Fyctia

— Allez maman, dépêche-toi !

— J’arrive, y’a pas le feu au lac.

— Pff, ça veut rien dire ça, maman.

— Ça s’appelle une expression ma chérie.

— Bah ça veut rien dire quand même.

— Peu importe, je suis prête, on peut y aller.

— Tout le monde nous attend dehors.

Je soupire et suis ma fille qui cavale vers l’entrée de la maison, afin de rejoindre les autres. Elle est surexcitée. Dès la fin du repas, elle et Sarah nous ont pressés pour qu’on aille se changer. Ça ne fait que la deuxième journée que nous sommes là et déjà, elles sont soudées pour les activités. J’ai remarqué qu’elles se ressemblaient sur beaucoup de choses. Étant donné que je connais la situation, on peut clairement voir leurs similitudes. Elles ne sont pas demi-sœurs pour rien. Je ne sais pas si Lucas l’a vu également, mais je lui demanderai à l’occasion.

Arrivant à l’extérieur, je vois toute la troupe qui m’attend. Lucas me lance un de ces regards pleins de questions, Dom se contente de sourire quand Gabriel me fait un signe de tête. La petite Sarah, quant à elle, me fait un énorme sourire qui lui traverse le visage d’une oreille à l’autre. C’est un vrai rayon de soleil cette enfant. Je ne sais pas comment était sa mère, mais dans bien des aspects, elle ressemble à son père.

Nous nous dirigeons vers la plage qui, effectivement, se trouve à deux pas de la villa. C’est génial. Il y a moins de monde que ce que je pensais. C’est cool, car je ne suis pas tout à fait à l’aise en maillot de bain. Faut dire que je m’exhibe rarement. Pour le coup, j’ai mis une petite robe d’été par-dessus mon maillot et je compte la garder jusqu’à ce que ma fille m’oblige à aller dans l’eau avec elle.

Une fois un bon emplacement trouvé, nous y installons toutes les serviettes. En nous regardant faire, nous ne pouvons pas nous empêcher de rire, car ça en fait une sacrée brochette les unes collées aux autres. Les filles ont évidemment voulu que les leurs soient à côté. Du coup, Gabriel et moi sommes de part et d’autre des filles. J’ai proposé à Lucas et Dom de se mettre un peu à l’écart s’ils souhaitent avoir un peu d’intimité, mais ils ont préféré qu’on reste en groupe. Je pense qu’ils ont profité de leur balade de ce matin pour avoir leur temps à deux.

J’ai pris avec moi les brassards pour Lucie. Je sais qu’elle ne va pas vouloir les mettre par peur qu’on se moque d’elle, mais pour moi, la sécurité avant tout. Elle sait nager, là n’est pas le problème, mais entre nager dans une piscine et dans la mer, c’est différent. Alors, je les pose sur sa serviette et c’est elle qui prendra la décision. Pour l’instant, elle profite du sable. Je trouve ça dommage qu’elle touche du sable pour la première fois alors qu’elle a déjà sept ans. Que voulez-vous, les vacances, ce n’est pas donné à tous d’en prendre et de partir à la mer.

Je prends plein de photos de ma chipie qui s’en donne à cœur joie. Sur certaines, elle pose, mais la plupart du temps, je les prends à son insu. Je trouve ça plus naturel. J’ai quand même demandé à Gab si ça ne le dérangeait pas que Sarah soit prise en même temps. Je ne voudrais pas qu’il me le reproche plus tard.

— Tu devrais enlever ta robe Cassie, je ne vois pas comment tu pourrais bronzer avec, me suggère Lucas.

— T’en fais pas pour moi, je l’enlèverai le moment voulu.

— Et c’est pour quand exactement ? demande-t-il curieux.

— Quand tu t’occuperas de tes fesses, lui dis-je en lui tirant la langue.

Il rigole de bon cœur et Dom en profite pour lui mettre un petit coup de coude.

— Laisse la tranquille. Elle aura tout le temps qu’elle veut pour prendre des couleurs.

— Elle a plutôt intérêt, car elle est blanche comme un cul.

— Je t’ai entendu, tu sais.

— C’était fait exprès. Franchement, je ne vois pas ce qui te retient.

Fixant mon regard dans le sien, il comprend dans la seconde. Il baisse alors les yeux puis se reconcentre sur les filles qui font un château de sable, enfin, ce qui ressemble à un château. Il sait très bien pourquoi j’aurai du mal à quitter ma robe en plus d’être légèrement pudique.

Peu de temps avant la fin des années de fac, je me suis fait faire un tatouage. Gabriel ne l’a jamais vu et je me demande bien comment il a fait pour le louper d’ailleurs. J’y étais allée seule - comme une grande -, et je me suis faite tatouer la lettre G dans une calligraphie que je trouvais très chouette à l’époque, mais qui maintenant me donne envie de pleurer. Lucas l’a découvert quelques jours après la remise de diplôme quand il s’est occupé de moi. Je ne sais pas comment Gabriel va réagir. Lucie le connaît également, mais elle n’a jamais vraiment posé de question dessus.

Rapportant mon attention sur nos filles, je souris en voyant le sourire sur le visage de ma chipie. Elle s’éclate et ça fait plaisir à voir. Lucas et Dom les rejoignent peu de temps après pour leur montrer comment on fait un vrai château de sable. Tu parles, ils ne sont pas beaucoup plus doués. Je commence à avoir sacrément chaud et décide donc qu’il est temps. Pas de bol, mon tatouage est sur le haut de ma hanche droite, côté où se situe Gab. Il va falloir que je la joue fine sur ce coup. Je commence à me dandiner d’une fesse sur l’autre pour retirer la robe de sous mes fesses puis la passe par-dessus ma tête. Dans la seconde, je la colle sur ma hanche tatouée. J’ai senti le regard de Gab sur moi tout du long. Je suis fière de moi d’avoir réussi quand j’entends :

— Maman, on peut aller se baigner s’il te plaît ?

— Euh, oui, bien sûr. Viens me voir avant ma puce.

Elle accourt, pose ses genoux sur ma serviette pour se trouver tout prêt de mon visage et demande :

— Qu’est-ce qu’il y a maman ?

— Je voulais juste savoir si tu souhaites mettre tes brassards pour ta première baignade ?

— Je ne sais pas trop. Je voudrais essayer sans, mais si jamais j’ai peur, je pourrais venir les chercher ?

— Évidemment ma chérie, il n’y a pas de mal à avoir peur, je te l’ai dit. C’est la première fois que tu vas dans la mer donc ta peur est normale.

— D’accord, alors on y va sans pour le moment. Est-ce qu’on peut y aller avec Sarah ?

— Il faudrait voir ça avec son papa ma chérie.

— Je vais aller lui demander.

Je n’ai pas le temps d’ajouter quoi que ce soit, qu’elle est partie vers lui. De ma place, je l’entends clairement lui demander puis il lui répond :