Fyctia
LA HONTE NE TUE PAS
Je le fixe éberluée. Mais cela ne m’étonne qu’à moitié, ce type est une machine de guerre, il ne s’arrête jamais.
- Paul va arriver, j’ai nettoyé les bouses de cette nuit et il vient pour la traite. On s’occupera des fromages après.
- Pas la peine, je vais m’en occuper.
Je secoue la tête.
- Hors de question, le docteur a dit une semaine de repos. Tu ne dois pas infecter tes pustules.
Il pose sa tasse sur la table puis croise les bras sur son torse.
- Je ne touche pas aux bêtes, mais les fromages c'est les miens, je viens les faire.
Je pose ma tasse moi aussi, et d'une voix tranquille, mais ferme.
- Tu veux refiler ta maladie des pustules à tout le monde ou quoi ? Imagine : Tu prépares tes fromages, et une pustule éclate et tout le liquide dégelasse tombe dans le lait ? Que va-t-il se passer selon toi ?
Il a les yeux exorbités et la bouche qui s'ouvre toute seule, je le vois s'imaginer la scène et apparemment, elle le fait grimacer.
Je hoche la tête pour affirmer mes dires. Hors de question, que je me le trimballe toute la journée !
- Oui, tu peux le penser, ce n’est vraiment pas du tout hygiénique, c'est même vomitif ton truc. Alors tu restes ici et tu te reposes. Je vais gérer les fromages. Tu verras, ils seront tout mignons tout plein. Si tu veux, je leur mettrai des rubans roses autour pour faire jolie.
- Des rubans roses ?
- Oui, et des bleus pour les garçons. Il ne faut pas faire de jaloux !
Son visage se déforme petit à petit, ses yeux, émettent des ondes négatives intenses. Je le sens d'un coup prêt à exploser.
Pourtant, la matinée avait plus tôt bien commencé.
- Hors de question que tu t'occupes de mes produits. Je viens et tu feras comme je te le dis un point c'est tout.
Et pour affirmer son affirmation, ou bien me montrer qu'il est toujours le chef, il hoche la tête et tape un pied par terre. Il aurait réussi à m'impressionner si son geste n'avait pas été accompagné, d'un subreptice grattage de cuisse.
- Arrête de te gratter !
- Je ne me gratte pas, et ne change pas de sujet.
- Je ne change pas de sujet, et je t'ai vu te gratter !
Il fait sa tête de cochon et se gratte de nouveau le cou cette fois.
- Tu dis n'importe quoi ! Et je viens, que cela te plaise ou non. C'est mon fromage, c'est mon exploitation, pas la tienne !
Je lève les yeux au ciel et pousse un gros soupir.
- Ce que tu peux être obtus comme type ! Tu es malade, tu ne peux pas venir. Si tu continues, je fais revenir le médecin et il va te calmer, tu vas voir.
- Ah oui ? Qu'il vienne, je l'attends celui-là !
Il a l'air de plus en plus énervé et je commence à avoir un peu peur. Son état m'intrigue, et c'est d'une voix de négociatrice que je m'adresse à lui.
- Tu ne vas tout de même pas casser la figure au médecin ! Ce n'est pas de sa faute !
Et là, il perd complètement pied, il se met à tape le sol avec ses pieds, il lève la tête et grogne, on dirait un loup-garou en pleine transformation. Je repousse brusquement ma chaise et m'éloigne de lui prudemment. Puis il se met à grogner.
- Putain, ces démangeaisons vont me tuer. Je n'en peux plus.
Et il se met à se gratter de partout comme un possédé. Et moi, en bonne secouriste, et surtout, comprenant qu'il ne va nullement se transformer, je me jette sur lui pour lui prendre les mains et les bloquer contre moi. Je bataille un moment, mais je réussis mon coup, et j'en suis plutôt fière.
