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FLOCON ET SATAN
Je me lève précipitamment et ouvre la porte. Devant moi, une boule de poil pleine de boue s'engouffre dans la maison, et derrière elle je vois Satan, le chien du voisin, dans le même état que ma chienne. Elle me pousse et passe entre les jambes. J'essaie de prendre ma grosse voix pour la réprimander.
- Flocon ! Mais ou étais-tu ? Cela fait deux jours que je te cherche, espèce de petite fuyarde !
Ne faisant pas du tout attention à moi, elle se précipite dans la cuisine ou ses croquettes l'attendent bien sagement. Je claque la porte, et me précipite à sa suite.
- Tu m'écoutes quand je te parle ? Je suis vraiment, très, très, en colère après toi !
Elle lève à peine la tête, me jette un œil et se précipite sur sa gamelle d'eau qu'elle dévalise. Je m'approche d'elle et l'inspecte sous toutes les coutures jusqu'à ce qu'une odeur nauséabonde arrive à mes narines.
- Mais tu pues ! Ou est-ce que tu es allée trainer, encore avec ce satané Satan !
Apparemment repue, elle m'accorde enfin son attention. Elle se tourne, la langue pendante, la bave aux lèvres, le regard joyeux et ne trouve rien de mieux à faire que de venir me sauter dessus. Et je vous prie de croire qu'un chien des Pyrénées quand il vous saute dessus c'est un match de catch que vous engagez avec lui. Je me retrouve, les fesses par terre, de la bave partout, une odeur de fosse septique vient se coller à moi et mon joli pull angora rose prends une teinte maronnasse.
- Flocon, arrête ça, de suite.
Je crie, mais rien n'y fait. Elle a décidé de fêter son retour et rien ne peut l'en dissuader. J'essaie de la repousser et me redresse tant bien que mal.
- Tu es pénible, tu le sais ! Regarde dans quel état tu es. Aller, direction, la douche.
Et je lui montre l'étage avec mes gros yeux, pas contente du tout.
- Et je te préviens, si tu es allée faire des folies de ton corps avec le voisin, je ne m'occupe pas de tes rejetons, tu te débrouilleras toute seule. Tu veux jouer la grande, et bien ma fille, il va falloir assumer jusqu'au bout.
Elle me regarde de son regard tombant, la tête basse.
- Oui, tu peux ne pas être fière de toi, jeune fille ! Maman est super en colère après toi. Tu ne m'écoutes jamais, et maintenant voilà, tu es dans un état lamentable. Tu te rends compte que tu aurais pu te faire mal, et même mourir !
Je lui secoue un doigt sous son museau penaud.
- Et maman, elle fait quoi, s'il t'arrive quelque chose ? Eh bien oui, elle pleure.
Je la vois baisser la tête de plus en plus jusqu'à avoir son museau entre ses pattes de devant. Et là, je craque, tellement soulagée de la retrouver en un seul morceau. Je me jette à son cou et lui fais un gros câlin.
- Ne me refait jamais plus cela, je te préviens. Sinon je t'attache.
Après une séance de câlinage écourtée par l'odeur et l'état de flocon, nous passons sous la douche. Je la lave en premier, puis la sèche consciencieusement. Elle adore le sèche-cheveu. Puis c'est la douche, que je la récure de fond en comble, avant de passer moi aussi sous la douche pour la deuxième fois de la soirée.
Deux heures plus tard, je me retrouve dans mon salon, vautrée sur mon canapé, Flocon couchée devant la cheminée ronfle paisiblement. Et moi je la regarde avec soulagement. Jusqu'à présent, j'arrivai à la maitriser lorsqu'elle avait ses chaleurs, mais pas pour cette fois. J'attrape mon téléphone et compose le numéro de mon voisin Émilien. Je l'entends dévaler les marches chez lui et il décroche.
- Oui ? Quoi ?
- Je vous préviens, si votre cabot a engrossé Flocon, je vous refile les bébés.
Un silence, puis un grognement venant du fin fond de son être me répond.
- Vous n'aviez qu'à lui refiler la pilule à votre chienne. Et puis ne vous étonnez pas si vous avez des problèmes avec elle, à force de la laisser vadrouiller partout, comme vous faites.
Mon sang ne fait qu'un tour, je me lève de mon canapé douillet prête au combat.
- Ha ! parce qu'en plus c'est de ma faute ! Et votre sale cabot alors, il est tout le temps chez moi et renifler le derrière de Flocon, il faudrait l'attacher lui aussi. Et puisque nous y sommes, lui faire faire une vasectomie par la même occasion.
- Vous vous fichez de moi ? Satan est un chien qui garde le troupeau, je ne peux pas l'attacher. Votre chienne par contre, ne sert strictement à rien, tout juste bonne à venir dévergonder mon chien.
- Oseriez-vous dire que ma chienne à la patte légère ? Je vous signale que nous sommes au vingtième siècle et que les chiennes ont le droit d'avoir une vie sexuelle sans être jugée de légère ! Alors faite faire une vasectomie à votre chien, ou c'est moi que le castre !
Il vient de pousser un cri, pas très masculin, et il se met à hurler. J'éloigne le combiné de mon oreille et l'écoute à travers la cloison.
- Touchez à un seul poil de mon chien et je ferais de votre vie un enfer. Et il est hors de question que je castre mon chien. C'est un mâle un vrai, on ne lui coupera pas les bourses ! faite opérer votre chienne en chaleur plutôt.
Puis il raccroche brusquement. Me laissant avec ma rage. Alors je hurle sur le mur mitoyen.
- Hors de question ! Apprenez à votre chien à se servir d'un préservatif parce que la pilule c'est chimique et cela donne le cancer et je ne lui donnerais jamais. Espèce de réac. Néandertalien !
Pour toute réponse, un violent coup sur la cloison me fait sursauter, puis un cri de rage finit de me terroriser. Je me précipite sur la porte et vérifie qu'elle est bien fermée à clef, puis, s'en faire de bruit, je me précipite dans ma chambre. La violence je n'aime vraiment pas, et ce coup sur le mur à fait retomber ma rage comme un soufflet. Je me glisse dans les draps, toujours silencieuse. Ce type est un ancien militaire, et souvent je l'oublie lors de nos disputes. Mais ce coup contre le mur vient de me remettre les idées en place. C'est une chose de lui tenir tête, c’en est une autre d'être suicidaire. Demain, il fera jour, et il se sera surement calmé. Nous reprendrons cette conversation quand Flocon sera pleine, pas avant. Et même alors, je crois que je me ferais accompagner des gendarmes, au cas où.
Le lendemain, toujours la même routine, levée au aurore, bol de café, puis direction les lapins pour un nettoyage des cages avec distribution de graines et petits légumes frais. Flocon n'a même pas dénier me suivre, elle ronfle toujours à la maison. C'était bien la peine que je défende son honneur hier soir.
Deux heures plus tard, je repars direction la maison pour un bon petit déjeuner. Sur le chemin je croise Satan, heureux de lui apparemment. Je le pointe du doigt à travers la clôture, l'air méchante.
- Je te préviens toi, si tu continues à embêter Flocon je te castre.
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Nicolas Bonin
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Simon Saint Vao
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maioral
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Jeanne F.
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Debby M
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