jus.13 Five Hearts Chapitre 5 : Service client

Chapitre 5 : Service client

Cheveux noir, hyper beau, regard qui visiblement me poignarde. C’est Mad, il n'y a aucun doute. Qu’est-ce qu’il fout là ? C'était vraiment la dernière personne que je m'attendais avoir dans un lieu comme celui-là. Et d'ailleurs de tous les fast-food de Boston, il fallait que je tombe sur le seul où il travaille. Ça ne peut arriver qu'à moi. Je le fuis, bon je l'admets avec peu de conviction, et le voilà !

— Quoi ? Je n'ai pas le droit de travailler ? dit-il comme si je venais de le juger.

— Amabilité avec les clients, je te mets zéro. J’espère que tu n’es pas comme ça avec tout le monde.

— Seulement avec toi, tu es ma préférée. Qu’est-ce que tu veux ?

— Wow ! Est-ce que tu viens de te montrer sympa ? Un café latte avec une gaufre au nutella et un verre d’eau, pas celle du robinet.

— Ce sera tout, mademoiselle ?

— C’est madame, mademoiselle ne s’emploie plus, rétorqué-je pour le faire chier.

Mad lève les yeux au ciel. Je suis en train de penser que c’est notre première conversation. J’ai l’impression de l'énerver, et moi, j’ai une fâcheuse envie de le provoquer.

— Ce sera tout, madame ? demande-t-il à nouveau.

— Avec un sourire, ça serait parfait, Mad.

— Maddox, me reprend-t-il. Mad, c’est pour mes potes.

— Tu me brises le cœur, Mad.

— Va t’asseoir, je t’apporte ta commande.

— Tu fais ça à toutes les filles ou seulement à moi ? lancé-je en me voulant un peu et volontairement insultante.

Maddox ne répond pas à ma question, il m’a déjà tourné le dos. Je pars m’asseoir à une table au fond du resto. Je ne sais pas ce qui m’a pris de lui parler comme ça. J’avoue que je le provoque. Je ne devrais pas, que va-t-il penser de moi maintenant ? En plus, j’ai totalement oublié que ma mère m’a interdit de leur parler.

Cinq minutes plus tard, Mad apparaît avec un plateau. Il le pose sur ma table. Je le remercie et il s’installe en face de moi.

— Qu’est-ce que tu fais ? demandé-je surprise.

— Je prends ma pause.

— Avec moi ?

— Avec toi.

Ses yeux gris me transpercent le cœur. Je ne le comprends pas. Il m’ignore, m’adresse des sourires, me parle mal et prend sa pause avec moi. Vachement cohérent. Il doit avoir un sérieux problème dans sa tête, tout comme moi. Je prends une gorgée d’eau. Et quand j'avale, le goût est dégoûtant.

— C’est de l’eau du robinet !

— Comment est-ce possible que tu reconnaisses ? C’est de l’eau.

— Tu l’as fait exprès, dis-je en le voyant rire. Tu te moques de moi.

— Oui, un peu. Tu m’as surtout fait gagner cinq euros, j’ai parié avec mon collègue. Une vraie bourgeoise, j’en étais sûr.

— Va te faire foutre, Mad.

— Maddox, corrige-t-il.

— Mad.

Je le défis du regard. Et qu’est-ce que j’obtiens ? Un sourire… Un sourire ! Je suis flattée. Il me prend mon verre d’eau et le boit à ma place. Je commence à manger sous les yeux attentifs de Maddox.

— Qu’est-ce que tu veux savoir ? demandé-je en sachant que quelque chose le démange.

— Qui es-tu ?

— Enara.

— Vraiment ? s’étonne-t-il.

— Pourquoi ?

— On ne va pas aller loin si tu réponds comme ça, fait-il remarquer.

— C’est toi qui poses des questions bizarres. Dis-moi le fond de ta pensée.

— Mes potes ne parlent que de toi et je ne sais pas quoi en penser. Tu vois, c’est comme mes frères, donc je me méfie des personnes qui les approchent.

— Ça se comprend.

Il me détaille avec son regard, j’ai l’impression de passer au microscope. J’espère au moins que je suis belle, parce que je viens juste de courir des kilomètres. Alors que je croque dans ma gaufre, Mad n’a toujours rien dit de plus. Il a attendu que je finisse tout mon plateau pour parler à nouveau.

— Tu as couru jusqu’ici ? m’interroge-t-il.

— Ouais.

— Tu es sûre de pouvoir rentrer seule ?

— Ne t'inquiète pas, je vais courir jusqu’à chez moi, ça devrait aller. Sinon quoi, tu proposes de me raccompagner ?

— Peut-être.

— Non, merci. Ma mère ferait une crise si elle te voyait. Elle m’a interdit de vous fréquenter.

Maddox explose de rire. C’est qu’il y a de quoi rire, j’ai l’impression d’avoir dix ans et que ma mère veut absolument tout contrôler comme toujours. Mais c’est comme ça… Pour Mad, c’est sûrement qu'une connerie de bourge, mais il ignore que je risque ma place au sein de ma famille. Il ne doit sûrement pas avoir une hystérique de mère, ses parents doivent être cool. Mad a l’air cool, lui aussi, quand il ne fait pas la gueule. Je me lève de ma chaise, je jette mes déchets et pose mon plateau à côté. Je dis au revoir.

— On se voit bientôt.

— Non, dis-je, je ne crois pas.

— Moi, je crois que tu n’as pas le choix.

Maddox me fait un clin d'œil et s’en va. Je l’observe s’éloigner. Ses boucles noires flottent dans les airs, me donnant envie de toucher ses cheveux. Plutôt j'ai remarqué une chaîne autour de son cou. Ça le rend super sexy, mais plutôt mourir que de lui avouer. J’efface cette idée de ma tête et je rentre chez moi en courant.


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