Fyctia
LA CREME 2
- Fais attention à mes cloques quand tu poses la crème, ne les éclatent pas.
Je ne dis rien, et je crois que j'en suis complètement incapable. Donc à la place, je hoche la tête. Je presse le tube et pose la pommade sur le bout de mon doigt, puis lentement, je me rapproche de ce dos immense et pose doucement mon doigt sur le premier bouton, face à moi. Mais un hurlement répond à ma pose douce et délicate.
- Putain, mais, tu as les mains gelées ! Tu es malade, tu veux ma mort ?
Je me retrouve avec un doigt en l'air, tartiné de crème d'un côté, et une main tenant le tube de l'autre, face à un torse et non plus un dos, et au-dessus de ce torse une tête furieuse.
- Hé, arrête de me crier dessus ! je te signale que j'étais tranquillement au chaud dans mon lit quand tu as tapé sur la cloison. Je me suis gelée les miches pour venir te tartiner de crème. Alors, tu baisses d'un ton s'il te plait !
Moi aussi je sais crier quand il le faut.
Son regard colérique s'adoucit instantanément. Il passe son rayon laser sur moi de haut en bas et il remarque enfin que je suis en pyjama.
- Tu ne pouvais pas te mettre un pyjama un peu plus chaud que ce truc tout fin ?
Je lui secoue mon doigt tartiné de crème sous le nez.
- Excusez-moi monsieur le râleur, je ne savais pas qu'il allait falloir vous tartiner de crème à minuit ! La prochaine fois, je dormirai en combinaison de ski et moufle, pour ne pas geler les petits boutons de Monseigneur !
Je le vois se dandiner sur ses pieds, mal à l'aise.
- Bon, ce n'est pas grave, tu n'as qu'à passer tes mains sous l'eau chaude pour les réchauffer.
Mon Dieu, mais quelle chochotte ! Je pousse un soupir de désespoir puis m'exécute. Je suis trop fatiguée pour argumenter. Une fois l'opération réchauffage des mains accomplie, je me tourne vers lui.
- Voilà, Mademoiselle, mes mains sont toutes chaudes maintenant. Je peux vous tartiner le dos ? Parce que je suis fatiguée et que j'aimerais retourner dans mon lit.
Il plisse les yeux, pince ses lèvres, mais s'exécute, le dos raide de colère. Je pose délicatement la crème sur tous les boutons dans le silence le plus total. Me voilà au trois quarts du dos, quand je le vois frissonner.
- Tu as froid ? Tu veux que je mette le chauffage ?
Il secoue la tête, mais aucune réponse à mes questions. Je reprends ma tâche laborieuse, et de nouveau il frissonne.
- Qu'est-ce que tu as ? Si tu as froid, dis-le !
Une voix rauque et de mauvaise humeur s'élève dans la salle de bain.
- Non, c'est bon, je n'ai pas froid. Continue, et dépêche-toi.
Mais quel ours mal léché se type ! Je me déplace en pleine nuit pour le soigner et il est de mauvaise humeur !
- Être malade, ne te va vraiment pas. Tu es exécrable.
Il ne dit rien et je continue doucement. Quand tous les boutons sont bien recouverts de crème, je souris, fière de mon chef d'œuvre.
- Et voilà, c'est terminé.
Il hoche la tête.
- Hé bien merci. Et à demain.
Je fronce les sourcils, il ne s'est même pas retourné pour me remercier. Il reste de dos, tendu comme un slip trop petit.
- Tu vas bien ?
- Oui.
- Tu pourrais, quand même, avoir la politesse de me regarder en face !
Il soupire, baisse la tête, puis se retourne, un air désespéré sur le visage.
Je ne le comprends vraiment pas.
- Tu es malade ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
Et pour vérifier mes dires, je l'inspecte de haut en bas, essayant de comprendre son malaise. Et quand je comprends le pourquoi du comment, moi aussi je suis mal à l'aise, et cela me fait dire une phrase que je regretterais toute ma vie.
- Mais c'est quoi ça ?
Mon regard est scotché sur cette serviette tendue à un endroit qui ne devrait pas l'être en temps normal, on dirait une tente.
Il se passe la main dans les cheveux, se met à tourner en rond avant de revenir se planter devant moi.
- Tu me demandes vraiment ce que c'est ?
J'ouvre la bouche de stupeur et avant que je ne dise quoi que ce soit, il défait sa serviette et je vois le problème dans toute sa splendeur.
- Alors, à moins que tu ne veuilles me soulager, je te prierais de rentrer chez toi. Et merci de t'être déplacée en pleine nuit pour moi. Cela te convient comme remerciement ?
Je recule doucement, tout en fixant son érection. Mon cœur bat à mille à l'heure, impossible de déterminer si c'est de peur ou bien de gêne ou d'autre chose.
- Heu, désolée, je te laisse, à plus.
Et je détale, tel un lapin de garenne devant le fusil du chasseur. Je récupère ma doudoune et mes bottes et me précipite en chaussette dehors. Une fois chez moi, j'essaie de calmer mon souffle erratique, et de remettre mes idées en place. Finalement, un sourire vient étirer mes lèvres. Émilien a eu envie de moi ! C'est la première fois qu'un homme a du désir pour moi, ou tout du moins que je le vois de mes yeux vu. Je tends l'oreille, mais aucun bruit. Alors je me précipite à l'étage, et colle mon oreille au mur mitoyen de la chambre. Je l'entends qui se déplace, puis son lit grince, et de drôles de bruits me parviennent, des gémissements rauques. Je ferme les yeux, et tout à coup je l'imagine, se soulageant tout seul, juste à quelques centimètres de moi. Cette image obscène fait pulser mon intimité et ma gorge se serre, une chaleur inhabituelle me prend le cœur et je gémis.
Mais qu'est-ce que je vais faire ? J'ai envie de lui et lui de moi ! Cette situation est complètement nouvelle pour moi, et elle me terrifie. Un gémissement plus fort que les autres me parvient, suivi par un chapelet de jurons.
Ce qu'il est doux d'entendre ces injures, témoins de son désir pour moi, Francine, éleveuse de lapin et accessoirement terrifier à l'idée de susciter ce genre de sentiments chez un homme, et surtout chez lui.
Je me couche en silence. Je n'ose même plus respirer. Et cette nuit mes rêves ont mis le feu à la paille de mes fantasmes et à mon corps.
6 commentaires
Sylvie De Laforêt
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Il y a 6 ans
kleo
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Il y a 6 ans
Catherine kakine
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Il y a 6 ans
Gaïane MILLER
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Il y a 6 ans
Camille Jobert
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Il y a 6 ans
Manon Kaljar
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Il y a 6 ans