Fyctia
SOS MEDECIN
Je frappe une première fois, puis j'attends bien sagement. Satan de l’autre côté se met à pleurer. Je frappe une seconde fois, et comme personne ne vient, j’ouvre la porte doucement. Un Satan en état de surexcitation se jette sur moi.
Je le saisis par le col et le repousse.
- Arrête, espèce de sac à puces. Tu as la rage ou quoi ?
Il se détourne brusquement et file à l’étage comme un possédé. Je le suis, maintenant vraiment très inquiète. Il ne faudrait pas que mon voisin soit mort dans son lit ou un truc du genre.
Je remarque que la décoration est restée la même que du temps de Blanche. Donc je suppose qu’il a pris sa chambre aussi. Devant la porte, j’hésite une fraction de seconde, terrorisée à l’idée de ce qu’il peut y avoir derrière. Mais il faut que j’en aie le cœur net.
Je pousse le battant et allume à tâtons le plafonnier de cristal. La lumière éclate dans la pièce et je repère Satan sur le lit, toujours en train de chouiner. Sous les édredons en plume, je repère une forme.
- Émilien ?
Pas de réponse, je m’approche un peu plus.
- Émilien, ton chien ne fait qu’aboyer, il faudrait que tu te réveilles.
Toujours rien. Mon cœur bat à mille à l’heure et l’angoisse m’empêche de respirer. Je soulève prudemment l’édredon et un Émilien tout recroquevillé m’apparait. Il est toujours habillé et semble vraiment mal en point. Il a les joues rouges, je tâte son front et il est bouillant.
- Hé merdoum. C’est la journée des mauvaises nouvelles aujourd’hui !
Je lui retire complètement l'édredon, et essaie de le réveiller. Je le secoue doucement, quand la lumière du plafonnier éclaire son visage, et là je me statufie. Il a des boutons partout sur la face. Je me penche un peu plus et en fait de boutons ce sont des sortes de cloques.
- Émilien, réveille-toi. C’est quoi tous ces boutons ?
Je le sens réagir à mon secouage en règle, il ouvre un œil, puis marmonne une phrase inintelligible.
- Je ne comprends rien. Répète.
- Malade……. Pas bien.
La blague, je le vois bien qu’il est malade.
- Tu as pris ta température ?
- Non…. Les bêtes.
- Tu as envie de vomir ?
- Non…… Les bêtes.
- Ne t’inquiète pas, je m’en occupe, mais avant il faut que je sache quelle température tu as. J’ai l’impression que tu vas exploser. Tu as un thermomètre ici ?
Je suis obligée de le secouer, il est reparti au pays des rêves.
- C’est ……. Pas.
Bon, Francine, il faut se poser et réfléchir. Premièrement, faire baisser cette fièvre pour pouvoir communiquer avec lui.
Je laisse tout en plan et me précipite chez moi pour récupérer de quoi faire baisser cette fièvre. De retour, thermomètre en main, l’appareil indique 40.6, mon voisin est en train de bouillir.
Je pourrais le trainer dans la neige et le laisser refroidir quelques minutes, mais je ne suis pas sûre que ce soit la solution à mon problème. Et puis à vue d’œil, il doit peser une tonne. Je me précipite dans la salle de bain et trempe une serviette dans de l’eau tiède. Si je lui jette des glaçons dessus, il risque de faire un choc thermique. Il vaut mieux y aller petit à petit.
De retour dans l'antre du malade je me rends compte qu’habillé, je n’arriverais pas à faire baisser sa température. Donc ni une ni deux, je commence à lui ôter ses vêtements. Le gros pull en premier. Je tire d’un côté, de l’autre, je soulève comme je peux ce poids mort. Le pantalon prend le même chemin que le reste de ses vêtements. Puis je pose ma serviette froide sur lui. Il gigote et essaie de me repousser.
- Froid…
J’essaie de le maintenir en place, mais même dans son état il a de la force.
- Je sais, mais il faut faire baisser cette fièvre. Je vais te donner des médicaments, il va falloir que tu les avales.
