Fyctia

— Allez mes chéris, c'est l'heure d'aller dormir, dit Josh.

— Maman ! Tu peux nous raconter l'histoire du gros bateau des méchants ? crie Kylian.

—D'accord, mais après, au lit ! dis-je d'une voix calme.

L'histoire du “Cargo Méditerranéen”. C'est la favorite de mes deux enfants, Kylian et Lilha.

L'histoire du “Cargot Méditerranéen”, c'est mon histoire. Celle que j'ai vécu il y a quelques années.

Je m'allonge entre eux et commence tranquillement l'histoire, mon histoire.

Le Cargo Méditerranéen, c'est là où j'ai passé cinq années de ma vie.

J'avais seulement dix ans, mon père était décédé il y a quelques mois, ma mère avait trop de misère pour m'élever, ne gagnant pas assez d'argent pour subvenir à nos besoins.

Alors, un jour, alors que je rentrais du travail, car oui, je travaillais même à cet âge-là, un monsieur parlait à ma mère, devant la maison.

J'entendais des cris, ma mère était en larmes et je ne comprenais pas ce qu'il se passait.

Quand ils m'ont vu, l'homme m'a regardé de haut en bas, de bas en haut, et a sourit. Puis, il a dit la phrase qui a détruite mon existence:

«Je la prends»

Le visage défait de ma mère quand elle a prit la liasse de billets, quand elle s'est tourné vers moi et qu'elle m'a prise une dernière fois dans ses bras, quand elle s'est effondrée en pleurs, m'a détruit.

Je n'avais pas encore compris qu'elle m'avait vendu à un bateau.

L'homme m'a attrapé par le bras et m'a tiré hors des bras de ma mère.

J'ai pleuré. J'ai crié. Je l'ai frappé. Je l'ai insulté. J'ai hurlé. J'ai tout fait pour qu'il me lâche. Rien n'y faisait. Il a continué à m'emmener sur son bateau, il a continué a me trainer comme si je n'étais qu'un sac poubelle. Rien n'y faisait, il ne me lâchait pas.

On était monté sur un bateau où il y avait d'autres enfants. Je crois que j'étais la plus jeune.

Il y avait aussi d'autres hommes. Des hommes en manque, cela se voyait à leur façon de nous regarder, leur sourire carnassier, leur envie de nous emmener dans la cale.

Ce premier jour a été un enfer sans nom. J'hurlais qu'on me laisse retrouver ma mère. Je refusais de coopérer et je me suis prise de nombreux coups. J'ai même tenté de sauter par dessus le pont pour rejoindre la terre ferme.

Mais au fur et à mesure que le temps avancé, au fur et à mesure que les jours passaient, je me suis habituée à cette vie. J'ai dû m'habituer. J'y étais obligée.

Chaque mois, le bateau faisait escale dans un nouveau port. Et chaque mois, les autres enfants et moi tentions de faire signe aux marchands de venir nous délivrer. Mais chaque mois, ça ne fonctionnait pas. Mais chaque mois, on retentait notre chance.

Les autres enfants et moi avions plusieurs tâches à faire.

La plupart du temps, c'était de sortir les filets de pêche de l'eau, de ramasser les poissons et de remettre les filets à l'eau.

D'autres fois, nous devions aller chercher des perles, tâche dangereuse du fait que les huîtres se refermaient sur nos doigts si nous n'étions pas assez rapides.

Ou alors nous devions satisfaire les besoins des hommes sur le bateau, plus rarement, car ils nous traitaient de sales cochons puants, d'incapables et de trop peu dégourdis pour être capable d'y arriver.

Au bout de cinq ans – j'avais alors quinze ans –, il y a eu LE rayon de soleil de ma vie. Un bateau au loin. Un bateau dans le brouillard au fond.

Je m'en souviens comme si c'était hier.

J'étais en train de récupérer un filet de pêche et j'ai alors vu une forme lointaine, cachée dans le brouillard.

Une étincelle s'était allumée dans mon cœur. Une étincelle d'espoir.

J'avais alors jetée une vieille bouteille d'alcool et y avait glissé un message de demande d'aide.

J'avais longuement observé la bouteille dérivée au large, jusqu'à ce qu'elle devienne un petit point noir que je ne pouvais plus discerner.

Je me suis alors remis à la tâche, regardant régulièrement le bateau pour voir s'il venait vers nous. Mais, au contraire, il s'éloigne et je sens mes espoirs s'anéantir petit à petit.

Mais, soudainement, alors que je me remettais à la tâche, je le vois effectuer un demi-tour et se diriger vers nous.

Ils venaient nous sauver !

À mesure qu'il approchait, je pouvais distinguer des gens sur le pont.

Le bateau était d'un blanc nacré, contrastant avec ses mats noir de jais. Il n'était pas très gros, aussi il ne devait pas y avoir grand monde dessus.

Il s'est approché et a mis une planche de bois entre les deux ponts. Trois d'entre eux sont passés sur notre bateau et ont récupéré le plus d'enfants possible le plus discrètement pour ne pas alerter les hommes de notre bateau.

Heureusement, tout s'était fait dans le silence et notre bateau sauveteur s'en alla, sans avoir livré bataille.

Ils nous abritèrent et nous ramenèrent chez nous.

Pendant ce temps, j'avais connue Josh. Il était le fils du second et j'en suis tombée amoureuse, dès le premier regard.

Mes sauveurs m'ont ramené chez moi et j'ai revu ma mère.

— Et c'est trois mois plus tard que votre père et moi on est s'est marié.

Pendant que je racontais mon histoire, les enfants se sont endormi dans mes bras et je continue de les bercer jusqu'à ce que Josh vienne me chercher pour qu'on aille se coucher.

— Les enfants ne se lasseront jamais de cette histoire, me murmure-t-il au creux de l'oreille, tandis que je me blottis contre lui.

—Non, jamais. Mais je suis contente de leur raconter. De leur dire que je suis forte malgré tout ce que j'ai vécu. De leur apprendre la difficulté de la vie. Qu'elle n'est pas toujours rose bonbon, mais parfois qu'elle est noire d'encre et que malgré ça, il y a toujours de l'espoir, aussi lointain soit-il.

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Le bateau qui l'a sauvé est le bateau sur l'image qu'on devait intégré.

Aussi, il joue un rôle majeur dans cette nouvelle, car c'est lui qui a sauvé les enfants et qui les a ramené chez eux. C'est aussi dessus que notre personnage principal a rencontré celui qui sera plus tard le père de ses enfants.

Bien qu'il ne soit pas très présent, il est donc primordial pour la suite de leur vie.