Fyctia

Il se présente à la personne qui le lui demande au travers de l’interphone, et entre dans la cage d’escalier, pour s’engouffrer dans l’ascenseur accompagné de son adjoint.

À l’étage, une dame l’attend sur le palier et l’invite à entrer, en se présentant comme la mère de Maguy, la femme de Rémi.

– Bonjour, madame, c’est une bien triste journée. Je suppose que vous êtes venue assister votre fille sur la demande des gendarmes ?

– Oui, monsieur ! Ils m’ont appelée très tôt ce matin et lorsque je suis arrivée chez ma fille, ils étaient déjà là. Ils lui avaient déjà annoncé la terrible nouvelle.

– Je suppose qu’elle doit être complètement abattue, mais il faut absolument que je lui pose deux ou trois questions, pas plus pour l’instant. C’est très important et très urgent. Chaque minute compte désormais, nous n’avons pas de temps à perdre. Pouvez-vous l’appeler ?

– Bien sûr, elle est dans sa chambre avec sa sœur qui tente de la calmer. Je vais la chercher.

La mère revient, enlaçant de son bras le cou de sa fille, accompagnée par la sœur de Maguy. Le spectacle est on ne peut plus pathétique. Les deux sœurs ont dû pleurer ensemble et longuement, car leurs yeux sont boursouflés et rougis par le frottement des mains. Les maquillages ont coulé et dessiné sur leurs visages des traînées noirâtres, encadrées par des chevelures ébouriffées leur donnant une physionomie macabre de circonstance. Bien que cela fasse partie du métier, Maloire a toujours du mal à accepter ces visions. Les jeunes femmes et leur mère s’installent dans un canapé face à Maloire et son adjoint, qui sont restés volontairement debout.

– Asseyez-vous messieurs, leur propose la mère de Maguy en montrant les deux fauteuils restés vides.

– Non merci, madame, comme je vous l’ai dit précédemment, nous n’en avons pas pour long-temps.

Puis s’adressant à Maguy, il demande :

– D’après le peu d’informations que nous avons actuellement, il nous est permis de croire que votre mari a été victime d’un agresseur qui serait du sexe féminin. Vraisemblablement une femme blonde, se déplaçant en Coccinelle verte, très pâle. Connaissez-vous dans votre entourage, ou celui de votre mari, une personne correspondant à ce signalement ?

– Non, aucune, répond Maguy étouffée par ses sanglots.

– Et vous, mademoiselle ? demande Maloire à sa sœur.

– Non, je ne connais personne qui possède une Coccinelle.

– Ne l’auriez-vous pas aperçue, garée ces derniers temps, ou passer dans la rue ?

– Non, répondent en chœur les deux sœurs.

– Est-ce que votre mari vous était fidèle ? ajoute Maloire à l’attention de Maguy.

– Je pensais que oui, mais maintenant j’ai des doutes. Il a toujours été dragueur, c’était dans sa nature. Il le faisait souvent pour plaisanter, pour se faire valoir, mais il est fort possible qu’il soit passé à l’acte.

– Vous n’avez pas idée de ce qu’il pouvait faire dans ce parking la nuit dernière ?

– Non, en partant il m’a dit qu’il allait faire un poker avec ses copains. Ça lui arrivait quelques fois, mais en général il les retrouvait chez l’un d’eux où il garait sa voiture. Je ne sais vraiment pas ce qu’il faisait dans ce parking qui est situé à l’opposé de leur domicile.

– Avez-vous un ordinateur ?

– Moi non ! Mais Rémi oui ! Il possède un portable.

– L’utilisait-il souvent ?

– Oui assez, surtout le soir, quand le programme de la télévision ne l’inspirait pas.

– Quand s’en est-il servi pour la dernière fois ?

– Avant-hier soir.

– Bien, pouvez-vous nous le remettre ? Nous allons examiner le contenu de son disque dur.

– Prenez-le, il est là, répond Maguy en désignant un petit bureau dans un coin du salon.

Maloire remercie les femmes et prend congé d’elles, en fondant l’espoir que l’ordinateur qu’il emporte sous son bras dévoilera enfin des indices précieux.