Robcar Funeste engrenage La conséquence induite 2

La conséquence induite 2

Cela pose d’énormes problèmes au quotidien, car en plus d’avoir perdu leur père, Stéphane et Marion se retrouvent maintenant seuls, sans leur mère. C’est très éprouvant et difficilement supportable. Ils ont dû faire appel à leur tante Jeanne, la sœur aînée de leur mère qui, pour les aider, a pris un congé sans solde et a temporairement abandonné sa maison, son mari et ses trois enfants. Car du côté des grands-parents ils sont soit, trop âgés et en maison de retraite pour les uns soit, trop éloignés pour les autres.

Mais cette situation provisoire ne pourra durer éternellement, et Jeanne devra, un jour ou l’autre, reprendre sa vie normale. Aussi, devant les difficultés rencontrées, un conseiller social a proposé aux responsables familiaux de confier les enfants à un foyer pour l’enfance. Ces placements permettent d’assurer la sécurité, la santé, l’éducation, le développement social et culturel, ainsi que l’épanouissement personnel des enfants jusqu’à leur majorité. Ceci n’empêchant nullement tout con-tact avec les membres de la famille, bien au contraire ! S’ils sont bénéfiques, ils les conseillent. C’est un choix qui paraît judicieux et dans l’intérêt des enfants. Aussi, si la décision devait être prise, il faudrait qu’elle le soit d’ici la prochaine rentrée scolaire, afin de ne pas trop les perturber. Car ils l’ont déjà suffisamment été, et leurs résultats scolaires s’en sont largement ressentis. Marion, la plus douée des deux, incapable de se concentrer, a abandonné sa position de leader de sa classe en reculant d’une bonne dizaine de places. Stéphane, bon élève aussi, mais moins performant que sa sœur, a subi le même recul, mais a tout de même sauvé son passage au collège. Le temps leur permettra, certainement, de rétablir lentement leur position.


Le téléphone sonne, Jeanne, la tante dévouée décroche :

– Allô ! J’écoute.

– Bonjour, madame, c’est le docteur Verdier. Je vous appelle au sujet de ma patiente Mireille Valmer. Pouvez-vous passer à mon cabinet demain matin vers dix heures, j’ai besoin de parler avec vous.

– Rien de grave, Docteur ?

– Non, pas pour l’instant, mais j’ai quelques inquiétudes et voudrais m’entretenir avec vous à ce sujet, je vous attends demain sans faute.

– Bien, Docteur, vous pouvez compter sur moi, je viendrai.

Elle raccroche lentement le combiné téléphonique et, soucieuse, s’approche de la fenêtre au travers de laquelle elle jette un regard détaché qui balaye le panorama extérieur sans vraiment le distinguer. Son esprit est ailleurs, elle n’aime pas ce genre de rendez-vous. Pourvu que le médecin n’ait rien de grave à lui annoncer !

La journée se termine sans ambiance chez les Valmer, pas plus que chez les Savin qui ferment les derniers cartons. Le cœur n’y est ni d’un côté ni de l’autre. Demain sera un autre jour.


Le lendemain matin, le camion des déménageurs est arrivé tôt chez les Savin. Le déménagement bat son plein et tout le monde a mis la main à la pâte, y compris les jumeaux qui ont profité de cette occasion pour faire un sérieux tri dans leurs affaires.

Marcel a, lui aussi, fait le tri dans ses outils et, en accord avec le futur propriétaire de sa maison, en laissera quelques-uns dans le garage dont il n’aura plus l’utilité dans sa nouvelle demeure. Ils doivent absolument terminer avant midi, car la route est longue et l’emménagement dans leur nouvelle habitation doit impérativement se faire avant la fin de cette journée.


Du côté des Valmer, Jeanne, la tante de Stéphane, prend, comme prévu, la route en direction de l’hôpital au volant de sa voiture. Elle gare son véhicule sur le parking, non loin du parvis d’accès à l’accueil. De là, elle peut voir une ambulance qui décharge avec précaution une civière occupée par un malade ou un blessé, et un peu plus loin, une personne en fauteuil roulant poussée par une infirmière. Le genre de spectacle peu encourageant que l’on découvre en arrivant sur ces lieux.

Elle entre et se présente à l’hôtesse :

– Bonjour, madame, j’ai rendez-vous avec le Dr Verdier.

– C’est au premier étage au fond du couloir à droite. Vous pouvez prendre l’ascenseur ou monter par l’escalier.


Jeanne préfère emprunter l’escalier, car elle a horreur des ascenseurs, elle souffre un peu de claustrophobie et, dans cet hôpital, les sensations sont décuplées. Elle gravit donc les marches et s’engage dans ce couloir interminable, où elle croise des patients déambulant avec tout leur attirail de perfusion. Elle en est presque malade, elle qui a hérité d’une robuste santé, contrairement à sa sœur cadette qui a tiré le mauvais numéro à sa naissance. Depuis toute petite, Mireille est malingre et sujette à tous les maux de la terre. Un rhume, une grippe, une angine, elle attrape tout ce qui passe à sa portée. De plus, elle doit assumer, à vie, la conséquence d’une trop grande gourmandise dans sa jeunesse.


Jeanne est envahie par ces odeurs et ces images particulières des hôpitaux, elle se souvient quand, toute jeune, elle avait dû se faire opérer de l’appendicite. Elle avait beaucoup mieux supporté l’opération que son séjour alité, elle n’aime vraiment pas ces lieux.

La voilà arrivée ! Le docteur Verdier qui l’attendait avec impatience la reçoit dans son bureau.

– Bonjour, madame, prenez place s’il vous plaît.

– Bonjour, Docteur, merci.

– Ce que je vais vous annoncer ce matin diffère considérablement de ce que j’avais l’intention de vous dire lors de mon appel hier soir. Les choses ont évolué depuis et, malheureusement, dans le mauvais sens, croyez bien que j’en suis vraiment désolé.

– Désolé de quoi, Docteur ? Vous me faites peur.

– Votre sœur est décédée cette nuit.

– Décédée ! Mais comment ça ?

– Vous savez qu’elle était très faible et dépressive ces temps-ci et qu’elle ne pouvait, ou ne voulait plus s’alimenter, raison pour laquelle nous l’avions mise sous perfusion. Nous lui administrions aussi régulièrement des injections d’insuline pour soigner son diabète. Mais comme vous le savez, elle souffrait aussi d’asthme, une insuffisance respiratoire, qui nécessitait une assistance mécanique par un appareil de ventilation pulmonaire. Son état se dégradait de jour en jour, c’est la raison pour laquelle je voulais m’entretenir avec vous afin d’envisager son avenir. Mais tous ces éléments conjugués, ajoutés au fait qu’elle ne voulait plus lutter pour vivre, ont engendré la funeste conclusion que vous connaissez.

– Mon Dieu ! Ce n’est pas possible une chose pareille.

– Croyez bien que je suis vraiment désolé pour vous.

– Comment vais-je annoncer cela aux enfants, c’est une véritable catastrophe.

– Je comprends bien, voulez-vous que nous le fassions ?

– Non ! Docteur, c’est à moi de le faire.

– Est-ce que vous vous sentez bien ?

– Bien, non pas vraiment, après une telle annonce.

– Avez-vous besoin d’aide, madame ?

– Non ! Merci, Docteur, ça va aller.

– Avez-vous des questions particulières à me poser ?

– Non, je n’en vois pas pour l’instant.

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