Fyctia

Curieuse, je marche en direction de la chambre des filles. Plus je m’approche, plus je les entends discuter et rire. Malgré tout, je suis contente que ma chipie ait quelqu’un pour jouer avec elle. Je ne sais pas si elle saura un jour que c’est sa demi-sœur, mais pour l’instant, elles profitent et c’est tout ce qui compte. Je toque légèrement à la porte, attends qu’elles me répondent puis entre.

— Oh coucou maman. Tu as vu, on est sage avec Sarah. Je lui ai prêté mes jouets.

— C’est génial ma chérie, je suis fière de toi.

— Est-ce que c’est déjà l’heure de manger ?

— Non ma chérie, mais ça aurait été pas mal d’aller prendre une petite douche vu que tu es allée à la piscine cette après-midi.

— D’accord maman. Est-ce que Sarah peut venir se doucher avec moi ?

— Non mon cœur, ce serait mieux si tu y allais toute seule et Sarah verra avec son papa.

— Ok, mais tu veux bien m’aider, car je ne connais pas la douche ici.

— Évidemment. Tu prends ce dont tu as besoin, c’est comme à la maison. Je t’attends.

Sans perdre une seconde, elle s’exécute. Au moment de sortir, elle se tourne vers Sarah et lui dit :

— Tu peux continuer à jouer, je reviens dans cinq minutes.

— D’accord Lucie. Est-ce que je peux aller voir mon papa ?

Je me doute un peu qu’elle s’adresse à moi alors, je lui réponds :

— Bien sûr, il est dehors sur la terrasse.

— Je ne sais pas où c’est, dit-elle tristement.

En la voyant comme ça, je ne peux m’empêcher d’avoir de la peine pour elle. La pauvre, à peine arrivée qu’elle a entendu des choses pas jolies, on l’a empêchée de rentrer dans la maison puis, on l’a laissée seule avec ma fille. Je me fais l’effet d’une méchante.

— Viens, je vais t’y emmener. Lucie, tu vas dans la salle de bain, j’arrive tout de suite.

— Oui, maman.

— Merci chérie.

Sarah se relève et, sans réfléchir, me prend la main afin que je la conduise. J’ai d’abord envie de la retirer, mais je la laisse finalement. Si ça peut la rassurer.

Une fois à l’entrée de la terrasse, elle repère son père.

— Papa, papa.

Il relève alors les yeux et voit sa fille se diriger vers lui, mais toujours avec sa main dans la mienne.

— Je ne savais pas où tu étais alors, la gentille dame m’a amenée te voir.

— Tu as raison, c’est gentil. Merci, me dit-il accompagné d’un signe de la tête.

Je retourne de ce pas vers ma fille qui m'attend pour prendre sa douche. Quand j’arrive dans la salle de bain, je la découvre qui est gentiment assise sur le bord de la baignoire. Elle a retiré sa robe ainsi que son maillot et a passé son peignoir.

— Je suis de retour.

— Ah maman, je commençais à croire que tu m’avais oubliée.

— Jamais ma chipie, je ne pourrai jamais t’oublier, c’est impossible.

— Pourquoi ? Parce que je suis trop mignonne ? C’est tonton qui l’a dit.

— Et il a tout à fait raison, tu es trop mignonne pour qu’on t’oublie. Allez, douche maintenant. Je vais te régler l’eau.

— Est-ce que je peux prendre un bain ?

— Une prochaine fois ma chérie, tu as assez barboté pour aujourd’hui.

—D’accord maman.

— Tu es géniale ma chérie, la meilleure de toutes.

Une fois à la bonne température, je lui explique comment fonctionne la douche et je sors. Je sais qu’elle n’aime pas trop que je reste quand elle se lave et je ne sais pas trop pourquoi d’ailleurs. Je reste malgré tout dans le couloir au cas où elle aurait besoin de moi. Je l'entends chantonner sous la douche et cela me fait rire, car je fais exactement la même chose. Cinq minutes après, elle sort de la salle de bain et n’est pas surprise de me trouver là.

— Je me doutais que tu ne serais pas loin maman, rigole-t-elle.

— Mais c’est que j’aime veiller sur toi. On ne sait jamais, tu pourrais glisser et/ou avoir besoin de moi.

— Tu sais que je suis une grande fille !

— Oui je sais bien, mais tu restes ma petite fille et une maman se doit de surveiller sa petite fille.

— Si tu le dis maman. Est-ce que je peux retourner jouer avec Sarah ?

— Je ne sais pas si elle est retournée dans la chambre ou si elle est encore avec son papa. Mais on peut aller voir si tu le souhaites. Et on pourrait en profiter pour mettre la table.

— Maman, je sais que c’est des histoires de grands, mais pourquoi tonton a empêché le papa de Sarah de rentrer dans la maison tout à l’heure ?

Que répondre ?

Ma chérie, s’il l’a empêché de rentrer, c’est parce que ce monsieur est ton père et qu’on ne veut pas qu’il découvre la vérité et que toi non plus… Impossible que je lui dise cela.

— C’est parce qu’il pensait que ce monsieur voulait venir dans notre maison de vacances alors qu’il n’avait pas le droit.

— Pourtant, il était avec l’amoureux de tonton.

Oh la la, comment je vais m’en sortir…

— Euh… mais peut-être que tonton a cru que le monsieur voulait faire du mal à son amoureux et qu’il l’avait obligé à entrer dans la maison.

— Je crois que tu lis trop de livres maman, tu imagines n’importe quoi.

— Tu as sans doute raison ma chérie, mon esprit me fait raconter n’importe quoi. Allons rejoindre tout le monde et voir s’ils ont bien cuit la viande.

Heureusement pour moi, elle ne cherche pas plus et file droit vers les autres sur la terrasse. Je me retrouve de nouveau seule. Mon esprit en profite pour refaire des siennes et me renvoie des années en arrière.