Fyctia
La descente aux enfers 7
– Je ne pense rien Edgar. Je ne veux surtout pas perdre l’occasion de voir réuni un ensemble de personnes gravitant autour des enfants Valmer et d’avoir la possibilité de les identifier. Sait-on jamais ? Dis-toi bien que ce sont souvent des actes ou des signes, que l’on pense sans intérêt sur le moment, qui s’avèrent capitaux par la suite.
Les paroles et conseils de Maloire sont comme du nectar pour Edgar. Tout ce qu’il lui dit est aussitôt enregistré, voire gravé dans sa mémoire. On n’a pas souvent l’occasion de côtoyer un superflic dans sa carrière. Il faut en profiter au maximum.
Le cimetière de Beaulieu est aussi fleuri, sinon plus, que les espaces de la ville. Les pierres tombales sont d’une propreté exemplaire, on y mangerait presque dessus. C’est là que Marion va être enterrée.
Devant le trou béant qui lui servira de dernière demeure, un attroupement de personnes est aligné face au curé qui fait un dernier sermon élogieux, rappelant que la mort n’est pas une fin en soi, mais une délivrance et le début d’une seconde vie spirituelle. À voir le visage des participants, ils ne paraissent pas très convaincus par ses paroles. Le cercueil amorce sa lente descente, au même rythme que les traits des visages qui s’avachissent. Tous sont, sans exception, décomposés. Marion va leur manquer. Au centre, Stéphane est assisté à sa gauche par sa tante Jeanne Michaux, accompagnée de son mari et de ses trois enfants, deux garçons Julien et Lionel et une fille Agnès. Suivent quatre couples de jeunes gens du même âge, des camarades de travail et de loisirs. À sa droite, se trouve Gaby Picard, le compagnon de Marion, suivi de Vincent Fleury le cousin de Gaby, ainsi que Ludovic Blanchard, un ami, accompagné de sa fiancée Sylvie. Vient ensuite un groupe de six individus, deux filles et quatre garçons, mal fagotés et enveloppés pour la circonstance dans des manteaux ou redingotes sombres et fripés. C’est la bande à Kâma, les copains de toile de Marion. Plus loin, trois filles et deux garçons, plutôt BCBG, anciens camarades de classe et de galère au foyer. Au second plan, une multitude de personnes, composée d’anciens professeurs, formateurs, employeurs, ainsi que des clients de toilettage, mélangés à des sympathisants de toutes sortes. Incontestablement, Marion ne laissait pas les gens indifférents, elle avait une aura indéniable et était appréciée et aimée par beaucoup de personnes.
Les dernières pelletées de terre ont été jetées, les participants se sont éparpillés en silence, laissant l’espace vide, mais recouvert d’une montagne de fleurs. Triste journée, pense Maloire en se retirant avec son adjoint.
– Inspecteur, la cérémonie vous a-t-elle apporté quelque chose ? demande Edgar.
– Non, rien dans l’immédiat, si ce n’est que j’ai pu comptabiliser une quarantaine de garçons et filles tous confondus, âgés d’une trentaine d’années, dont au moins la moitié était en couple apparemment. Ce qui ne me surprend pas en fait. Marion était jeune, tout comme Stéphane, et avoir beaucoup d’amis ou de connaissances semble normal.
– Oui, et même si les assassins étaient présents parmi eux, j’ai du mal à comprendre quel aurait pu être leur mobile. Ils ne sont concernés ni de près ni de loin par l’accident.
– C’est vrai, sauf les enfants Michaux, les cousins germains de Marion et Stéphane qui, eux, sont indirectement concernés. Mais pour quelles raisons seraient-ils passés à l’acte. Mystère ?
– Il ne nous reste plus qu’à vérifier l’emploi du temps de chacun d’entre eux.
– Les cousins sans doute, mais pas les autres, ce serait trop long et certainement infructueux. Car sur la quantité, certains ne pourront pas se justifier, comme la bande des pittoresques oisifs qui dormaient debout sur la droite. On va rentrer et réfléchir calmement à tout ça. Il ne faut pas s’éparpiller, on va se concentrer sur des actions bien précises.
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