Fyctia

— Quand ils vous font un câlin, ça guérit tous les bobos et les maux que vous avez en vous. Du plus petit au plus grand.

— Waouh, s'extasient les filles.

— Maman, tu ne me l'avais jamais dit.

— Parce que c’était un secret, ne puis-je m’empêcher d’ajouter pour plus de magie.

— Je comprends mieux maintenant pourquoi je n’ai jamais de bobo, c’est parce que tu les guéris tous. Même quand certains enfants à l’école se moquent de moi, car je n’ai pas de papa. Quand tu viens me chercher à l’école, tu me fais toujours un câlin et mon cœur va mieux.

— C’est tout à fait ça, ma chérie, acquiescé-je en ayant le cœur serré.

Comment n'ai-je pas pu voir que ma fille était si mal ? Car en fait, elle ne le montre jamais.

— Des fois, même avec les câlins de mon papa, j’ai quand même des bobos, moi, dit tristement Sarah.

— C’est parce que ton papa ne doit pas ajouter l’ingrédient magique. Tu veux savoir de quoi il s’agit ?

Je le vois venir et j’ai juste le temps de me décaler avec Lucie qu’il commence à la chatouiller.

— Les chatouilles, ha haha ! dit-il en ajoutant son rire démoniaque.

— Non non ! se débat la petite tout en riant à pleins poumons. Arrête, je crains les chatouilles !

— Mais justement mon enfant, c’est comme cela que c’est le plus efficace.

Nous rions de bon cœur tous autant que nous sommes. Les tensions du repas sont effacées grâce aux rires. C’est le pouvoir des câlins – et des chatouilles.

Sarah le suppliant d’arrêter, il s’exécute et lui fait rejoindre sa place entre son père et Dom. Le calme revient et nous pouvons reprendre notre séance de cinéma pas encore commencée. Après avoir cherché pendant plusieurs minutes, le film préféré de ma fille apparaît à l’écran. Immédiatement, elle fait savoir que c’est celui-ci qu’il faut regarder et Dom ne sachant pas ce qui l’attend, le valide. Nous nous regardons de connivence avec mon meilleur ami. Nous savons pertinemment ce qu’il arrivera à la fin et ne voulant louper cela pour rien au monde, nous laissons faire.

Une fois le film terminé, Sarah s’est assoupie dans les bras de son père alors que Lucie est encore bien éveillée.

— Allez, au lit ma puce, la journée a été longue et celle de demain le sera tout autant.

— Oui maman.

— Au fait, tu t’es lavé les dents ?

— J’ai oublié, pardon maman.

— Ce n’est pas grave, vas-y maintenant.

— D’accord. Est-ce que Dom peut faire ma danse ce soir ?

Immédiatement, le concerné tourne les yeux vers elle et demande :

— Quelle danse ?

— Bah, ma danse du dodo, dit-elle comme si c’était évident.

— Je ne connais pas cette danse ma puce.

— Tonton Lucas peut te l’apprendre, il me l’a déjà faite.

Les voyants se questionner l’un l’autre en silence, je ne peux finalement pas me retenir plus longtemps et j’explose de rire. Sous les gros yeux de Gabriel qui tient sa fille endormie dans ses bras, je mets mes mains devant ma bouche pour atténuer le bruit. Lucas explique alors de quoi il retourne à Dom.

— Il est hors de question que je fasse ça, même pour tes beaux yeux Lucie. Jamais au grand jamais, je ne ferai cette danse.

— Il ne faut jamais dire jamais mon ami, lui susurre son chéri.

C’est alors que Lucie lui lance son regard. Celui auquel personne et je dis bien que personne ne peut résister. Elle y ajoute :

— S’il te plaît tonton Dom, ça m'aidera vraiment beaucoup à m’endormir. Je n’y arrive pas sinon et après, je vais faire des cauchemars.

— Je suis certain que non si maman te fait un gros câlin.

— Mais si, maman, elle me la fait tout le temps à la maison et après, je dors bien.

— Alors dans ce cas, maman peut te la faire ta danse.

— Mais j’avais envie que ce soit toi qui la fasses, s’il te plaît ? quémande-t-elle de ses yeux larmoyants.

Dom résiste encore un peu, mais craque au bout de quelques minutes.

— Très bien, va te brosser les dents le temps que tonton Lucas me la montre.

— Merciiii.

Elle part de ce pas dans la salle de bain, nous laissant morts de rire.

— Tu t’es fait avoir.

— Ouais, vous me le paierez. Apprends-moi cette horreur qu’elle aille vite au lit.

Lucas lui fait une petite démonstration sous les yeux ébahis de Gabriel qui tient toujours Sarah. Je profite du fait qu’ils sont tous occupés pour aller cacher discrètement mon téléphone afin de le filmer. J’ai hâte de voir le résultat. Je reviens au moment où Lucas termine la démonstration.

— Je me vengerai, ça, vous pouvez me croire, nous dit-il en rejoignant Lucie dans sa chambre suivie de Gabriel.