Fyctia
Chapitre 8 : Ton concurrent
Pourquoi je sens qu’il n’y a qu’une seule personne qui peut se battre en pleine journée ? Je suis sûre qu’il s’agit de Maddox. Je laisse mon plateau sur place et m’empresse de suivre les garçons, tout comme la moitié des gens.
Une fois dehors, je me faufile entre les gens qui crient pour savoir ce qu’ils passent. J’ai perdu de vue les garçons, ce qui m’indique qu’ils sont au centre de l’attention. Je manque de tomber par terre à cause du mouvement de foule, mais Lili, qui m’a suivi, me rattrape. J’arrive enfin à atteindre les personnes qui se battent et c’était bien ce que je pensais. Maddox se bat avec Noah ! Les garçons tentent de les séparer, mais ils galèrent.
Soudain, des vigiles du campus arrivent et commencent à faire évacuer les élèves. Maddox se fait écarter, par un vigile, de Noah qui essaye de revenir se battre. Mad recherche du regard ses amis mais il tombe sur moi. Son regard reste très longtemps collé à ma peau. Il est hypnotisant. Je trouve le courage d’aller le rejoindre pour une raison inconnue.
— Ça va ? demandé-je comme si je ne l’avais pas ignoré de la semaine entière.
— Je crois que oui.
Je jette un œil vers Noah. Andriana est dans ses bras. Oh merde ! J’ai l’impression d’avoir choisi un camp et qu’il est contre celui de ma sœur. Je vais encore m’attirer des ennuis. Les garçons nous rejoignent et leur première question est évidemment pourquoi. Je n’entends pas le début de la réponse car je regarde encore ma sœur, mais la suite me fait réagir.
— Et puis, il a encore insulté Enar…
Je crois qu’il vient se rappeler que je suis là. Entendre mon nom dans sa bouche me fait quelque chose. Mais… Est-ce qu’il vient de se battre à cause de moi ? Putain de merde. C’est tout ce que je ne voulais pas ! C’est honorable de sa part de me défendre, mais je risque d’avoir des ennuis et c’est ce qui me fait peur. Si ma mère entend parler de cette bagarre, je n’aurais plus qu’à faire mes valises.
— Vous voyez, crié-je, c’est pour ça que je ne peux pas être ami avec vous !
— Enara, attends !
Je m’en vais le plus vite possible. Je dois impérativement rester à distance d’eux. C’est Maddox qui m’appelle, puis Rafe, mais je disparais dans le bâtiment. Je reste seule pendant tout le reste de la pause du midi, je réapparais seulement à mon premier cours de l’après-midi.
Lili est assise à une table, donc je me mets à côté d’elle. Je la sens qui m’observe. Au lieu de la laisser me poser des questions, je décide de lui expliquer. Je raconte la menace permanente qui plane sur moi à cause de ma mère.
— Ta mère est horrible, admet Lili après mon récit.
— Donc tu comprends pourquoi je ne peux pas traîner avec eux. J’aurais forcément des problèmes.
Lili ne me répond pas tout de suite, puisqu’elle prend en note le cours, ce qui me fait penser que je devrais faire de même. Elle semble être en train de réfléchir à une solution pour mon cas. Finalement, elle se tourne vers moi et me dit :
— Pour moi, tu devrais arrêter d’aller contre ce qu’ils veulent, et je ne te dis pas ça, seulement pour pouvoir les voir de plus près. Je pense que tu pourrais plus facilement fixer tes limites.
— C’est-à-dire ?
— Tu ne veux pas que tes sœurs rapportent à ta mère que tu les fréquentes, alors dis leur qu’à l’université, ils doivent t’ignorer dès qu’elles sont dans les parages.
Je comprends où elle veut en venir et Lili a plutôt raison. Je pourrais fixer des limites entre eux et moi, et ils seront un peu plus contrôlables. Enfin, je l’espère puisque ce n’est qu’une hypothèse.
