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CELINE LA POT DE COLLE
- Interdiction de faire dans ma voiture !
Elle me sourit, le regard pétillant de malice.
- Ne t'inquiète pas, c'est les vessies des femmes enceintes, un rien les titille. Et là, vous venez de me donner de quoi la titiller ! Alors comme cela, Émilien te plait ?
Je démarre, sans oser, regarder du côté d'Émilien, qui j’en suis certaine, doit être à moitié mort de rire sur son palier.
Je déteste Paul, je déteste ma vie en fait.
- Alors, raconte, raconte.
Céline se trémousse comme une gamine et frappe dans ses mains.
- Non, je ne te raconte pas. Paul et toi, vous venez de me mettre la honte de ma vie. Alors plus jamais je ne vous dis des trucs à vous deux.
Elle soupire et arrête enfin de se trémousser.
- On n’a rien fait de mal, il voulait te montrer son engin, votre histoire était déjà bien avancée.
Je me tourne vers elle pour la fusiller du regard, puis reprends ma conduite en serrant le volant.
- Non, il ne voulait rien me montrer du tout. Nous étions en train de nous disputer. Il m’a dit que mes seins étaient tout petits !
- HO ! Il a osé ? Mais, c’est un mufle.
- Oui, un macho. On ne parle pas aux gens sur la taille de leurs poitrines, cela ne se fait pas.
- Bon, le point positif, il a remarqué que tu étais une fille et que tu avais des seins, parce que jusqu’à présent il te voyait avec des cornes et une queue fourchue.
Je me crispe un peu plus sur le volant afin de ne pas me jeter sur ma copine, pour l’étrangler.
- Et puis maintenant, grâce à Paul il sait que tu rêves de lui. Je te dis, je la sens bien cette histoire.
Je la regarde du coin de l’œil, elle a un sourire satisfait sur les lèvres.
- Céline, tu t’entends parler ? Vous venez de casser l’harmonie qui régnait entre nous. Je fais quoi, maintenant ? Il va se moquer de moi, et je ne vais plus savoir où me mettre. Je vis à deux centimètres de lui, je te signale.
Elle me fixe avec incompréhension.
- Mais enfin Céline, c’est toi qui ne marches pas droit. Avant vous vous détestiez, limite, à vous entretuer. La situation va peut-être s’améliorer, maintenant qu’il sait que tu rêves de lui en secret. Et peut-être que tu lui plais toi aussi. Ce serait trop bien si vous vous mariez. On pourrait faire des sorties tous les quatre, aller au cinéma, en randonnée.
Elle est folle. Être enceinte, ne lui va vraiment pas bien.
- Céline arrête ton char. Je ne vais pas me marier avec lui. De toute façon, hier soir, j’ai rêvé de César, alors ton petit délire avec Émilien, tu peux le ranger bien au fond de ta cervelle.
Et sur ces belles paroles, j’arrête la voiture, pile devant la pharmacie, je coupe le contact et prends mon sac dans un silence presque religieux. Je relève la tête, car je trouve vraiment bizarre de ne plus entendre mon petit lutin moqueur.
Elle est tétanisée, la bouche grande ouverte, les yeux exorbités.
- Quoi ? Qu’est ce que tu as à me regarder comme cela ?
Elle a l’air de reprendre vie au son de ma voix.
- Tu as rêvé de César cette nuit ? Un rêve comment ? Le méchant policier, et gentil voleur ou bien un rêve du vilain policier et de la vilaine voleuse ?
Elle me regarde de son œil lubrique tout en hochant la tête.
- Céline, tu me fatigues. Descends, j’ai du travail au lieu de parler de mes rêves.
Je sors de la voiture, claque la portière et me dirige vers la pharmacie. Je la sens qui trottine derrière moi.
C’est une fois dans la pharmacie, qu’elle recommence avec toute cette histoire. Elle me pousse de son coude et me chuchote.
- Alors, un rêve comment ? Dis-le-moi !
- Non !
- Francine, je ne te lâcherais pas, alors crache le morceau.
