Robcar Funeste engrenage La tentative échouée 5

La tentative échouée 5

Si la moto verte s’y est arrêtée, c’est pour une bonne raison. Ou le motard y habite, ou il s’est rendu chez une personne qu’il connaît. Avec une moto aussi voyante, il a obligatoirement attiré l’attention de quelqu’un, à nous de trouver cette personne.


Les voilà tous les deux à pied, au bas de la rue de la Paix. Maloire se tient debout, raide comme un piquet, les bras le long du corps et la pointe du menton légèrement relevée. Il se concentre sur la façon dont il va s’y prendre pour dénicher cette satanée moto. Au bout de quelques secondes, il se retourne vers Edgar et lui dit :

– Nous allons, dans un premier temps, questionner tous les propriétaires ou locataires d’un garage donnant directement accès à cette rue, afin de savoir s’ils utilisent une moto verte. Si certains sont absents, tu questionnes leurs voisins, au cas où ils auraient vu l’engin s’y garer. Chaque fois que cela est possible, visite les garages pour en vérifier le contenu. Insiste bien sur ceux qui sont susceptibles d’avoir une ouverture télécommandée, car je pense que pour disparaître aussi vite, le motard a dû l’ouvrir à distance. Pas de question ?

– Et si l’on ne trouve rien ?

– Nous verrons ensuite, nous allons commencer par ça. Tu prends les numéros pairs et moi les impairs. On se retrouve au bout de la rue pour faire le bilan. Et ne te presse pas, nous avons tout notre temps.

Maloire et Edgar partent chacun de leur côté et remontent cette longue rue où pullulent les garages personnels. Ils questionnent toutes les personnes susceptibles de leur apporter un nouvel élément, y compris les retraités, qui à cette heure de la journée, pour se détendre ou pour assouvir leur soif de curiosité, s’approprient les rares bancs publics.


Une bonne heure et demie plus tard, ils se retrouvent en haut de la rue, sans plus d’information qu’ils n’en avaient en bas au départ, sauf peut-être, le témoignage d’un jeune homme qui dit avoir vu la moto verte passer dans la rue à deux ou trois reprises, et des jours différents. Ce témoignage, fait à Edgar avec suffisamment de détails, est la preuve incontestable qu’elle est bien dans les environs. C’est plutôt encourageant et Maloire reprend :

– Nous allons maintenant visiter toutes les impasses transversales qui débouchent sur cette rue. C’est certainement dans l’une d’entre elles que s’est engagée la moto, raison de sa disparition sou-daine.

– On reprend chacun notre côté, Inspecteur ?

– Non, cette fois-ci, nous y allons ensemble.

Une traverse, puis deux, puis trois et les voilà maintenant au niveau de la septième. Ils s’y engagent, l’un à droite, l’autre à gauche, chacun examinant scrupuleusement les moindres détails. Elle n’est pas très profonde, ce sera vite fait. Au bout de l’impasse, sur la droite, côté Edgar, se trouve une petite cour fermée et clôturée par un muret surmonté d’une grille en fer forgé. On peut facile-ment y plonger le regard, ce dont, Edgar, ne se prive pas.

– Inspecteur, regardez, là-bas sous l’auvent, il y a deux pneus Battlax posés sur le sol.

Maloire distingue bien l’auvent qui doit servir d’abri et dont l’espace, vide pour l’instant, est encombré par deux pneus.

– Qu’entends-tu par « Battlax » ?

– C’est le nom donné à un modèle de pneus, très performants et aux stries caractéristiques, fabriqué par le manufacturier japonais Bridgestone. Il est essentiellement monté sur des motos sportives, comme la mienne, ou celle que l’on recherche.

– Bien vu Edgar ! Seule une moto peut passer par cette porte d’accès étroite. De plus, la position de cette traverse est idéalement située, à gauche presque au bas de la rue, tout proche de l’intersection avec l’avenue de la République. Un rapide virage à droite, puis un autre à gauche, et la voilà disparue, pendant que toi tu débouchais et regardais droit devant toi.

– Exact, Inspecteur, ça a pu se passer comme ça, à condition que ce soit la bonne moto.

– C’est ce que nous allons bientôt savoir, viens, suis-moi.


Maloire et Edgar contournent le bâtiment qui jouxte la petite coursive. C’est un ancien édifice des années trente, composé d’un rez-de-chaussée surmonté de trois étages, à la façade noircie par les émanations des pots d’échappement. Devant la porte, Maloire enfonce le premier bouton de sonnerie et s’annonce. La porte s’ouvre sur un hall sombre et sinistre où un homme, d’un âge avancé, les attend au pied d’un l’escalier. Il est à l’image du bâtiment, aussi ancien et avec des dents noircies par la nicotine. Il se présente comme étant le propriétaire et loueur des lieux.

Maloire en vient directement aux faits :

– Monsieur, nous recherchons un jeune homme d’une trentaine d’années, qui pourrait habiter dans votre bâtiment et qui, de près ou de loin, serait impliqué dans une affaire sur laquelle nous en-quêtons.

– Une affaire grave ?

– Ça ne vous regarde pas, contentez-vous de répondre à mes questions. Avez-vous ce type de locataire ?

– Il y a quatre studios répartis sur trois étages, tous habités par quelques personnes âgées seules, mais aussi et surtout, par de jeunes couples ou des étudiants, dont beaucoup peuvent avoir la trentaine.

– La cour qui est située derrière votre bâtiment, vous appartient-elle ?

– Oui, elle me sert de débarras.

– Vos locataires y ont-ils accès, ou l’un d’entre eux en particulier ?

– Un seul en a la clé, pour y ranger sa moto sous l’auvent.

– Avez-vous vu sa moto, si oui, de quelle couleur est-elle ?

– C’est une grosse moto moderne, couleur verte.

– Bingo ! s’exclame Maloire, et qui en est le propriétaire ?

– Un jeune homme à qui je loue un studio au deuxième étage arrière, avec vue sur la cour. D’ici, il peut avoir un œil sur sa moto. C’est un garçon tout à fait charmant, calme, poli et très bien élevé. Il est le seul à payer d’avance son loyer, au début de chaque mois. Si tous étaient comme lui, ce serait le paradis ici.

– Quel est son nom ?

– Brice Vaillant, il est inscrit sur sa boîte à lettres derrière vous. Il ne reçoit pas beaucoup de courrier, elle est surtout encombrée par des publicités.

– Comment est-il physiquement ?

– De taille moyenne, mince, les cheveux châtain clair et les yeux bleus. Il est très charmant. Il doit avoir du succès auprès des filles.

– Justement, parlons-en, a-t-il une copine ?

– Je ne sais pas, je ne passe pas mon temps à espionner mes locataires, j’ai d’autres occupations, heureusement pour moi.

– Je comprends, mais réfléchissez bien, l’avez-vous vu, ne serait-ce qu’une seule fois en compagnie d’une fille ?

– Non, mais un jour, alors que je nettoyais l’escalier, j’ai vu une jeune femme blonde entrer chez lui. Elle possédait les clés de son studio, donc il devait très bien la connaître.

– Parfait, répond Maloire, il y a combien de temps ?

– Un mois environ, je ne sais pas exactement.

– Avez-vous vu son visage ?

– Non, elle était de dos et a refermé la porte sur elle.

– Vous souvenez-vous de sa tenue vestimentaire ?

– Pas en détail, je me souviens seulement qu’elle était en jupe courte, c’est tout.

– Que fait ce Brice Vaillant la journée ?

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