Marie Andree Florida Cheers and Sunny Christmas 5.2 Le coup de la panne

5.2 Le coup de la panne

Rose reprend heureusement la parole.


— Bon, j’y vais, Calvin est capable de ravager l’appart en deux minutes chrono.


Je m’esclaffe et acquiesce. Ma curiosité me chatouille autant que ma main : vit-elle encore avec sa mère ? Je me cantonne toutefois à des considérations plus pratiques.


— Au fait, je peux appeler mon garagiste à la première heure demain, si ta voiture ne démarre toujours pas. Je te donne mon numéro, tu me tiens au courant. Et même si elle démarre, je peux te filer son contact pour qu’il checke tout ça.


Son visage s’affaisse, elle détourne son regard sur ses doigts qui triturent l’anse de son sac en toile. Mince, qu’est-ce que j’ai dit ?


— Oh, hum, c’est très gentil, mais je suppose que les tarifs de ton garagiste ne correspondent pas à mon budget, si tu vois ce que je veux dire.


OK, j’ai merdé de nouveau. Je ne cherchais pas à la mettre mal à l’aise !


— Ses tarifs sont corrects, vraiment, expliqué-je avec précipitation. C’est lui qui a modifié ma voiture après l’accident. Même s’il est spécialisé là-dedans, il bosse aussi sur les trucs plus classiques. On a bien sympathisé. Je t’assure, c’est pas le garagiste des stars du coin ou quoi, et il peut proposer des facilités de paiement si besoin.


Bien que sa petite moue sceptique soit adorable, je préférerais que la gêne entre nous se dissipe. Elle doit penser que je suis déconnecté de la réalité, à cause de mon ancien salaire de joueur pro de football. Je ne suis pas stupide, je sais bien que les profs sont payés au lance-pierre dans ce pays.


— Bon, d’accord, je vais voir. Merci pour tout ! Calvin aurait été encore plus désagréable si on était rentrés en bus. La honte ultime...

— Pas de souci, c’était avec plaisir.


Un timide sourire est revenu sur ses lèvres, et sur les miennes par la même occasion. Nous échangeons nos numéros et elle sort de la voiture après un dernier remerciement. Je me force à redémarrer tout de suite pour éviter de la regarder se diriger vers son appartement.


Je remonte la rue bordée de maisons en plus ou moins bon état. Plutôt moins, il faut bien l’avouer. Rien à voir avec le quartier où j’habite. Cette différence me chagrine, sans que je comprenne pourquoi. C’est vrai, je gagne très bien ma vie. Encore plus quand je jouais, même si mon salaire de coach dans une équipe de la NFL est tout de même indécent — surtout compte tenu de la situation économique du pays. Il paraît que les gens ont besoin de rêver et c’est ce que nous leur offrons, ce qui justifie l’argent investi dans le football...


Je sais que j’ai de la chance, dans mon malheur. Grâce à mes revenus élevés, j’ai pu m’acheter l’un des meilleurs fauteuils sur le marché et consulter les meilleurs docteurs et kinés. J’ai également pu adapter mon appartement de A à Z, ainsi que ma voiture. Un nombre effarant de personnes handicapées vivent dans des environnements mal adaptés, par manque de moyens. Je donne d’ailleurs une grande partie de mes revenus à une association caritative qui récolte des fonds pour aider au mieux ceux qui sont dans ce cas.


Pendant la dizaine de minutes de trajet qui me reste pour rentrer chez moi, je rappelle Brooke afin qu’elle ne s’inquiète pas. Sur une impulsion, j’invente une autre raison à mon absence initiale de réponse : une discussion avec Brad qui se serait éternisée. Je crois que c’est la première fois que je lui mens, à part pour minimiser ma colère ou mes soucis suite à ma blessure.


Je dévie vite la conversation vers les cours de Brooke à Columbia University. L’année précédente a été compliquée pour elle. Elle a effectué de nombreux allers-retours pour me rendre visite, d’abord à Tampa, où j’ai été hospitalisé et pris en charge pour ma rééducation durant de longs mois, puis à Los Angeles chez nos parents. Ses résultats scolaires ont baissé, elle a réussi à avoir son année, mais de manière moins brillante qu’auparavant. Elle semble revenue à cent pour cent de ses capacités, j’en suis ravi. Lui compliquer la vie était la dernière chose que je voulais...


En parlant de se compliquer la vie, une fois arrivé chez moi, je file aux toilettes pour vider ma vessie, tâche devenue ardue. Obligé de m’exécuter à heures régulières, j’applique un protocole efficace — facilité par la qualité du matériel à ma disposition.


Après ce passage à la salle de bains, je m’installe dans mon séjour. Mes parents, promoteurs immobiliers à Los Angeles, m’ont aidé à choisir ce trois-pièces lors de ma première année à Tampa. Ils m’ont aussi mis en contact avec des artisans pour le modifier après ma blessure afin qu’il soit parfaitement adapté à mon nouveau quotidien.


Depuis ma place autour de la table à manger, au-delà des immenses baies vitrées, la vue sur les lumières de Tampa est époustouflante. Je grimace néanmoins lorsque je me rends compte que certaines décorations de Noël gigantesques se discernent d’ici. On n’est même plus tranquille chez soi !


Dépité, je me concentre sur ma lecture tout en dégustant les restes du risotto d’hier. Ma fidèle liseuse m’accompagne, je plonge avec plaisir dans une romantasy qui a fait un carton récemment.


J’ai toujours aimé lire et possède des goûts éclectiques, plutôt portés vers l’imaginaire. Ce loisir correspond à une véritable bouée de sauvetage depuis mon accident. C’est si aisé de se laisser entraîner dans ces mondes où un moi fantasmé aurait encore l’usage de ses jambes.


Ce soir cependant, mes pensées ne cessent de retourner vers la jolie prof. Pourquoi ne l’ai-je pas mentionnée à Brooke ? Pourquoi ne lui ai-je pas parlé de ce je ne sais quoi qui m’intrigue chez elle ?


Je crois tout simplement que j’ai envie de garder Rose pour moi, même si je sais qu’elle ne sera jamais mienne.

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69 commentaires

clecle

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Il y a un jour

Brooke est bien sympathique mais visiblement elle n'a pas lâché du lest et cobtinue de le sur/protéger. Je comprends qu'il garde cette connexion avec Rose pour lui du coup. C'est sans doute un peu tôt pour en parler.

clecle

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Il y a un jour

*continue 😫 maudit tel

Marie Andree

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Il y a un jour

Bon au final il dit lui-même qu'elle lui manque et qu'ils s'appellent souvent...

Jay H.

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Il y a 5 jours

Bon, heureusement qu'on est dans une romance de Noël, parce qu'avec le pessimisme d'Aaron, on pourrait vraiment croire qu'il ne trouvera jamais le bonheur.

Marie Andree

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Il y a 5 jours

J'espère que ce n'est pas trop plombant non plus, j'essaie d'apporter de la légèreté aussi...

Guyanelle

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Il y a 7 jours

Aaron est touchant et attachant. 🥰

Marie Andree

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Il y a 6 jours

Je suis contente qu'il te plaise ❤️

Mary Lev

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Il y a 8 jours

Il lit de la romantasy ça c’est étonnant !

Marie Andree

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Il y a 7 jours

Et oui, c'est le plot twist ! 🤣

clecle

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Il y a un jour

Depuis qu'il a lu la fille du désert... Il adore (oui placement de produit 😆)
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