Fyctia

Il se dirige vers le domicile de sa compagne Laure, qu’il récupère, et ensemble ils quittent rapide-ment les rues encombrées de Grandbourg.

Edgar les suit en se tenant à une distance respectable et suffisante pour ne pas être remarqué. Les deux motos sillonnent les routes qui serpentent la vallée, traversent quelques villages perchés sur les massifs montagneux, et suivent les rives naturelles des cours d’eau. C’est là, au bord d’une paisible rivière, qu’Alex vient de garer sa moto pour s’accorder un moment de détente avec sa compagne. Edgar, lui, continue sa route pour ne pas éveiller leurs soupçons et s’arrête un peu plus loin à l’abri des regards.

Au bout d’une demi-heure, ne voyant pas Alex passer sur sa moto, et par crainte que celui-ci ait fait demi-tour, ce qu’il ne peut évidemment pas vérifier, il appelle Maloire pour lui demander conseil. Il ne veut en aucun cas prendre d’initiative malheureuse qui pourrait faire capoter son plan.

– Allô ! Inspecteur ? C’est moi Edgar. J’ai suivi Alex tant que j’ai pu, mais il s’est arrêté avec sa compagne au bord d’une rivière et cela depuis plus d’une demi-heure. D’ailleurs, je ne sais même pas s’ils y sont encore, car je ne peux pas prendre le risque de me montrer pour vérifier.

– Ça n’a aucune importance Edgar, tant qu’il est avec sa compagne, il ne risque rien. Laisse tomber et retourne les attendre au domicile de Laure. C’est à partir de là qu’il est vulnérable, car il est seul.

– Bien compris, Inspecteur, j’y vais tout de suite et vous tiens au courant.

Edgar continu sa route pour faire une boucle et retourne au domicile de Laure. Une heure plus tard, il voit Alex la déposer et repartir en direction de sa demeure. La première sortie d’Alex s’est passée sans encombre et a permis à Edgar de prendre ses marques.

Dans les jours et semaines qui suivirent, les sorties se firent plus fréquentes, mais toujours solitaires, jusqu’au jour où Alex prit la décision de renouer avec les randonnées organisées par son club. Il reçut un émail l’informant et le conviant à participer à une journée basée sur la découverte géographique et gastronomique d’une région voisine. Pour ce genre de virée, Alex, comme beaucoup d’autres motards, préfère chevaucher sa bécane en solo, car les sensations y sont bien meilleures qu’en duo. Sa compagne n’y voit aucune objection et tous deux, revêtus de leur combinaison de cuir et casqués comme des cosmonautes, rejoignent sur leur engin respectif le lieu habituel de rendez-vous.

C’est une grande esplanade où les motards se regroupent toujours avant le départ. Elle ressemble, en la circonstance, à une véritable exposition de motos, tant les modèles y sont différents et rivalisent de beauté. Chaque propriétaire flatte les avantages de son châssis, de ses suspensions, de son moteur ou de son équipement personnalisé assorti aux couleurs de sa machine.

Les discussions en tous genres vont bon train ! On se croirait au départ d’un grand prix. Le responsable de l’association, content de revoir Alex et sa compagne, leur présente les derniers adhérents, dont Edgar qui se fait appeler Eddy pour la circonstance. Les dernières recommandations sont données et le signal du départ aussi. Chacun enfourche son engin et dans une symphonie vrombissante, la meute s’élance sous la direction de son capitaine de route.