Fyctia

Aaron

Une panne de voiture, ce n’est jamais agréable. Je me trouve donc infect de me réjouir de passer un moment avec Rose grâce à ça. Les premières minutes se sont révélées un peu gênantes à cause de mon fauteuil. Mon petit trait d’humour, comme souvent, a désamorcé la situation. Les compliments sincères que j’ai adressés à son frère l’ont à peine déridé : il joue le rôle de l’adolescent taciturne à la perfection.

Nous sommes à présent arrêtés à un feu rouge, attaqué par une guirlande multicolore. Je tourne la tête vers Rose.

— Dites, je vais être curieux. Vous n’avez pas le même accent. Comment ça se fait ? les questionné-je.

— Oh, notre père était anglais, on est nés à Londres. Notre mère, américaine, a préféré rentrer aux US après sa mort. J’ai gardé mon accent british, mais pas Calvin qui n’avait que six ans quand on a quitté le Royaume-Uni.

— Hum, je suis navré pour votre père.

— Merci, c’était il y a longtemps...

Alors que je redémarre, je capte le regard de Calvin dans le rétroviseur. Le chagrin que j’y trouve me chamboule. Visiblement, la blessure du deuil demeure. Quel con, j’ai encore mis les pieds dans le plat ! Façon de parler en ce qui me concerne, bien sûr.

— Et toi, tu viens d’ici ? demande Rose.

Je suis soulagé qu’elle change de sujet afin de chasser leur tristesse.

— Non, j’ai grandi à Los Angeles, mes parents y habitent toujours. Je suis arrivé à Tampa lors de mon recrutement dans l’équipe.

— Ah oui, je vois. J’aimerais bien y aller un jour, ça a l’air superbe.

— Ça l’est, pas beaucoup plus que la Floride, cela dit. Il y a des...

Le fond sonore composé par Taylor Swift s’interrompt, le système d’infotainment affiche un appel provenant de Brooke. Je le décline. J’espère qu’elle ne va pas s’inquiéter.

— Oh, tu pouvais répondre, déclare Rose. On aurait agi comme si on n’était pas là. Calvin fait déjà ça tout le temps chez nous, alors.

Le principal concerné émet un grognement, et moi un petit rire coincé.

— C’était ma sœur, précisé-je, je la rappellerai plus tard. Qu’est-ce qu’on disait ?

— Je ne sais plus, admet Rose. Au fait, j’ai une question indiscrète aussi : Mackenzie c’est écossais, n’est-ce pas ?

— Tout à fait. Mon père est né et a grandi là-bas. Il est venu à Los Angeles pour ses études, a rencontré ma mère et n’est plus jamais reparti.

— Cool, c’est une belle histoire.

Je ne peux réprimer une grimace. Avec ce qu’il s’est passé cet été entre eux, je crains que ce qualificatif ne s’applique plus, même s’ils sont toujours ensemble. Mon GPS m’indique que nous sommes arrivés à destination et me sauve par la même occasion. Je n’avais aucune envie de parler de mes parents. Je me gare le long du trottoir, face à une maison à la façade défraîchie.

— Merci, coach, déclare Calvin.

Il n’attend pas ma réponse, bondit hors de la voiture et se dirige vers l’arrière du terrain.

— Désolée, il est impossible en ce moment, commente Rose dans un soupir.

— Bah, on a tous été adolescents, c’est normal, ça va passer.

— J’espère, murmure-t-elle.

Le sujet est douloureux pour elle, ça ne fait aucun doute. Y a-t-il quelque chose de plus grave qu’une classique crise d’adolescence ? Elle tourne la tête vers la pelouse et reporte son attention sur moi.

— Et avant que tu ne te moques de moi, je tiens à préciser que ces hideuses décorations de Noël appartiennent à mon voisin, mon appartement se trouve au rez-de-chaussée derrière. Je n’y suis pour rien !

— Ah ah, je n’allais rien dire, t’inquiète. Je n’en pensais pas moins, en revanche.

— Bien sûr.

C’est vrai, j’aimerais oublier Noël cette année. Pourtant, cette période ne me semble pas si terrible en cet instant, alors que le sapin illuminé de l’autre côté de la vitre se reflète dans ses yeux bleus.

Un silence confortable s’installe entre nous. Une mèche s’est échappée de sa queue de cheval et lui lèche la joue. Ma main, posée sur mes jambes inutiles, me démange. Qu’est-ce qui m’arrive ?

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Hello!

Désolée pour cette partie bien courte, je galère un peu avec le découpage de mes chapitres...

Je publierai la suite de ce chapitre demain matin.

J'espère qu'Aaron et Rose vous plaisent !

Merci de votre soutien, de vos likes et, surtout, de votre lecture et de vos commentaires. ❤️

A très vite,

Marie.