Fyctia
Chapitre 8 a
Malgré l’ambiance glaciale du début, je décide de préparer le repas de ce soir pour tous. Nous avions prévu un gros barbecue et nous allons nous y tenir. Merde, ce sont les vacances après tout. Nous les avons tous méritées. Enfin… j’imagine.
Je prends sur moi et commence une marinade pour la viande. Oui, je sais, j’aurais dû la faire avant, mais j’ai préféré profiter du soleil et après, j’ai été un peu distraite. Une fois terminée, j’entame la préparation d’une salade pour les adultes et de pommes de terre sautées pour les filles.
Ça me fait encore bizarre de penser qu’il a une fille. J’ai tellement de questions auxquelles je ne suis pas certaine d’avoir un jour les réponses. Je me fais une promesse, quitte à le lui soutirer et à le torturer, je saurai pourquoi il est parti, sans moi.
Revenant à mes préparations, je ne remarque pas tout de suite Gabriel non loin. Il m’observe, silencieusement et n’ose peut-être pas approcher. Afin de faire retomber un peu la tension, je lui dis avec un demi-sourire :
— Tu as besoin de quelque chose ? Je ne mords pas et je ne vais pas te frapper.
— Euh… Je me demandais si je pouvais avoir un truc à boire.
— Bien sûr, il y a de la bière dans le frigo ou sinon, de l’eau au robinet.
— Une bière, ça me va, dit-il, mais toujours sans faire un pas.
— Elle ne va ni te sauter dans les mains ni apparaître par magie et si tu t’attends à ce que je te la serve, tu peux toujours courir, je ne suis pas ta bonne.
— Je… je n’ai jamais pensé ça.
Il avance enfin, ouvre le frigo, se sert puis retourne de l’autre côté de l’îlot central.
— J’ai trouvé la chambre que vous m’aviez laissée. Merci. Je suis également passée devant la chambre des filles et je les ai entendues rire, alors je n’ai pas voulu les déranger.
—Ok. Tu as bien fait. Je préfère qu’elles soient dans leur bulle pour le moment.
— Quel âge à ta fille ?
— Lucie, dis-je un peu sèchement. Elle a sept ans.
— D’accord. Qui est…
— Et Sarah, quel âge a-t-elle ?
— Quatre ans.
— Une bonne chose que sa mère ne soit pas avec vous, ça aurait été gênant d’expliquer la situation.
— Pour ça, il aurait fallu que je sache où elle se trouve, répond-il durement.
Je me stoppe net, surprise par son ton et par ses paroles.
— Comment ça ? demandé-je avant de me reprendre. Pardon, je n’ai pas le droit de te demander ce genre de chose, c’est ta vie après tout.
— Ne t’en fais pas, ça ne me dérange pas. La mère de Sarah est partie alors qu’elle n’avait que six mois. Elle n’arrivait pas à supporter le poids d’être mère et les responsabilités que ça engendrait. Un soir, alors que je rentrais à la maison après le boulot et après avoir récupéré Sarah à la crèche, j’ai trouvé l’appartement vide. Il n’y avait plus aucune de ses affaires. Juste un petit mot qui me disait : désolée.
— Au moins toi, tu as eu droit à un mot, dis-je à voix basse.
Apparemment pas assez.
— Je suis désolé Cassie. Désolé d’avoir disparu du jour au lendemain comme ça. Désolé de ne pas avoir eu le courage de te laisser un mot ou même de t’avoir envoyé un message.
— T’en fais pas, c’est loin tout ça.
— Pas si loin.
— Suffisamment. Je suis désolée que tu aies dû faire face au célibat et à la monoparentalité.
J’espère que du coup, tu te mets à ma place et que tu comprends le mal que ça fait.
— Je m’en suis sorti. Heureusement, j’avais des amis sur qui compter. Je pense que ça a été pareil pour toi.
Essaye-t-il d’en savoir plus sur moi, sur nous ?
— Effectivement, je suis bien contente que Lucas ait été là. J’ai pu compter sur lui.
— Et en ce qui concerne le père de…
— Tu pourrais aller chercher Dom et Lucas s’il te plaît, afin qu’ils se chargent d’allumer le barbecue.
Il comprend qu’il n’aura aucune précision de ma part et donc va chercher les garçons. Je relâche la respiration que je ne m’étais pas rendu compte avoir retenue et essaye de reprendre un rythme de battements de cœur normal. Je ne suis pas au bout de mes peines avec cette colocation. Je sens que mes émotions et mes rancœurs vont être mises à rude épreuve.
Je reprends là où je m’étais arrêté et commence la cuisson des pommes de terre sautées. Pour le dessert, ça sera de la glace pour tout le monde, du moins ceux qui en voudront.
Quelques minutes plus tard, les trois hommes réapparaissent. Lucas a les joues rouges et je me demande si c’est dû à la chaleur, à leurs retrouvailles ou si une dispute aurait eu lieu à l’abri de tous. Il s’approche de moi et me prend dans ses bras. Sentir sa chaleur me fait du bien. J’en profite pour lui murmurer :
— Ça a été avec Dom ?
— Oui, ne t’en fais pas, il a su se faire pardonner, m’informe-t-il le sourire aux lèvres. Même si techniquement, il n’y avait rien à pardonner, car comment aurait-il pu être au courant, hein ?
— Beurk, je ne veux rien savoir.
— C’est toi qui as posé la question.
Il se recule et me regarde dans les yeux.
— Et toi, comment ça a été avec…
— Ça va. Nous sommes des adultes civilisés.
— Ouais, parle pour toi. Tu as besoin d’aide ?
— Il faudrait que quelqu’un se charge d’allumer le barbecue. Je le ferai bien, mais je préfère laisser ça aux hommes, aux vrais.
Je ne sais pas si mon ex a compris le message, mais je sais que Lucas, oui. Son petit sourire de connivence me le confirme. Pour moi, un vrai homme n’abandonnerait pas une femme comme ça sans explication, qu’elle soit enceinte ou non.
Mettant la salade au frigo en attendant, je sors toute la viande achetée plus tôt. Je dépose le tout sur un plateau que j’ai trouvé en farfouillant un peu. Je dois dire que cette cuisine est sacrément bien équipée. En même temps que le plateau garnit de viandes, j’apporte aux deux hommes dehors, une bière bien fraîche, puis retourne dans la maison sous leurs remerciements.
...
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