Je cogite tout l’après-midi sur ce qu’on s’est dit. Les garçons n’ont aucun cours avec moi, alors je ne les recroise pas une seule fois. Mon téléphone vibre en cours de maths, je décide de regarder de quoi il s’agit. Je fronce les sourcils quand je lis le message.
Inconnu : Désolé, si tu as des problèmes à cause de moi.
Moi : Bonjour, d’abord. Et après, c’est qui ?
Inconnu : Ton concurrent en uppercut. Mad, si tu n’avais pas deviné.
Je lève les yeux au ciel et rigole en regardant mon écran. Il a l’air de bonne humeur aujourd’hui. Peut-être qu’un coup sur la tête lui a fait du bien. J'espère que son visage n’est pas trop amoché par la bagarre, parce qu’il était plutôt mignon avant.
Moi : Hahaha ! Si j’ai des ennuis, ne t’inquiète pas, tu le sentiras passer. Mon poing rencontrera ta jolie tête.
Mad : Tu trouves que j’ai une jolie tête ?
Moi : Tu es plus mignon quand tu te tais et quand tu ne te bats pas.
Mad : Ah. Entre nous, ça ne va pas matcher. J’adore utiliser mes poings, mais toi aussi, je crois.
Moi : J’ai des problèmes de gestion de colère.
Mad : Point commun.
Moi : Comment as-tu eu mon numéro ?
Mad : J’ai harcelé Lili. Je rigole, c’est Rafe, et tu sais qu’il ne lâche jamais rien.
Moi : C’est fou, je n’avais pas remarqué. Ça fait une semaine qu’il m’harcèle.
Mad : Tu exagères un peu.
Moi : Tu ne dois pas connaître Rafe. La dernière fois, il est même entré dans les toilettes des filles pour me parler.
Mad : Il n’a aucune limite. Désolé.
Moi : Je suis sûre que s’il savait où j’habite, il irait.
Mad : Il le sait, et cette idée lui a traversé l’esprit mais je l’en ai empêché.
Wow. J’ai évité un drame. Maddox ne sait pas à quel point il m’a sauvé. Si Rafe avait débarqué chez moi, ça aurait été une catastrophe. Cette conversation me fait rappeler celle avec Lili. Ils sont incontrôlables, mais si j’accepte leur amitié, je pourrais avoir du contrôle sur eux. Je commence à envisager cette option.
Mad : Encore désolé.
Moi : T’es sympa quand tu ne fais pas la gueule.
La conversation se termine comme ça car je n’ai pas de réponse. Je range mon téléphone et me concentre sur le cours.
Le soir, je rentre avec une angoisse qui grandit à chaque pas que je fais vers la maison. Il n’y a pas la voiture de mes sœurs dans la cour. Ah oui ! Je viens de me souvenir que j’ai troué les pneus de leur voiture. Je rigole intérieurement. Je croise mon père et ma mère dans le couloir de l’entrée.
— Tes sœurs sont coincées sur le campus, nous partons les chercher.
— Comment ça ? demandé-je en toute innocence.
— Elles ont un problème avec leur voiture. Les pneus sont dégonflés.
— Oh mince alors !
Évidemment, ils ne saisissent pas que je prononce ça avec ironie. Bonne nouvelle, mes sœurs ne me soupçonnent pas, ou en tout cas, elles n’ont pas l’intention de me dénoncer. Je crois que je viens de marquer un point.
D’ailleurs, ma mère n’est pas énervée. Donc j’en déduis qu’elle n’a pas eu vent de la bagarre à la fac. Je suis tellement de bonne humeur que je décide d’aller courir. Sauf que cette fois, je n’arrive pas à m’empêcher d’aller au fast-food où travaille Maddox.
J’y entre et je l’aperçois directement au comptoir. Ses yeux me dévisagent lentement comme d’habitude. C’est comme s’il voulait mémoriser mon image dans son esprit. Il me sourit.
1 commentaire
Carl K. Lawson
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Il y a un an