Et la connaissant comme je la connais, elle est capable de camper sous mon porche jusqu’à ce que je lui révèle la vérité.
- Grrr. Tu m’énerves. C’était un rêve ridicule, Émilien et moi étions ensemble, et puis César est arrivé, il voulait participer lui aussi. Mais cela n’a pas plus à Émilien et ils se sont transformés en catcheurs pour se battre. Mais dans la bataille, ils m’ont fait tomber dans le vide. Et là, je me suis réveillée. Voilà, satisfaite ?
Tout en avançant dans la file, elle m’écoute attentivement tout en hochant la tête. Attention, madame Freud va prendre le relais.
- D’accord. Alors, je pense que tu aimerais que l'on se batte pour tes faveurs. Je pense qu’Émilien et César te plaisent tous les deux et que tu ne sais pas lequel choisir. C’est étrange, tu as choisi deux types complètement différents. Émilien est secret on ne sait rien sur lui, il est un peu dangereux en fait, et César, celui que tout le monde connait, beau dans son uniforme. En fait, tu veux peut-être un ménage à trois !
Au mon Dieu, sa machine à délire est en train de s’emballer. Je soupire et avance d’un pas.
- Non, mais ça ne va pas ? Mon rêve ne veut rien dire. Juste, que mon subconscient est un peu seul et aimerait peut-être un compagnon ! Mais, moi, je n’en veux pas. Ce ne sont que des rêves, rien d’autre.
- Houai, tu parles ! Ton subconscient te dit qu’il veut s’envoyer en l’air, oui ! Et il a choisi les seuls beaux mâles du village ! Tu aurais pu rêver de Patrick le boucher, il est célibataire !
Une image de Patrick en tenue de catcheur s’impose à moi. Et je secoue la tête. Hors de question de me retrouver avec lui aussi dans mes rêves.
- Arrête de m’énumérer tous les célibataires du Capcir, je vais avoir des cauchemars toutes les nuits.
- C’est à qui ?
Je sursaute, fais les gros yeux à Céline et m’approche du comptoir.
- Salut Yvette. Tiens, c’est pour Émilien, il est malade.
Yvette, la soixantaine, commère attitrée du village, et accessoirement pharmacienne à ses heures perdues.
- Ho, le pauvre, et qu’est ce qu’il a ce petit ?
- La rougeole !
Elle grimace, prend l’ordonnance, puis plante ses yeux vert délavé dans les miens.
- Et c’est toi qui t’occupes de lui ?
Je roule des yeux.
- Oui, il faut bien. Je te rappelle que là où je vis il n’y a pas foule.
Elle hoche la tête, toujours pensive, puis part dans ses rayonnages à la recherche de mes produits miracles.
- Bon, lequel choisis-tu, pour t’envoyer en l’air ? Émilien ou César ?
Je fais comme si je ne l’avais pas entendu, je farfouille dans les masques à l’argile et les huiles essentielles.
- Francine, je te parle. Lequel veux-tu le plus ?
- Aucun des deux. Je suis très bien comme je suis. Je vais me prendre un truc pour dormir comme un ours, et je ne ferais plus de rêves.
Je prends un petit flacon d'huile essentielle de basilic et le pose sur le comptoir.
Yvette revient entre temps et commence à taper sur sa machine.
- Alors, à part cela, les filles, comment allez-vous ? Du Basilic, tu as du mal à dormir petite ?
Avant que je n’aie le temps de répondre, Céline a décidé de s’en donner à cœur joie.
- Elle rêve beaucoup en ce moment.
Yvette relève ses yeux au-dessus de ses demi-lunettes.
- Ha oui ? Tu fais des cauchemars encore à ton âge ?
Céline secoue la tête vigoureusement.
- Pas des cauchemars, des rêves érotiques.
Yvette me fixe plus intensément. Elle a senti le scoop.
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maioral
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Jeanne F.
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Il y a 6 ans
Manon Kaljar
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Sylvie De Laforêt
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Fanny DL
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Mymy M. *Sakuramymy*
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Il y a 6 ans
Maloria
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Il y a 6 ans