Robcar Funeste engrenage La conséquence induite 4

La conséquence induite 4

– Son adolescence s’est déroulée sans problème particulier, il a suivi une scolarité chaotique jusqu’à ses seize ans ou il a commencé à pratiquer divers petits boulots. Les études n’étaient pas son fort, mais les métiers manuels oui. À l’âge de dix-huit ans, il a trouvé un job comme mécanicien dans un garage, ça l’a passionné et il l’a conservé pendant neuf ans. À la suite de quoi, il est entré comme conducteur routier dans une société de transport, métier qu’il a exercé jusqu’à sa mort. Il a pu mettre suffisamment d’argent de côté pour se payer une maison après son mariage avec son unique femme, Madeleine, qui lui a donné deux garçons jumeaux. Il continuait à vivre sa passion pour la mécanique en restaurant des voitures anciennes qu’il revendait. Sa vie est on ne peut plus classique, jusqu’au jour de l’accident.

– L’accident ! Quel accident ?

– Il y a dix-sept ans environ, une dispute au sujet d’une voiture abîmée a éclaté entre lui et son voisin d’en face, au cours de laquelle il l’a accidentellement tué.

– Il a tué un homme ?

– Oui ! Un certain Paul Valmer, marié et père de deux enfants lui aussi. La justice a retenu la thèse de l’accident et il n’a pas été poursuivi pénalement.

– Et ensuite ?

– Il est resté quelque temps à Saint Victor, ville où il demeurait et où s’est passé le drame, en-suite, il a déménagé pour venir s’installer à Grandbourg.

– A-t-on le dossier de cette affaire ?

– Non, Inspecteur, il est archivé chez nos confrères à Saint Victor. Voulez-vous que je leur de-mande de nous l’envoyer ?

– Non, ce ne sera pas nécessaire, je préfère aller le consulter sur place et mener ma petite enquête. Merci, Maude, c’est du bon boulot.

Se retournant vers son adjoint qui avait partiellement aidé Maude et suivi son rapport verbal, il lui demande :

– Edgar, est-ce qu’on a du nouveau sur l’assassinat de Madeleine Savin ?

– Le rapport du médecin légiste est similaire à celui de son mari. Morte par étouffement sans aucune trace de violence. La victime ne présente pas, non plus, d’ecchymose consécutive à sa chute sur le sol. Il semblerait que l’assassin l’ait soutenue avant de la déposer sur le sol.

– Soutenue ! Une femme qui devait bien peser soixante-dix kilos, si ce n’est pas plus. Il faut avoir une sacrée force, et je ne pense pas que notre suspecte, la femme du parking en ait autant.

– A-t-on trouvé des indices sur place ou des empreintes digitales ?

– Non, Inspecteur, pas plus que pour son mari. L’agresseur devait porter des gants et il a fait très attention à ne rien laisser derrière lui. Mais les examens ne sont pas tout à fait terminés, les vêtements de la victime sont en cours d’analyse et l’on devrait avoir les résultats très bientôt.

– Y a-t-il des témoins, quelqu’un a-t-il vu ou entendu quelque chose ?

– Pas pour l’instant, mais les investigations sur place continuent.

– OK, cette affaire commence à se compliquer sérieusement et je crains que nous ne soyons pas au bout de nos surprises. L’assassin est en avance sur nous, il sait ce qu’il fait, où il le fait, quand et comment il le fait. Nous, nous ne savons rien de son mobile ni de son programme, si tant est qu’il en ait un. Et c’est ce point-là qui m’inquiète. A-t-il fini, ou va-t-il continuer ?

Il marque une petite pause, se pince le nez comme pour mieux réfléchir et dit :

– Vous allez vous partager le travail à deux avec Maude. Toi, Edgar, tu orientes tes recherches du côté des Valmer si j’ai bien retenu leur nom. Tu essayes de savoir où ils sont et ce qu’ils sont devenus, c’est peut-être une bonne piste.

S’adressant à son assistante qui n’a pas perdu une miette de la conversation, il dit :

– Toi, Maude, tu continues tes recherches sur les Savin, mais cette fois tu les orientes dans la direction des jumeaux. Où sont-ils, que font-ils, bref tout ce que nous devons savoir pour avancer rapidement, car ils sont peut-être les prochaines victimes. Sait-on jamais ? Quant à moi, je vais retourner faire un petit tour à Grandbourg, pour m’informer sur place de l’avancement des investigations et mener les miennes. J’ai besoin de prendre l’air. Edgar, tu viens avec moi, nous déjeunerons en route.

Maloire se dresse, referme le dernier bouton du col de sa chemise, ajuste sa cravate et replace cet inconfortable holster en cuir rigide, d’une esthétique plus que douteuse. La police a vraiment mauvais goût, pense-t-il, elle devrait les faire dessiner et fabriquer par les Italiens qui sont des orfèvres en matière de cuir. Heureusement qu’il est caché par sa veste croisée à large revers qu’il vient d’enfiler, car de plus, il n’est pas du tout assorti à ses chaussures Church’s finement ciselées, d’un superbe marron rougeoyant. Il récupère ses clés de voiture, son téléphone mobile, ses lunettes de soleil Ray Ban, au cas où, débarrasse son bureau, fait un peu de rangement et verrouille ses tiroirs. Maintenant, il peut partir l’esprit tranquille. Personne n’ira fouiller dans ses affaires, ni même lui emprunter un quelconque objet. Suivi de son adjoint qui l’a regardé faire, mais sans l’imiter, il quitte son bureau d’une démarche chaloupée, digne d’un Fred Astaire et se dirige vers le parking.


Après un court arrêt sur une aire autoroutière pour avaler rapidement une petite collation, les voilà à nouveau rendus à Grandbourg. Une halte s’impose à la gendarmerie locale, afin de prendre con-naissance des dernières informations recueillies par les gendarmes, auprès des voisins de Madeleine Savin.

Le Brigadier-chef Rolin, raide comme totem dans un uniforme fraîchement repassé et décoré comme un sapin de Noël, les reçoit dans son bureau aux murs couverts de gravures militaires.

– Bonjour, Brigadier-chef, Inspecteur Maloire et mon adjoint l’inspecteur Caublet.

– Heureux de vous rencontrer, je n’ai que de bons échos sur vous, vous êtes une véritable star dans la police.

– Non, n’exagérons rien, tout au plus un flic consciencieux. Nous avons reçu les rapports du médecin légiste et du laboratoire d’analyse concernant l’assassinat de madame Savin. Leurs contenus ne nous ont pas beaucoup éclairés quant à l’avancement de cette affaire qui, comme vous le savez, est directement liée à la mort de son mari quelques jours auparavant. Nous sommes en présence d’un double meurtre qui semblerait, au vu des apparences, avoir été perpétré par la même personne. Mais des zones d’ombre subsistent. En effet, si nous sommes à peu près certains d’affirmer que l’assassin de Marcel Savin est une femme, d’après la déposition d’un témoin oculaire, j’ai personnellement des doutes concernant celui de Madeleine Savin. Qu’avez-vous à m’apprendre à ce sujet ?

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