Fyctia

A midi, je m’installe à notre table habituelle avec Lili. Je n’ai pas trop faim alors j’attends que mon amie finisse de manger. J’observe les autres tables, Andriana est assise avec Kassie. Je n’arrive pas à croire qu’elle puisse sortir avec Noah. Je suis dégoutée, mais ils vont plutôt bien ensemble avec leurs caractères de merde.

Je sais que je ne devrais pas, sauf que je ne le fais pas exprès. Mes yeux cherchent les quatre rois de ce campus. Leur table est entièrement vide. Où sont-ils ? D’habitude, ils ne manquent aucun repas. Je lève les yeux au ciel, je passe trop de temps à les observer en cachette. La preuve est que je connais certaines de leurs habitudes. Lili attire mon attention, elle a très bien vu ce que je regardais.

— Ils se passent quoi entre vous cinq ? demande-t-elle.

— Bah rien. Pourquoi ?

— Tu sais, je te vois les observer tout le temps.

Oh. C’est si grave que ça ? Mon obsession n’est même pas discrète. Je sens mes joues chauffer et trahir ma culpabilité.

— En plus, continue Lili, tout le monde parle de ce qu’il s’est passé ce matin.

— Quoi ? Les pneus ? demandé-je inquiète.

— Non, la suite. Et surtout, ils parlent du fait que Spencer avait sa main sur ta taille. Les filles, qui étaient dans les toilettes quand j’y étais, étaient très jalouses.

— Il n’y a rien entre moi et Spencer.

— Je t’en prie, va l’expliquer aux fans clubs des quatre rois.

Depuis que je suis arrivée, j’ai vu à quel point les filles sont obnubilées par ces gars. C’est fou, je ne pensais pas qu’on pouvait être vraiment obsédé à ce point. Qu’est-ce qu’ils ont de plus ?

Evidemment, ils sont beaux, et pour ça, il suffit d’ouvrir les yeux et de voir comment mon corps réagit en leur présence. Mais qu’est-ce qui les rend mieux que les autres ? Je juge ces filles qui ne cessent de leur tourner autour, mais je ne suis vraiment pas mieux.

D’après ce qu’on raconte, enfin surtout Lili, Rafe est un « mec à meuf », il n’en garde jamais une, car il s’ennuie et qu’il doit, d’après lui, partager son amour à toutes les filles.

Quant à Sohan, il brille par son intelligence, mais aussi par sa drague. Il est apparemment le plus doux des quatre, mais j’en doute un peu étant donné la manière dont il m’a abordé lors de la soirée. Cette réputation vient peut-être du fait qu’il garde plus longtemps ses filles contrairement à ses frères.

Maddox et Spencer sont des plus grands mystères. Ils sont plutôt calmes mais je suis sûre que ce n’est que d’apparence, j’ai bien vu comment ils se sont battus à la soirée. Les quatre frères, car ils se considèrent comme tels, sont inséparables. Lili n’a jamais entendu parler de leur parent, on ignore même où ils habitent. Je crois que c’est le mystère qu’il y a autour d’eux qui fascine tout le monde.

Soudain, Lili affiche une tête bizarre. Est-ce que j’ai dit quelque chose de mal ? En tout cas, pas à ma connaissance. En fait, elle regarde derrière moi. Je n’ai pas le temps de me retourner puisque quelqu’un m’embrasse la joue et s’assoit à côté de moi.

— Salut mon cœur ! s’exclame Rafe avec un terrible sourire.

En parlant des loups…

Rafe est à ma droite, Sohan à ma gauche et Spencer vient de s’asseoir à côté de Lili. Je crois qu’elle retient sa respiration, je devrais peut-être lui dire de respirer. Sohan attrape mon morceau de pain et me fixe en le mangeant. Je remarque au passage que Maddox n’est pas là. La cafétéria est silencieuse, enfin plus que d’habitude. C’est sûrement parce que les garçons viennent de s'asseoir à notre table alors qu’ils mangent toujours seuls à leur table.

— On t’a manqué ? demande Sohan. Parce que moi, tu m’as grave manqué.

Lili émet un petit bruit de surprise. Elle n’a jamais été aussi proche d’eux, et la façon qu’ils ont de me parler la surprend sûrement.

— Maddox nous avait dit de te laisser tranquille, mais c’était trop nul.

— Il peut être chiant quelquefois.

— Où est Mad ? demandé-je. Je le fais fuir.

— Il doit adorer que tu l’appelles comme ça ! se réjouit Rafe. Tu pourrais me donner un surnom, parce je suis jaloux. En fait, il a préféré s’abstenir de te voir car tu fais trop battre son cœur de glace.

— Rafe, menace Spencer, tu ferais mieux de te taire.

Rafe lève les yeux au ciel. Qu’est-ce que je dois comprendre dans ce qu’il vient de dire ? Je plais à Maddox. Non, n’importe quoi. En plus, la parole de Rafe n’est pas fiable du tout. Bizarrement, je jette un coup d’œil vers mes sœurs. Leurs yeux sont braqués sur moi, je risque d’avoir de gros ennuis. Elles sont probablement au courant que je ne dois pas les fréquenter.

— J’aurais préféré que vous vous absteniez de venir me voir, avoué-je.

— Et pourquoi ça ? Tu n’as toujours pas compris que tu nous as conquis avec ton uppercut droit incroyable.

— Oubliez-moi. Merci d’avance.

— Ta requête ne sera pas prise en compte, affirme Sohan qui glisse sa main dans mon dos.

Je lui attrape sa main car il y a trop de gens qui nous regardent et je l’éloigne de moi. Je lui jette un regard froid pour qu’il s’abstienne de me toucher à nouveau. Surtout quand mes sœurs ont les yeux braqués sur moi. Spencer remet une mèche de cheveux à Lili en place, je la vois sursauter ce qui fait sourire Spencer. Il n’est pas très bavard contrairement à ses amis.

— Je ne peux pas être ami avec vous, proclamé-je à nouveau.

— Donne-nous une raison valable, me répond Rafe.

— Ma mère me l’a interdit.

Sohan et Rafe sont à l’écoute de chacun de mes mots, contrairement à Spencer qui s'en fout largement. Il s’amuse toujours avec les cheveux de Lili. Elle lui sourit, mais ne loupe rien de ma discussion avec les deux autres. D’ailleurs, ces deux-là explosent de rire à cause de ma réponse. L'indifférence de Spencer me prouve qu’il est sûrement déjà au courant, et donc que Maddox lui en a forcément parlé.

— Et tu écoutes ta mère ?

Cette fois, je commence à m’énerver. Qu’est-ce qu’ils connaissent de ma vie ? Rien. Alors leur jugement à deux balles, ils peuvent le garder pour eux. Je m’apprête à les envoyer se faire foutre quand quelqu’un crie dans la cafétéria.

— Il y a une bagarre dans la cour du bâtiment C.

J’ai à peine le temps de comprendre que les garçons sont déjà debout et courent vers l’extérieur. Chacun de leur visage affiche un air grave. Pourquoi je sens qu’il n’y a qu’une seule personne qui peut se battre en pleine journée ?