David.J FRACTURE Chapitre 3 (2/4)

Chapitre 3 (2/4)

Chapitre 3 – Une piste inquiétante


Elle baissa encore la voix, et un léger frémissement parcourut ses épaules.

— Quelqu’un qui n’était pas lui.

Ses doigts se crispèrent sur la tasse, blanchissant ses phalanges.

Un courant d’air imperceptible sembla traverser la pièce.

Étienne se redressa légèrement, posant ses mains à plat sur la table, son regard scrutant Sophie avec une attention redoublée.

Elle ne mentait pas.

Elle avait peur.

Pas seulement pour son frère.

Mais parce qu’au fond d’elle, elle savait que ce qu’il avait vu…

Était peut-être toujours là.

Le silence s’étira, dense et oppressant, alourdissant l’air de la petite salle d’interrogatoire comme un brouillard invisible. L’atmosphère semblait suspendue, presque figée dans une attente silencieuse, où seul le tic-tac discret de l’horloge murale osait troubler le vide sonore.

David fut le premier à rompre cet équilibre fragile. Il se redressa, croisa les bras et planta son regard sur Sophie.

— Il avait des antécédents psychiatriques ?

Sa voix était neutre, mais le sous-entendu était clair. Il cherchait une explication rationnelle, un élément tangible qui permettrait de donner un cadre logique à l’étrangeté de cette affaire.

Sophie secoua vivement la tête, son mouvement presque trop brusque, comme si la question elle-même la révoltait.

— Non. C’est ça le pire.

Sa voix trembla légèrement, un frémissement à peine perceptible, mais qui ne passa pas inaperçu aux oreilles d’Étienne.

— Marc était rationnel, pragmatique. Il n’était pas du genre à céder à des peurs irrationnelles ou à s’inventer des histoires. Ce n’est que ces dernières semaines qu’il a… changé.

Un silence glissa entre eux, aussi pesant que la brume qui stagnait dans cette affaire.

Étienne regarda un instant le mur derrière Sophie, laissant les mots s’imprégner dans son esprit, s’y ancrer comme des pièces de puzzle dont l’image finale échappait encore à son raisonnement habituel.

Il le sentait, ce frisson imperceptible à la lisière de sa conscience, cette sensation insidieuse qu’une réponse se trouvait juste sous la surface… mais laquelle ?

Sophie inspira profondément, sa gorge se nouant sur les mots qu’elle s’apprêtait à dire. Lorsqu’elle reprit la parole, ce fut d’un ton plus bas, presque un murmure.

— Un soir, il m’a appelée en panique.

Ses doigts se resserrèrent sur la porcelaine tiède, tentant d’y puiser un réconfort, une preuve tangible qu’elle était encore ici.

— Il répétait sans cesse qu’il devait “arrêter avant qu’il ne soit trop tard”.

— Arrêter quoi ? dit Étienne.

Sophie releva lentement les yeux vers lui, son regard brillant d’une détresse contenue, d’une peur encore vivace, même après la disparition de son frère.

— Je n’ai jamais su.

Elle marqua une pause, puis sa voix vacilla.

— Mais il a arrêté son traitement ce jour-là.

David échangea un regard appuyé avec Étienne.

— Quel traitement ?

Sophie hésita un instant avant de répondre, et lorsqu’elle parla, sa voix était plus prudente, comme si elle révélait un secret interdit.

— Il voyait un psychiatre depuis quelques mois.

Elle fronça les sourcils, cherchant dans sa mémoire.

— Un certain…

Elle plissa les lèvres, et finalement, murmura :

— Victor Renard.

Une onde traversa le corps d’Étienne.

Le nom ne lui disait rien.

Mais il savait une chose.

Ce n’était pas une coïncidence.

David, déjà absorbé par son écran, tapota frénétiquement sur son clavier avant de pivoter son ordinateur vers lui.

— Regarde ça.

Sur l’écran, un document détaillait les habitudes des deux victimes.

Marc Lambert et Alexandre Giraud.

Ils n’avaient, en apparence, aucun lien.

Rien.

Mais un élément venait de les relier.

Les deux hommes fréquentaient le même groupe de soutien psychologique.

Un groupe dirigé par un certain Dr Victor Renard.

Le silence retomba brutalement sur la pièce, cette fois plus oppressant, plus épais, comme une chape invisible qui s’abattait sur eux.

Étienne se redressa lentement, sa mâchoire légèrement contractée.

— On va devoir aller lui parler.

David hocha la tête sans un mot, mais son regard restait rivé sur Sophie.

Elle semblait… ailleurs.

Son regard flottait dans le vide, comme si elle était prisonnière d’une pensée qui la hantait.

Ses doigts crispés sur sa tasse ne bougeaient plus.

David s’éclaircit la gorge.

— Mademoiselle Lambert ?

Sophie cligna des yeux, sursauta légèrement.

Son regard se perdit un instant sur le bureau devant elle, puis elle releva enfin les yeux vers Étienne.

Et dans ce regard…

Quelque chose avait changé.

Une tension sourde, une peur viscérale.

Une certitude.

Elle ouvrit la bouche, et ce qu’elle dit ensuite glaça l’air de la pièce.

— Ne lui faites pas confiance.

Il sentit, sans même pouvoir l’expliquer, que chaque mot qu’elle venait de prononcer pesait plus lourd qu’il ne l’imaginait.

Il retint son souffle.

— Pourquoi ?

Sophie hésita.

Puis, lentement, elle leva les yeux vers lui.

Ses pupilles brillaient d’une lueur indéfinissable.

Une peur brute.

Une vérité qu’elle aurait préféré ne jamais connaître.

Et enfin, elle murmura :

— Parce qu’il savait.

Étienne la fixa, cherchant dans son regard une explication qu’elle ne semblait pas prête à donner. David, debout près de la fenêtre, croisa les bras et se racla la gorge, mais ne dit rien. L’atmosphère dans la pièce était devenue plus lourde, presque oppressante, comme si un poids invisible venait de s’abattre sur eux.

Sophie détourna les yeux, comme si elle regrettait déjà d’avoir parlé. Elle serra les mains autour de sa tasse, dont le contenu avait depuis longtemps refroidi.

— Sophie, insista doucement Étienne. Qu’est-ce que vous voulez dire ?

Elle inspira profondément, hésita.

— Je… je ne sais pas, murmura-t-elle. C’est juste… une impression. Quelque chose que je ressens.

Une impression. Rien de concret. Mais Étienne savait reconnaître une peur sincère quand il en voyait une. Il laissa échapper un soupir et referma son carnet.

— Si jamais vous vous souvenez de quelque chose, appelez-moi. À n’importe quelle heure.

Elle acquiesça lentement, sans ajouter un mot.

David lança un regard à Étienne. Il était temps d’y aller.

Ils se levèrent en silence, laissant Sophie seule, figée dans son propre tourment.


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1 commentaire

Carl K. Lawson

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Il y a 25 jours

Like de soutien 😉 passe me voir si tu as le temps ☺️🙏🏼
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