Donc me voilà, le souffle court, un sourire triomphant sur les lèvres, au milieu de la cuisine, mes mains emprisonnant les siennes, que j'ai coincées contre ma poitrine pour plus de sureté. Je suis collée à lui, je relève les yeux, toute fière de moi. Mais, face à son regard, je déchante brusquement. Il a l'air horrifié et même tétanisé.
Mon petit cerveau se met à analyser la situation et me lance des signaux d'alerte. Je suis son regard et fixe ses paumes grandes ouvertes posées chacune sur mes seins, et moi, qui les maintient fermement dans cette position. Comprenant que cette situation n'est absolument pas normale, je le repousse brusquement.
- Non, mais ça ne va pas, espèce de pervers !
Il se repousse, lui aussi outré.
- Mais ce n'est pas moi, c'est toi qui m'as sauté dessus, c'est toi la perverse !
- Je ne suis pas perverse, je voulais t'empêcher de te gratter, espèce de zéro, et tu en as profité pour me peloter !
Il se passe la main dans les cheveux, se met à tourner en rond tout en soufflant de frustration, puis, il fait un geste de la main vers mes seins.
- De toute façon, ils sont si petits, que je n'ai rien senti.
- HA !
Mon cri est venu du fin fond de mes entrailles. Sa réflexion m'a laissé sur les genoux.
- Tu n'es qu'un sale macho.
Je prends ma veste et sors dehors dans un état proche de l'hystérie. Arrivée en bas des marches, je me rappelle qu'il faut que j'aille à la pharmacie pour lui. Alors je remonte les marches, ouvre la porte, passe devant lui, comme une fusée, prends l'ordonnance puis me retourne vers lui, le regard mauvais, et une main tendue.
- Donne-moi des sous pour tes médicaments, je vais à la pharmacie, espèce de pustule géante !
Il s'approche de l'entrée et farfouille dans son blouson. Il en sort un billet et il me le tend.
- Je ne voulais pas me montrer vexant, mais je te jure, je n'ai rien senti, tu peux être rassuré de ce côté-là !
Et il en rajoute en plus une couche. Il a fini de me vexer celui-là ! Je lui prends le billet d'un geste rageur, repasse devant lui et avant de claquer la porte je lui lance.
- Espèce de petite bitte !
Ce que l'on peut dire comme bêtise quand on n'a plus rien à dire !
Je fonce vers ma voiture, toujours en rage. J'entends sa porte s'ouvrir et il me hurle dessus.
- Viens la voir, ma bitte, tu verras si elle est petite, espèce de malade mentale !
Je pince des lèvres et je vais pour lui répondre quand un grand rire ainsi qu'un ricanement moqueur me font sursauter. Et que vois-je devant chez moi ? Paul et Céline, les yeux et les oreilles grands ouvertes, un sourire de clown sur leurs visages.
- Eh bien, on ne s'ennuie pas chez vous !
Céline a pris son ton mielleux que je déteste. Quant à Paul, il donne un coup de coude à sa dulcinée, tout en lui disant.
- Tu vois, je te l'avais dit, elle en pince pour lui. Elle rêve de lui et lui veux lui montrer son joujou ! Ha ! c'est beau l'amour.
Je crois que, de rouge de rage, je suis passée à blanche de honte. Et c'est en mode automate que j'ouvre ma portière et me glisse sur le siège conducteur. Je mets le contact, quand la portière passagère s'ouvre et une Céline hystérique vient se glisser près de moi.
- Je viens avec toi, tu as des tas de trucs à me raconter, espèce de petite cachotière.
- Céline descend de là !
- Non ! je ne descendrais pas. Allez, roule ma poulette. Je suis trop excitée, j'ai envie de faire pipi !
Je lui fais les gros yeux.
- Interdiction de faire dans ma voiture !
Elle me sourit, le regard pétillant de malice.
- Ne t'inquiète pas, c'est les vessies des femmes enceintes.
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Nicolas Bonin
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Il y a 6 ans
maioral
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Jeanne F.
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AlienLikeU
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Maloria
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Jeanne F.
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Il y a 6 ans