Jeanne F. FRANCINE ET EMILIEN A LA FERME SAUVETAGE

SAUVETAGE

- Je te préviens toi, si tu continues à embêter Flocon, je te castre.


- Essayez donc pour voir. Moi je plume tous vos petits lapins de concours.


Sa voix tonitruante et menaçante derrière moi me file les jetons. Je sursaute, et heureusement que la barrière n’est pas loin pour me retenir, car mes jambes ont failli faire le grand écart de peur.


Je lui jette un coup d’œil pour vérifier son état d’énervement. Il est comme presque toujours en colère, mais ce matin je lui trouve un air pas normal. Dans la faible lueur du matin, il a un teint cireux, des poches noires sous les yeux. Il se rapproche de Satan et lui caresse la tête.


À voir sa mine, je peux m’aventurer à le mettre en colère.


- Alors, dites à votre chien de ne plus embarquer Flocon avec lui dans ces virées nocturnes.


Il se passe une main lasse dans les cheveux. Puis soupire.


- Donner la pilule à votre chienne.


Je fronce les sourcils d’étonnement. Il ne me crie pas dessus ?


- Non, c’est cancérigène !


- Alors, mettez-lui une culotte spéciale.


Je ricane, face à l’image qui me vient à l’esprit.


- Parce que vous croyez que cela va arrêter votre sale cabot ? Il est capable de la lui arracher avec les dents, pour arriver à ces fins !


Lui ne rigole pas du tout. Je le trouve de plus en plus bizarre.


- Vous râlez, parce que vous êtes jalouse ?


Sa réflexion me fait sursauter.


- Comment cela jalouse ?


Un sourire pervers étire ses lèvres.


- Vous aimeriez qu’on vous l’arrache, la vôtre, de culotte ?


Un hoquet de surprise me fait me crisper un peu plus, sur la barrière en bois.


- Mais c’est quoi cette réflexion ? Cela ne va pas bien dans votre tête. Et puis je ne vous permets pas de parler de mes petites culottes.


Il baisse les yeux sur mon fessier, l’œil gourmand.


- Vous portez quoi ? Des strings, des culottes de vierge effarouchée, ou bien celle de grand-mère, bien couvrante.


Je plaque mes mains sur mon jean et me tourne afin qu’il ne puisse plus voir mon postérieur.


- Vous êtes aussi pervers que votre chien.


Puis, toujours avec les mains sur les fesses, je détale, direction la maison.


- Inutile de parler avec vous, vous être trop bornée.


- C’est moi le borné ? Donnez à votre chienne la pilule !


- NON !


Je l’entends baragouiner dans sa barbe, sûrement des insultes, mais je m’en fiche, il faut que je mette mon postérieur et mes strings à l’abri. Je suis presque arrivée quand je l’entends me crier dessus.


- Je paierais la moitié du vétérinaire, mais je veux un test de paternité. Votre chienne court partout, ce n’est peut-être pas Satan le père.


Je me retourne outrée, de son discours. Et là, je le vois vaciller sur ses pieds, il se retient in extrémis à la barrière.


Je stoppe pour voir s’il tombe ou pas, non, il se rattrape, se passe une main sur la figure, puis se redresse. Mon âme de saint Maritain prend le dessus.


- Vous vous sentez bien ?


Il se met à grogner comme un ours en mal de miel.


- Qu'est-ce que ça peut vous foutre ?


C'est qu'il va me vexer ce petit con.


- Moi rien, mais si vous avez l'intention de mourir, merci d'aller à l'hôpital, je n'aimerais pas que vous polluiez la nappe phréatique avec vos particules toutes pourries.


Re-grognage d'ours mal léché.


- Foutez-moi la paix pour une fois. Vous êtes épuisante.


Et effectivement, je le trouve vraiment très fatigué. Je le regarde une dernière fois, pas très sûre de ce que je dois faire. Il est vraiment bizarre aujourd'hui. Mais, comme apparemment, il ne veut pas de mon aide, et bien, je me tourne et m'engouffre dans mon chez-moi, sans plus m'occuper de lui et de son cabot de chien. Tel maitre, tel chien.


Je déjeune, me lavage et je me change. Pour le brossage des lapins, je n'ai pas besoin de ma salopette de compétition, vert kaki. Donc me voilà en jean et pull angora vert anis.


Puis je retourne à mes lapins, pour une séance de brossage et "dégourdissage" de papatte.


