Jeanne F. FRANCINE ET EMILIEN A LA FERME EMILIEN - LE RIVAL

EMILIEN - LE RIVAL

Bientôt vingt heures, elle ne va pas tarder à revenir, je fais le tour de la table et vérifie que rien ne manque. Je l’ai vu s’activer toute la journée et je me sens coupable. C’est la première fois que je me sens si mal en point. Ce matin, j’ai essayé d’aider Paul, mais la fièvre est vite revenue et m’a coupé les jambes et les bras. J’ai eu le temps de lui donner les instructions pour mes fromages et puis je suis rentré me coucher. À mon réveil, les médicaments étaient sur la table, mais je n’ai pas vu Francine. Elle est arrivée vers midi, m’a houspillé pour ne pas avoir pris mes médicaments, m’a forcé à les prendre et puis elle est repartie en râlant vers ses lapins. Elle m’a traité de mauvais malade et moi je l’ai traitée de râleuse professionnelle.


Nous n’avons pas reparlé de l’incident de ce matin avec Paul et Céline, mais depuis je la regarde d’un nouvel œil. Je dois reconnaitre, qu’elle est mignonne et que plusieurs fois je me suis surpris à l’espionner juste pour avoir le plaisir de reluquer ses jolies jambes. Mais, maintenant que je sais qu'elle rêve de moi, je suis tenté de faire une approche un peu plus intime. Mais, elle n’a pas changé son comportement vis-à-vis de moi, elle râle toujours. Paul me dit que c’est une sorte de protection envers les hommes. Elle en a peur et ne veut s’attacher à personne. Je ne connais pas son histoire, mais à bien y réfléchir, je ne l’ai jamais vue avec un amoureux. Elle est solitaire et surtout peureuse. Il suffit que je me mette en colère pour voir dans ses yeux de la terreur. Elle se transforme en petite souris et bas en retraite.


Je regarde par la fenêtre à l’affût de son retour. Je ne peux pas l’aider, mais je peux quand même lui préparer à manger. Le moteur d’une voiture vient me perturber. Je me retourne et me dirige vers la fenêtre de la cuisine. Des phares remontent l’allée noire de cette nuit sans lune. Je plisse les yeux et grogne contre cet importun. La voiture s’arrête et je vois descendre César, un bouquet de roses à la main. Il est en civil et je me demande bien ce qu’il vient faire ici. Il se dirige vers la maison de Francine, je l’entends frapper à la porte et une colère noire me prend les tripes. Qu’est ce que ce singe en civil vient faire ici, un bouquet de fleurs à la main ? J’ouvre la porte, et lui lance.


- Elle n’est pas là !


Il sursaute, se retourne et me souris, le bouquet toujours contre lui.


- Salut Émilien. Comment vas-tu ?


Je ne lui souris pas, je le regarde d’un air suspicieux.


- Tu viens pourquoi ? Elle a fait une bêtise ?


Il secoue la tête et descend les marches de Francine pour venir remonter les miennes.


- Non pas du tout. Je viens prendre de ses nouvelles.


Il arrive devant moi, son bouquet de verdures toujours, dans les mains, un sourire niais sur les lèvres. Moi je ne rigole pas, qu’est ce qu’il fiche ici ?


- Elle va bien. Ce n’est pas la peine t'attendre, je lui dirais que tu es passé.


Il me fixe de son regard de rapace, les sourcils froncés.


- Putain mec, qu’est ce qu’il t’est arrivé ? Tu es plein de pustules !


Ce mec est un génie, il a trouvé cela tout seul ? Pour un gendarme, il est plutôt nul !


La colère commence à me fourmiller un peu partout dans le corps, ou bien ce sont les boutons qui me grattent. Mais peu importe, César ce soir n’est absolument pas le bienvenu. Moi qui compter tâter le terrain avec Francine, voilà le joli cœur qui arrive avec sa botte de carotte à la main.


- C’est contagieux ?


Bien sûr que c’est contagieux !


- Non, ce n’est rien, une réaction allergique.


Et tout en lui disant cela, je lui tends la main. Il me la serre, le regard suspicieux sur mes pustules.


- Et tu es allergique à quoi ?


Au con avec des roses.


- Aux fruits exotiques.


- Hou, super réaction !


Je lui souris, il me sourit, on se jauge du regard, quand d’un coup, une grosse peluche blanche arrive de la grange à toute vitesse. Elle s’arrête devant César et lui aboie dessus. Même sans son uniforme, flocon l’a reconnu, et je ne peux m’empêcher de sourire. Cette chienne n’est finalement pas si bête.


Je fouille la nuit pour repérer la maitresse de ce monstre, et je la vois qui nous observe de loin. Elle hésite à venir, puis s’approche de nous un sourire au coin des lèvres.


- Salut César ? Tu viens voir Émilien ?


