Fyctia

Encore une fois, je rigole et ça fait du bien. La journée se termine beaucoup mieux qu’elle n’a commencé.

— La faute ne va pas à mes frites, jeune demoiselle, riposte Gabriel avec le sourire.

— Ah oui, à cause de quoi alors ?

Son visage reprend une nouvelle fois cette jolie couleur rouge tomate. Je vois à son regard qu’il essaye de trouver une réponse, mais apparemment, rien ne vient.

— Je…

Il tourne son regard suppliant vers moi afin que je lui vienne en aide, mais il peut toujours courir. Il s’est mis dans cette situation tout seul.

— Je… Tu as raison, c’est la peau des frites, j’aurai dû t’écouter et l’enlever.

— Voilà, il faut toujours écouter les enfants. Mais, je dois te dire qu’elles sont bonnes quand même tes frites.

— Je te remercie, lui dit-il en souriant.

— Et moi, je pourrais en goûter au moins une, pour donner mon avis ?

— Bien sûr, me répond-il en me tendant le plat.

J’en récupère quelques-unes avec la pince et les mets dans mon assiette. J’en porte une à ma bouche, la croque et la mâche. Tous me regarde comme si le destin du monde était entre mes mains. Du coup, j’avale de travers et me mets à tousser.

— Tu vois, maman aussi elle s’étouffe avec la peau. Tu veux de l’eau maman ?

— Oui, merci ma chérie.

En faisant très attention, elle me verse de l’eau. J’attrape mon verre et le bois rapidement.

— Ça va aller ?

— Oui, ça va, c’est passé.

Je jette un petit coup d’œil vers Gabriel et le vois encore une fois me dévisager. Je ne sais pas trop comment réagir alors je lui souris.

Tu crois que c’est mon gémissement qui a provoqué tout ça ? Non, si, non impossible. S’il ressentait quelque chose pour moi, nous ne serions pas dans cette situation.

Je retourne à mon burger en faisant attention cette fois aux sons qui sortent de ma bouche.

Le repas terminé, nous envoyons les petites se laver les dents pendant que nous, nous débarrassons. Dom et Gabriel se retrouvent en cuisine, pendant que je reste avec Lucas.

— Tu m’expliques ?

— Il n’y a rien à expliquer. Et puis sur quoi d’abord tu veux des explications ?

— Sur beaucoup de choses qui ont eu lieu aujourd’hui ma grande, mais là, je veux savoir ce qu’il s’est passé durant le repas.

— Je n’en ai aucune idée.

— À d'autres.

— Je te le promets, j’étais en train de manger tranquillement et j’ai entendu un raclement de gorge. J’ai regardé Gabriel pour savoir pourquoi et il s’est mis à s’étouffer.

— Il faut dire que ton gémissement n’a pas dû l’aider.

— Tu l’as entendu aussi ?

— On l’a tous entendu. Enfin, les filles étaient plus occupées avec leur repas, mais ce n’était pas notre cas. Même Dom a eu un petit sourire.

— Misère ! Tu sais que ce n’était pas intentionnel. À chaque fois que tu fais des burgers, j’émets des bruits.

— Moi oui, je le sais, mais ce n’était pas leur cas. Je te rassure, j’ai trouvé ça très marrant de le voir se dandiner et de ne plus savoir ou se foutre, mais à l’avenir, fait attention.

— Promis, j’arrêterai de gémir.

— Si au moins, tu le faisais pour une bonne raison.

— Mais ma raison était tout à fait valable.

— Je te parle de sexe, chérie.

— J’avais compris, rassure toi. Malheureusement, ce n’est pas prêt d’arriver et encore moins dans cette maison.

— Parle pour toi ! Je gémirai autant que je veux ce soir et si tu veux, je penserai même à toi.

— Beurk, non, c’est glauque.

— Pas dans ce sens là andouille.

— J’avais encore compris, mais je voulais t’embêter.

— Chipie !

— Quoi ?

Nous nous retournons vers ma fille qui est revenue de la salle de bain et qui se demande bien pourquoi Lucas l’appelle.

— Pas toi, ma puce, je parlais de ta maman.

— Mais maman n’est pas une chipie, c’est maman.

— Oh si, s’en est une, mais c’est toi la reine des chipies.

— Ouiiii. Est-ce qu’on peut regarder tous un film ce soir ?

— Je ne sais pas, va demander aux garçons dans la cuisine.

— J’y vais.

Elle y court sans perdre une seconde. Sarah arrive à son tour, mais avec son doudou dans les mains. J’en connais une qui ne va pas faire long feu ce soir encore. Normal, me direz-vous à quatre ans.

Nous emportons dans la cuisine ce qu’il restait sur la table. Lucie essaye de les convaincre.

— Je suis d’accord, mais à une condition.

— Laquelle ? se méfie Lucie.

— Que ce soir, ce n’est pas moi qui te fera ta danse.

— Hum, d’accord.

C’est bizarre, elle capitule trop vite à mon goût. J’ai hâte de savoir qui va s’y coller.

Nous allons tous nous installer dans le grand canapé en reprenant les mêmes places qu’avant hier.

— Moment câlin ?

Lucie comprend et vient sur mes genoux. Sarah a aussi compris le truc et monte sur ceux de son père sous nos sourires. Ce soir, c’est Dom qui est chargé de trouver un film. Après une petite recherche pour que tous soient ok, il le lance. Nous nous blottissons les uns contre les autres dans un réflexe de bien-être.

Le film fini, Sarah s’est endormie dans les bras de Gabriel et Lucie, dans les miens. Je suis étonnée.

Les garçons poussent un soupir de soulagement pensant qu’ils vont y échapper, mais c’est mal la connaître. En me levant pour l’emmener au lit, elle se réveille. Nous sommes tous aux aguets sauf un. Je ne laisse rien paraître à l’extérieur, mais à l’intérieur, je jubile, encore. Hihihi.

— Gabriel, tu veux bien faire la danse s’il te plaît ?

Je t’aime ma fille.