton histoire ?

Pourquoi ai-je imaginé des gens la lire le soir ?

Pourquoi ai-je imaginé en librairie la voir ?

Tout cela n'était que mensonge

Tout cela n'était que songe

Et je me retrouve seul, perdu, avec mes pensées

Alors qu'elles ne veulent pas cessées

Mais je te prie de les arrêter...