Fyctia
Chapitre 11 b
Je vois alors Lucie donner le sien à Gabriel, et là, mon monde s’arrête, littéralement. Je le fixe en train de regarder tous les détails du dessin. Je ne sais pas ce qu’il imagine à l’instant et je ne veux pas le savoir. Il relève les yeux vers ma fille - sa fille -, et je vois plein d’émotions passer. Je jurerai même voir une petite larme s'accumuler dans le coin de son œil.
À ce moment précis, les garçons entrent dans la pièce.
— Bonjour tout le monde, bien dormi ?
— Bonjour, répondons-nous tous en même temps.
— Certains ont dormi plus que d'autres on dirait, ne peut s’empêcher d’ajouter Lucas à mon intention.
— Oui, j’étais fatiguée. La route, tout ça !
— Ouais. Comment ça va ce matin ?
Je peux voir son petit signe de l’œil en direction de Gabriel et je le rassure.
— Tout va bien. Gabriel est resté avec les filles pendant que je finissais ma nuit.
— Oh, mais qu’avons-nous là ? demande mon meilleur ami en voyant le dessin de Lucie.
Sa filleule lui répond avec fierté en lui expliquant tout ce qu’elle m’a dit un peu plus tôt.
— Eh bien, bravo ma chipie, il est magnifique. Il vous représente bien. On s’y croirait presque.
— Presque ! murmuré-je afin que lui seul puisse m’entendre.
Gabriel doit avoir des oreilles hypersoniques, car je remarque qu’il me dévisage. Il compte trouver quoi sur ma face, je ne sais pas, mais il cherche.
— Vous étiez où les tourtereaux ? questionné-je pour détourner l’attention.
— Nous sommes allés faire un tour sur la plage qui est à deux pas de la maison. D’ailleurs, elle se nomme comme la rue. La plage de l’amitié. C’est drôle, non ?
— Alors on va se faire beaucoup d’amis ? demande Lucie.
— Je ne sais pas trop, mais ce qui est certain, c’est que nous sommes déjà entre amis et que nous allons bien en profiter.
— Ça vous dirait qu’on mange un peu plus tôt afin qu’on puisse aller à la plage ensuite ? tente Dom.
— Oh ouiii, s'exclament les filles en chœur.
— C’est bon pour moi aussi, dit Gabriel.
— Si tout le monde est OK, alors idem.
— Youpi, on va à la plage, on va à la plage…
— Les filles, les filles, si vous voulez y aller, il faut d’abord ranger tout le bazar qui est sur la table pour qu’on puisse grignoter.
Sans perdre une seconde, les voilà qui s’activent à tout rassembler dans leurs petits sacs et trousses. Je les laisse faire et me dirige vers la cuisine pour sortir du frigo les aliments qui nous serviront d’encas.
— Pas trop secouée par ce dessin ? j’entends dans mon dos.
Je sais à qui appartient cette voix et je suis étonnée que ce soit lui qui vienne me demander. Je fais volte-face et plonge dans les yeux de Dom.
— Je dois avouer que si. Écoute, je ne sais pas ce que Lucas a bien pu te dire, mais…
— Il m’a tout raconté. Nous en avons discuté un peu hier soir et nous avons profité de notre balade matinale pour éclaircir certains points. Je suis resté sous le choc. C’est quand même une sacrée coïncidence, mais… pour moi, il s’agit d’un signe du destin.
— Tu parles d’un foutu destin ! me braqué-je légèrement.
— Je me doute que ce ne doit pas être facile, mais sache que sa vie à lui aussi n’a pas été simple. Tu te doutes bien qu’il n’est pas simple d’élever un enfant seul même si, lui comme toi ne l’êtes pas vraiment. Réapprenez à vous connaître et voyez comment se passent ces quinze jours. Tu décideras alors si tu lui avoues la vérité sur Lucie ou non.
— Et si, au bout de ces deux semaines, je décide dans l’intérêt de Lucie de ne rien leur révéler à l’un comme à l’autre ?
— Alors, tu devras vivre avec cette décision. J’espère juste que tu ne t’en mordras pas les doigts après et que l’un comme l’autre ne t’en voudront pas. Pour Lucie, tu es sa mère donc elle te pardonnera assez facilement, mais en ce qui concerne Gab, j’en suis beaucoup moins sûr.
— Merci Dom. Je vais y réfléchir. En tout cas, je peux t’assurer que je t’aime déjà beaucoup. Peut-être pas autant que Lucas, mais… beaucoup quand même.
— On parle de moi ?
— Tu sais ce qu’on dit, il suffit de parler du loup pour en voir la queue.
— Ah, si c’est une queue que tu veux voir, ça peut s’arranger, se marre-t-il.
— Beurk, pas de ça ici, il y a des enfants pas loin, dis-je écœurée.
— À d'autres. Après, si c’est la vue de ma queue qui te dérange, je suis certain qu’une autre te fera un autre effet.
— Arrête ça tout de suite Lucas ou je peux te jurer que tu n’es pas prêt de revoir la tienne.
— Même pas cap.
— Même cap.
— Ça suffit tous les deux, apportez tous les restes sur la table, qu’on puisse aller manger et se baigner ensuite. J’te jure, des vrais gamins ces deux-là.
Les mains pleines de denrées, nous allons tout déposer sur la table, afin que chacun puisse se servir. Dom arrive muni d’assiettes en carton, de couverts ainsi que de verres.
— Peux-tu aller chercher les boissons restées sur l’îlot s’il te plaît Gab ?
— Aucun problème.
Notre repas grignotage se fait dans un brouhaha sans nom. C’est agréable. On se sent enfin en vacances. Je ne sais pas encore si j’ai hâte de la suite ou si elle m’effraie, mais bon, qui vivra verra.
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Marie LS
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CIRE M
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laure laurent
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Carl K. Lawson
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