Robcar Funeste engrenage La dernière chance 4

La dernière chance 4

C’est le rapport de l’informaticien Jordy, qui malgré ses apparences quelque peu « bordéliques », ne l’est pas en réalité. Il lit en diagonale les pages trop techniques pour lui, relatant des adresses IP et autres abréviations barbares, pour se concentrer sur les textes plus clairs. En résumé, Nymphomia avait connaissance des habitudes de Rémi en matière de connexions aux sites de rencontres, et elle s’était fait accepter par lui comme amie sur son compte Facebook, quelque temps auparavant. Maloire se souvient de la remarque de son assistante Maude à ce sujet, lorsqu’elle disait que Rémi n’était pas très malin en y affichant une multitude d’informations le concernant. Elle y avait elle-même facilement trouvé ses pseudos. Cela n’a donc pas dû être difficile pour Nymphomia de trou-ver le compte personnel de Rémi et d’intégrer son réseau pour entrer en contact avec lui. Le reste du contenu, n’apporte rien de plus, sinon la localisation exacte de l’ordinateur utilisé. L’ensemble de ces informations laisse place à des recherches complémentaires qui pourraient s’avérer fructueuses. At-tendons les résultats de Maude et Edgar à ce sujet, pense Maloire.

La dernière enveloppe, la plus petite des trois, contient un unique feuillet rempli de diagrammes, de suites de chiffres et signes indigestes pour un profane. Il s’agit en fait de l’analyse ADN du cheveu retrouvé sur le corps de Rémi Savin. La conclusion prévisible est que ce cheveu appartient bien à une femme relativement jeune et blonde de nature. La comparaison avec les innombrables ADN stockés dans la base de données de la police n’a pas permis d’identifier cette personne. Preuve qu’elle n’est pas fichée, comme cela a été le cas pour l’ADN de l’agresseur de Madeleine Savin. Mais si dans un premier temps cela n’apporte rien, cela permettra au moins, par comparaison, de con-fondre une éventuelle suspecte. C’est bien peu, mais il faut s’en contenter pour l’instant, pense Maloire.

Le bureau-paysage commence à se remplir. Maloire jette un œil sur la pendule pour constater qu’il s’est déjà passé une heure depuis son arrivée. Edgar et Maude ne vont plus tarder et il est impatient de connaître leurs révélations. Il n’attendra pas longtemps, car la silhouette désinvolte d’Edgar se profile au bout de l’allée.

– Bonjour, Inspecteur.

– Bonjour, Edgar, Maude est arrivée ?

– Oui, je l’ai rencontrée dans l’ascenseur.

– Dis-lui de nous rejoindre, nous avons à parler.

Quelques instants plus tard, les voilà tous trois réunis pour un briefing. Maloire tapote sur son bureau les trois enveloppes, qu’il tient droites dans ses mains, comme pour les aligner avant de les ranger. Mais cette attitude un tantinet nerveuse est le signe qu’il n’est pas satisfait de leur contenu et qu’il attend et espère autre chose de la part de ses collaborateurs.

– J’ai là trois rapports concernant les résultats de trois analyses. Celle du téléphone mobile de Rémi, celle de son ordinateur et celle du cheveu trouvé sur son corps. Malheureusement, ils ne sont pas très encourageants. La liste des appels téléphoniques, passés par Rémi, n’a rien apporté, pas plus que le contenu de son disque dur et le rapport d’analyse ADN du cheveu, qui confirme qu’il s’agit bien d’une femme blonde, mais inconnue de nos services. Tout cela ne nous fait pas beaucoup avancer et nous ne savons toujours rien de cette Nymphomia, sauf, si de votre côté vous avez appris quelque chose de nouveau.

– J’ai fait des recherches sur son adresse email, ajoute Edgar. Elle a été enregistrée à partir d’un ordinateur « Lambda » du Cybercafé de Grandbourg, par une certaine Marie Dubreuil, demeurant route du Marais à Villeroy. J’ai appelé la mairie de cette commune, qui m’a certifié qu’aucune personne correspondant à cette identité n’y habitait. De plus, le nom de la route indiquée n’existe pas dans cette ville. J’ai élargi mes recherches aux communes voisines et à toute la France, mais n’ai pas trouvé de Marie Dubreuil, correspondant à son signalement. C’était prévisible et ça confirme la ré-flexion de Jordy à ce sujet.

– Mince alors ! peste Maloire, et toi Maude ?

– Je suis allée sur son compte Facebook, dont j’ai obtenu l’accès total par le centre français. J’y ai trouvé une multitude de photos de Pop-stars, de mannequins et d’images diverses, accompagnées de citations célèbres ou un tantinet provocatrices. Certaines présentent une jeune femme blonde, assez grande et élancée, dans des postures souvent suggestives.

– Qu’entends-tu par suggestives ?

– Provocatrices à caractère sexuel. Le nom de Nymphomia apparaît souvent, sans que l’on puisse savoir avec exactitude de qui il s’agit. C’est assez bien fait, pour laisser planer un côté mystérieux et exciter la curiosité. Son profil fait travailler l’imaginaire et je pense que Rémi n’a pas dû résister longtemps à l’envie de faire plus ample connaissance.

– En fait, nous n’avons rien de plus que si nous n’avions rien fait, conclut Maloire sur un ton nerveux et de façon un peu exagérée. Nos agresseurs sont très malins et il va nous falloir l’être aussi. Dans les jours et semaines qui viennent, Edgar aura une mission de surveillance bien particulière. Toi Maude, à partir d’aujourd’hui tu m’accompagneras dans toutes mes visites. Tu seras ma coéquipière par intérim. D’ailleurs, nous allons dès à présent rendre visite au Cybercafé fréquenté par Nymphomia. Prends tes affaires, nous partons de suite.


En se rendant à l’adresse donnée par l’informaticien Jordy, Maloire ne se doute pas qu’il va mettre les pieds dans un univers inconnu pour lui, le « rétroconservateur » peu au fait de ces tech-niques modernes. C’est un monde à part où le virtuel a pris le pas sur le réel et le palpable est devenu impalpable. On y fait des connaissances sans se voir, on sympathise sans se connaître, on collectionne des amis qui ne le sont pas, on s’exhibe, on se valorise, on se vend, pour rien ou pour satis-faire son ego.


Les voilà arrivés devant une vitrine placardée d’expressions anglo-saxonnes, comme Web, Net, Email, Print, Fax et autres termes entrés dans le langage courant des branchés. Il pousse la porte, entre et découvre une vaste pièce scindée en deux parties distinctes. L’une, composée d’un long comptoir à boissons, doublé d’une rangée de hauts tabourets parfaitement alignés et l’autre, de multiples box mitoyens équipés d’écrans et claviers d’ordinateur. Bien que nous soyons en matinée et en milieu de semaine, il y a déjà des clients affairés en train de pianoter sur leur clavier, pendant que d’autres avalent tranquillement un café. L’ambiance, à la fois calme et entraînante, est bercée par une musique de fond qui couvre à peine le clapotis infernal des touches.

Maloire se présente et demande à parler au gérant. Un homme d’une quarantaine d’années, au look moderne et à l’air inquiet, se présente à lui.

– Bonjour, monsieur l’Inspecteur, qu’y a-t-il ? Est-on victime d’une plainte ?

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