Je laisse gambader vingt lapins et je commence le brossage. C'est un travail laborieux, mais nécessaire. Mes petites boules de poils doivent être brossées régulièrement sinon, leurs poils s'emmêlent et font des nœuds. Je récolte les poils surtout en période de mue, c’est-à-dire tous les 100 jours environ, mais il faut les brosser même en dehors. Un lapin peut mourir s'il n'est pas entretenu.


Donc officiellement je suis cuniculicultrice, c'est le nom que l'on donne à l'éleveuse de lapin angora. Et surtout, on ne rit pas, s'il vous plait.


Mes lapins peuvent vivre jusqu'à 8 ans, ils naissent, vivent et meurent sur mon exploitation, c'est pour cela qu'ils ont tous un nom, et que je leurs parlent. Ils font partie de ma famille au même titre que Flocon. J'en possède une soixantaine et même si je sais que je ne serais jamais riche, je vis de mon exploitation, et cela est déjà un exploit.


J'aime ce que je fais et je ne changerais pour rien au monde. L'avantage de l'angora c'est que le lapin ne transpire pas, donc inutile de laver le poil avant le filage. Du brossage on passe directement à la mise en pelote. Je simplifie le travail, mais c'est comme cela que ça se passe avec le poil angora.


Après, soit je tricote ma laine, ou alors j'en vends une partie à des filatures, car mon angora est de très bonne qualité, et j'en suis fière.


Sur les coups de midi, tout en mangeant j'appelle Céline pour prendre de ses nouvelles.


- Coucou, c'est moi !


Un petit blanc me répond puis elle se met à chuchoter.


- Salut, je parle doucement, je ne veux pas que Paul m'entende. Je suis censée me reposer.


- Alors tu as quoi ? Une gastro ?


Toujours à voix basse, j'ai du mal à la comprendre.


- Non, je suis enceinte ! Et Paul ne veut plus que je bouge jusqu'à l'accouchement.


La nouvelle me surprend, mais je suis contente pour elle. Il y a un an elle a fait une fausse couche et je sais qu'elle en a été très peinée.


- Félicitations ma belle. Paul a raison, repose-toi aujourd'hui.


Puis, en lieu et place des chuchotements, j'entends la voix étouffée de Paul, puis celle suppliante de Céline.

Je ne comprends rien à ce qu'il se passe et cela me stresse.


- Céline, tu vas bien ?


Toujours rien, juste ces voix étouffées. Je commence à angoisser.


- Céline, réponds-moi !


Puis, des pleurs me parviennent suivi de :


- Paul me séquestre, il est horrible, je ne tiendrais pas si longtemps.


Et puis plus rien. Le téléphone vient d'être raccroché. Je le fixe hébétée, avant de comprendre que mon amie est en danger. Paul, son mari si gentil, lui fait du mal et il faut absolument que j'aille la sauver. Je le savais, on ne peut pas faire confiance à un homme, ils sont tous les mêmes brutaux et violents, comme mon abruti de père.


Ni une ni deux, je repousse ma chaise, laisse en plan mes macaronis aux fromages et appelle la gendarmerie, tout en passant mon blouson.


- Gendarmerie de Formiguère, bonjour, que puis-je pour vous ?


- César ? C'est moi Francine. Il y a Paul qui séquestre Céline.

Tu as aimé ce chapitre ?

8 commentaires

Nicolas Bonin

-

Il y a 6 ans

J'aime bien le côté barré de ton héroïne qui appelle la gendarmerie à la première alerte avec un mec. Est-ce que ça a un rapport avec son père ?

maioral

-

Il y a 6 ans

Bon, c'est pas un peu tiré par les cheveux de tout de suite appeler la gendarmerie alors qu'elle est sûrement en train de plaisanter Céline ? :') Néanmoins, j'aime toujours beaucoup les piques entre Francine et Emilien :)

Faye-lana.m

-

Il y a 6 ans

Ah ben ça je ne m'y attendais pas !!

Camille Jobert

-

Il y a 6 ans

La suite !!! Je sens que ça va être marrant

bluebutterfly

-

Il y a 6 ans

Mon dieu !!!!! ( tête choquée ) LA SUITE

kleo

-

Il y a 6 ans

Vite la suite!!!!!!!!

Mymy M. *Sakuramymy*

-

Il y a 6 ans

La suuuuuiiiiiiteeee

AlienLikeU

-

Il y a 6 ans

Alors, appel nécessaire ou quiproquo ? Hâte de découvrir la suite
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.