Je la regarde avec son expression bizarre au fond des yeux, puis je suis son regard qui passe du bouquet, à César. Qu’est ce qu’elle s’imagine ? Je fronce les yeux et recule d’un pas.


- Mais, non, il est venu pour toi !


Elle s’arrête brusquement, fixe César de son regard curieux. D’ailleurs, le principal intéressé descend les marches et rejoint Francine. Il lui tend le bouquet de roses, un sourire de jeune premier aux lèvres.


- Je voulais savoir si tu allais bien, suite à ton coup de fil, concernant Paul et Céline. Tu avais l’air toute retournée.


Je la vois se statufier, puis elle me jette un coup d’œil, indécise. Elle prend le bouquet et murmure un merci tout en rougissant.


Et là, une réaction tout à fait illogique et inhabituelle me prend l’estomac. J’ai envie de mettre mon poing dans la gueule de cet enfariné de César. Je veux que ce soit pour moi, que Francine rougisse et baisse les yeux timidement.


- Francine, je t’ai fait à manger, tu devrais aller te changer et je vais raccompagner César. Tu dois être fatiguée.


Tous les deux sursautent, et se retournent vers moi, comme s’ils m’avaient oublié. Elle grimace, puis hoche la tête, le regard las.


- Exact, je suis fatiguée, mais tu peux m’attendre, le temps que je finisse de me préparer. Je suis sûre qu’Émilien peut te tenir compagnie.


Moi, tenir compagnie à César ? Et puis quoi encore ?


- D’accord, je t’attends, prends ton temps.


Et bien voyons, et moi, je n’ai pas mon mot à dire ?


Elle passe devant César, puis me jette un regard suivi d’un sourire d’excuse.


- Je fais vite.


Elle entre chez elle en nous laissant comme deux vieux cons. Nous nous regardons tous les deux méfiants. Mais la porte de Francine s’ouvre en grand et elle apparait dans l’encadrement de la porte, l’air inquiete.


- César, tu as déjà eu la varicelle ?


Il la regarde un peu perdu.


- Euh, non, je ne crois pas !


Et merde, elle va me griller !


- Émilien a la varicelle, il risque de te la refiler. Tu ne devrais pas rester ici.


Ou là, si les yeux pouvaient tuer, je serais déjà mort. Il me fixe, la bouche tordue en un rictus de colère.


- Tu m’as dit que tu faisais une allergie !


Je prends mon expression la plus désolée que je peux.


- Oups, je me suis trompé.


Nous nous affrontons du regard, puis César monte les marches qui mènent chez Francine.


- Bon et bien, je te laisse, je passerais une autre fois.


Il se penche et lui fait la bise sur les deux joues, tout en la maintenant par les épaules. Je la sens surprise, mais elle ne réagit pas. Je vais me l’emplâtrer celui-là !


Mais pourquoi le fait que César la touche me met la rate au court-bouillon ?


César repart, en me saluant de la main, une expression de défi dans le regard.

Tu as aimé ce chapitre ?

16

16 commentaires

maioral

-

Il y a 6 ans

La gêêêêneee ! mdr Déjà de base quand on vient avec un bouquet de fleurs... Trop d'attentions mais si en plus les deux mâles en rut veulent s'affronter pour de vrai... :')

Jeanne F.

-

Il y a 6 ans

Ok. Il faut que je retrouve mes ailes et ma culotte bouffante. Je me frise les cheveux et j arrive. Mince j'ai prête mon arc et mes flèches au chasseur de Blanche neige, il faut que je le retrouve. Mais pas de soucis je jere la situation. Sauvons la st Valentin !!

Fyctia

-

Il y a 6 ans

Prends ton arc de Cupidon, écris un chapitre du tonnerre et vise-nous avec en plein coeur. Nous attendons de succomber à ton talent ! FyctiaSePrendPourCupidon #BonneSaintValentin #UneFlècheEnPleinCoeur

Maloria

-

Il y a 6 ans

Au top ce chapitre !!!

Jeanne F.

-

Il y a 6 ans

Pauvre César, il se retrouve tout seul. Personne ne l'aime..

kleo

-

Il y a 6 ans

Maintenant elle se retrouve avec deux prétendants. Team emilien pour ma part....

Jeanne F.

-

Il y a 6 ans

J'ai de la peine pour ce pauvre César, il faut que je lui trouve un autre amoureuse. Il me fait trop de la peine.

Sylvie De Laforêt

-

Il y a 6 ans

Mdr ! ouf.. tu nous a laissé un cliffhanger de ouf, lors du précédent chapitre ^^ Fyctia doit être, fière de toi ! Allez Émilien !!! vas y mon gars (je le préfère à César), j'espère qu'il va se choper des pustules, plus grosses que lui ! ^^

Jeanne F.

-

Il y a 6 ans

OUI. Cela pimente un peu la vie.

Catherine kakine

-

Il y a 6 ans

Petit combat de coq en vue .... Cool
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.