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Échec à l’hôpital 2
Tout le monde a été, au moins une fois, confronté à ce problème et contraint de les démonter pour les vider de leur contenu. C’est dans celle du lavabo que les experts de la police scientifique ont trouvé une touffe de cheveux entremêlée de poils pubiens. Les analyses ADN de ces éléments ont révélé plusieurs appartenances, dont deux d’origine masculine, et une d’origine féminine.
Après renseignements pris auprès du propriétaire des lieux et vérifications faites auprès des personnes concernées, il s’est avéré que certains de ces poils et cheveux appartenaient à un couple de jeunes gens qui occupait les lieux avant l’arrivée de Brice Vaillant. Le résultat de l’analyse ADN des éléments restants étant identique à celui du résultat de l’analyse de la tache de sueur sur les lunettes de Madeleine Savin, il a été très facile de conclure que le nommé Brice Vaillant, dernier locataire des lieux, pilote de la moto verte et agresseur d’Alex, était aussi le meurtrier de Madeleine Savin.
Maloire s’en doutait, et si cette confirmation le conforte, elle ne peut lui donner les clés de la réussite, car cet assassin et sa compagne, elle aussi présumée coupable, courent toujours et ne sont ni identifiés ni localisés. Tous deux leur filent entre les doigts depuis le début de cette affaire, avec une virtuosité hors du commun. De mémoire de flic, il n’avait jamais connu de situation aussi difficile. Il est conscient d’être maintenant dans la dernière ligne droite et de préparer son sprint final. Il va falloir être le plus rapide et Maloire va s’y employer.
Edgar a repris son look négligé d’origine. Il a rasé sa barbe et ses joues sont maintenant couvertes d’un poil dru et naissant. Il a aussi coupé ses cheveux, qu’il ne coiffe plus avec un peigne, mais avec ses mains, abondamment enduites de gel. Il a pris beaucoup d’assurance depuis son implication dans cette enquête, il est véritablement entré dans la peau d’un flic. Aujourd’hui, en osmose parfaite avec son supérieur, qu’il suit comme son ombre, il a hâte de bien conclure cette affaire. Il est prêt à prendre tous les risques qu’il faudra pour y parvenir. En ce moment, il contacte toutes les compagnies d’assurances de motos, pour trouver lesquelles ont comme clients des possesseurs de Kawasaki ZX10R. Il espère par cette recherche, trouver le propriétaire de la moto verte, connu sous le faux nom de Brice Vaillant. De son côté, Maude fait de même, pour essayer de trouver la propriétaire de la Coccinelle Volkswagen bleu ciel, connue sous son faux nom de Marie Dubreuil, alias Nymphomia.
Alex, quant à lui, est toujours en soins à l’hôpital. Même s’il a un peu repris le dessus, avec une meilleure mine, son état clinique ne s’est pas amélioré. Les examens et les tests pratiqués sur lui confirment le diagnostic d’origine. Il sera paraplégique, ce qu’est en train de lui annoncer, avec précaution, son chirurgien qui vient lui rendre visite dans sa chambre.
– Bonjour, monsieur Savin, votre température et votre tension sont bonnes, comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
– Bien, Docteur, sauf que le corset me fait mal sur la poitrine. Vous ne pouvez pas le desserrer un peu ou m’en mettre un plus souple ?
– Non, ce n’est pas possible, il faut le supporter, car il vous maintient et soulage votre colonne vertébrale. La vertèbre fracturée que je vous ai consolidée doit se ressouder et il faut au moins quarante jours pour cela, patientez, tout ira mieux après.
– Qu’est-ce qui ira mieux, j’aurai à nouveau des sensations dans les jambes ?
– Non, je ne pense pas, comme je vous l’ai déjà expliqué, votre moelle épinière a été écrasée, ce qui signifie que les informations ne circulent plus dans le réseau nerveux. Bien sûr, le fait qu’elle n’ait pas été sectionnée laisse espérer qu’une amélioration puisse se produire. Mais cela relève du véritable miracle et non de la médecine. Le corps humain peut réagir différemment d’un individu à l’autre, suivant le type de traumatisme et l’état d’esprit du patient. Le mieux pour vous est de vous faire à l’idée que vous ne marcherez plus, de vous reforger un moral et d’entrevoir une nouvelle vie. N’attendez pas une guérison possible, si elle arrive, ce sera pour vous la plus belle et plus grande surprise.
– Vous savez, Docteur, ce n’est pas facile de se faire à cette idée. Je crois rêver et je me demande constamment quand je vais me réveiller et sortir enfin de ce cauchemar.
– Je sais, tous les patients que j’ai eus, comme vous, m’ont dit la même chose et à chacun, j’ai moi aussi répété la même chose. Il faut positiver et vous dire que cela aurait pu être pire, vous auriez pu perdre la vie dans votre accident. Gardez le moral, c’est le meilleur remède, croyez-moi.
– D’accord, Docteur, je vais essayer.
– Bonne journée et à demain, monsieur Savin !
Le Chirurgien sort de la chambre d’Alex après avoir accompli son second travail. Celui de la reconstruction psychologique du patient. Tout lui dire, sans rien lui cacher, mais sans lui saper le moral pour lui donner l’envie de se battre. Il semble satisfait de sa prestation et de la réaction d’Alex qui n’est pas tombé dans une dépression.
Dehors, dans le couloir, un homme, vêtu d’un survêtement et chaussé de baskets, fait des va-et-vient entre les deux escaliers qui mènent à l’étage où se situe la chambre d’Alex. C’est le policier de service, détaché par Maloire et chargé de surveiller l’accès à sa chambre. En adoptant cette tenue banalisée et plutôt courante dans les hôpitaux, il peut passer inaperçu et faire son travail en toute discrétion. Pour passer le temps, il discute de temps à autre avec les nombreuses infirmières qui arpentent le couloir.
Il en a vu pas mal depuis ce matin, à commencer par celle qui, très tôt, est venue lui prendre la température, suivie de celle qui lui a apporté le petit-déjeuner. Sont arrivées ensuite, poussant un chariot rempli de draps, celles qui lui ont refait le lit et, pour conclure la matinée, la visite du chirurgien.
La prochaine à venir sera l’infirmière qui lui apportera son déjeuner, suivie, un peu plus tard, de celle qui lui donnera ses médicaments journaliers. Le défilé se poursuit l’après-midi, avec les visites des parents ou amis, jusqu’à la fin de la soirée où les infirmières reprennent le pas.
Le policier en faction connaît par cœur le rythme et la cadence de ces visites qui, depuis une semaine, se succèdent avec la précision d’un métronome. Cela lui rend la tâche plus facile. Il se cantonne à intercepter et contrôler l’identité de toutes les personnes étrangères au service hospitalier, qui veulent accéder à la chambre. Car quoi qu’on en dise, l’hôpital est semblable à un véritable moulin, où n’importe qui peut y entrer et sortir sans aucun contrôle.
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