Aucune réaction, il est de nouveau parti loin de moi. Et puis tous ces boutons commencent à m’inquiéter. Il ne faudrait pas qu’il soit contagieux, qu’il me refile une maladie exotique, que personne ne connait.
Prise de panique, je téléphone à SOS médecin, qui vu mon état de panique m’envoie un docteur en priorité.
En attendant, j’essaie de lui administrer du Doliprane, mais en bonne tête de mule, il résiste et refuse de m’accorder, ne serait-ce qu’une seconde, afin d’avaler un verre d’eau. Je peste après lui, et continue mon trempage de serviette. Je le vois frissonner, il essaie d’attraper la couette, mais je la lui retire et la cache dans le couloir.
- Froid…
- Je sais, le docteur arrive, il va te soigner et tout ira bien.
- Vaches, il faut…… occuper ….. vaches.
- J’attends le docteur et je m’en occupe. Ne t’inquiète pas, je gère !
Je ne gère absolument rien, mais nous allons faire comme ci.
Des phares, et un bruit de voiture me font presque sauter au plafond. Je dévale les marches et ouvre la porte d’entrée à la volée, je pousse un cri de soulagement, en voyant un petit homme, une mallette à la main. La seule chose que j’arrive à lui dire c’est :
- Je crois qu’il est en train de mourir. Il est en train de bouillir.
Il presse le pas tout en me rassurant.
- Nous allons voir cela, jeune fille. Le médecin c’est moi. Mais je suis sûr que tout ira bien.
Oui, tu parles, tout ira bien s’il meurt, oui. Je récupère sa ferme, mais ma conscience va me pourrir la vie. À force de lui avoir envoyé toutes ces ondes négatives, j’ai réussi à le rendre malade à en mourir.
J’attends impatiente et anxieuse dans la chambre. Je respire à peine.
- Il est dans cet état depuis quand ?
- Je ne sais pas, ce matin, il avait l’air bizarre, et puis je ne l’ai plus vue.
- Il a de la fièvre depuis combien de temps ?
- Aucune idée. Je ne vis pas avec lui, je suis sa voisine qu’il déteste.
Le médecin tourne brusquement la tête et me regarde un peu désorienter.
- Il vous déteste ?
Je hoche la tête et pousse un long soupir.
- Oui, mais c’est une longue histoire. Il va mourir ?
- Non, il a la varicelle. Je vais lui faire une piqure pour faire baisser la fièvre et puis tout devrait aller bien.
Je m’accroche au montant de la porte pour ne pas tomber.
- La varicelle ? Il a la varicelle ? Mais c’est une maladie pour les enfants, pas pour les adultes !
Le médecin secoue la tête, un sourire aux lèvres.
- Non, les adultes l’ont aussi. D’ailleurs, si vous ne l’avez pas eu vous devriez ne pas rester ici.
- Je l’ai eue petite, c’est bon.
- Bien, car chez l’adulte la maladie peut être très virulente, comme c’est le cas ici.
Il se relève, farfouille dans son sac, en ressors une petite fiole et une seringue.
- Il va falloir le surveiller ce soir. La fièvre va baisser, et il faudra l’hydrater. Avec la fièvre nous perdons beaucoup d’eau, alors ce soir donnez-lui à boire dès que vous le pouvez. Il doit manger aussi. Un bon bouillon devrait lui faire du bien.
Heu, je n’avais pas prévu de rester cette nuit ni de lui faire à manger, Monsieur le gentil médecin. Alors, je lui pose la question stupide qu'il ne fallait pas prononcer.
- Mais ce n’est pas vous qui devez rester, pour le surveiller ?
8 commentaires
Nicolas Bonin
-
Il y a 6 ans
maioral
-
Il y a 6 ans
Faye-lana.m
-
Il y a 6 ans
AlienLikeU
-
Il y a 6 ans
Jeanne F.
-
Il y a 6 ans
Catherine kakine
-
Il y a 6 ans
Jeanne F.
-
Il y a 6 ans
Mymy M. *Sakuramymy*
-
Il y a 6 ans