cedemro Etherica Fontana 30 : Première envolée

30 : Première envolée

Impressionné, l’enseignant rejoint Maeva en quelques enjambées, faisant trembler le sol sous les pieds de l’apprentie.


— Voilà qui est surprenant venant de la part d’une jeune humaine ! observe le centaure avec admiration. Puis-je savoir comment vous pouvez en savoir autant sur les griffons ?


— J’ai beaucoup lu à leur sujet et ma mère m’a raconté quelques-unes de ses rencontres avec des guerriers elfiques les chevauchant.


— Dites-moi, seriez-vous prête à tenter un rapprochement avec l’un d’eux ?


Éberluée par cette offre pourrait très bien être un piège, Maeva observe l’enseignant avec attention. Rien dans son visage n’indique qu’il lui veuille du mal, mais elle ne peut s’empêcher de craindre le pire. Voyant son hésitation, le centaure s’approche.


— Les griffons sentent la peur et peuvent lire vos intentions les plus secrètes. Si vous cherchez à les contrôler, ils deviennent agressifs. Or, vous me semblez calme et paisible, contrairement à la plupart des autres élèves. Le choix reste le vôtre.


— Je dois seulement l’approcher, c’est bien ça ?


— Nous verrons comment il réagit. S’il vous approche, alors vous saurez qu’il vous accepte. Libre à vous de tenter de le monter si vous avez le cœur bien accroché dans la poitrine !


Puisant dans un courage qu’elle ne pensait pas avoir, Maeva s’avance en direction de l’animal le plus proche. La main tendue pour le laisser sentir son odeur, elle s’approche jusqu’à percevoir l’odeur âcre de son plumage. À son grand étonnement, le griffon reste calme. Lorsque son regard s’accroche au sien, elle ressent alors une étrange présence dans son esprit, comme si l’animal le sondait. L’instant suivant, elle sent son bec frôler délicatement sa joue. Surpris, le centaure recule pour lui laisser la place.


— Il vous accepte sans la moindre hésitation. Jamais je n’aurais pensé qu’une humaine puisse accomplir un tel exploit dès une première rencontre. À vous de voir si vous osez aller plus loin.


— Mais comment pourrais grimper sur son dos ? Je ne vois aucune selle ou harnais.


— Agrippez-vous à son plumage. Ne vous inquiétez pas, ces bêtes résistent au tranchant de nos épées, ce ne sont pas vos doigts délicats qui risquent de le blesser !


Nerveuse, Maeva hésite. Elle sent les regards pesants de tous les élèves posés sur elle, certains allant même jusqu’à l’encourager à leur manière.


— Vas-y, tente le coup ! lance une elfe, ses yeux pourtant remplis de terreur.


— Il ne va pas te mordre ! s’exclame un autre, ses lèvres retroussées révélant ses dents pointues.


— Montre-nous ce que tu as dans le ventre, l’humaine ! ajoute une sirène, son visage affichant un mépris évident à son endroit.


Un doux contact sur son épaule surprend Maeva. Se retournant, elle croise le regard étincelant de Zanael, dressée fièrement à ses côtés.


— Je suis avec toi et je n’hésiterai pas à réduire cet animal en lambeaux s’il tente de te faire du mal ! ose la métamorphe.


Ressentant la menace, le griffon pousse un cri strident qui vrille les tympans de toute l’assemblée. Ouvrant ses ailes puissantes, il entoure le corps de Maeva et repousse Zanael avec son bec. Il glisse ensuite une aile sous les pieds de sa cavalière qui se trouve bientôt soulevée de terre pour finalement glisser doucement vers son cou. Consciente de ce qui va suivre, Maeva s’agrippe de toutes ses forces aux plumes de sa monture, juste avant que celle-ci parte au galop. Traversant l’assemblée, la bête ouvre ses ailes précisément au moment où elle croise la sirène qui a parlé un peu plus tôt. Projetée au sol et effrayée, cette dernière reste muette en assistant au décollage impressionnant.


Grisée par la sensation d’apesanteur, Maeva ferme les yeux alors que la bête s’élève à une vitesse vertigineuse, les muscles de son corps lui transmettant chacun de ses battements d’ailes entre ses jambes serrées. Au bout d’un moment, la jeune femme trouve finalement le courage de relever ses paupières, lui révélant une scène à couper le souffle. Sous ses pieds survolant le vide, elle voit d’abord défiler les bâtiments de l’académie, puis la vaste forêt qui les entoure. La tête littéralement dans les nuages, elle pourrait les laisser filer entre ses doigts si elle trouvait le courage de relâcher sa prise sur le griffon. Tournant la tête, elle remarque la compagnie de quatre compagnons de sa monture. Volant en formation triangulaire dont elle est la pointe, les bêtes traversent le firmament à vive allure, le vent glacial à cette altitude lui fouettant le visage.


Émerveillée et insensible à la morsure du froid, Maeva profite de la stabilité de sa monture qui plane pour libérer son cou puissant et ouvrir les bras, accueillant les doux rayons du soleil la baignant dans toute sa splendeur. À sa poitrine, une chaleur familière prend alors naissance. Baissant le regard, elle remarque son pendentif qui apparaît sur sa peau. Ne se sentant aucunement en danger à cet instant, elle est surprise de cette apparition.


À ses côtés, les griffons deviennent nerveux et échangent plusieurs cris dont elle ne peut saisir la signification. Heureusement, la jeune femme réagit par réflexe et agrippe de plus belle la nuque de sa monture, juste avant que celle-ci ralentisse brusquement pour se faire devancer par ses compagnons de vol. En rang serré devant elle, les bêtes semblent faire bouclier face à une menace restant invisible à son regard. Soudainement, tout dérape. D’abord, l’air devient lourd, ses poumons peinant à y puiser la moindre parcelle d’oxygène. Puis, le soleil se voile, le ciel devenant aussi noir que lors d’une nuit d’orage. Sur sa poitrine, le pendentif brille maintenant de mille feux, dégageant une chaleur si intense qu’elle à l’impression qu’il va lui brûler la peau. Sa lumière révèle l’horreur aux yeux de Maeva. Sous ses mains, les plumes de sa monture se flétrissent et se détachent, une odeur de pourriture se dégageant déjà de son corps perdant en consistance. Devant, les autres griffons ne semblent pas épargnés par l’étrange phénomène, l’un d’eux chutant déjà vers le sol, ses ailes incapables de soutenir son vol.


Paniquée, Maeva réagit d’instinct et se concentre sur son bracelet, visualisant la grille de l’enclos qu’elle a quitté quelques minutes plus tôt. Dégoûtée à l’idée d’abandonner les griffons à leur triste sort, elle serre sa monture de toutes ses forces.


Lorsqu’elle apparaît devant le groupe, Maeva est confuse. Peinant encore à respirer, elle peut néanmoins sentir l’odeur de la chair en décomposition du griffon qui a été transporté avec elle. Autour d’elle, c’est la panique. Les bêtes restées au sol s’agitent, témoins de l’état de leur semblable, leurs cris indignés déchirant les tympans des élèves tout aussi apeurés.


C’est Zanael qui rejoint Maeva la première, soulevant son amie comme une brindille pour l’éloigner du corps puant du griffon qui agonise. Sacha et le centaure arrivent l’instant suivant, le trio assistant à la décomposition accélérée de la bête condamnée.


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1 commentaire

Tonie Mat N’zo

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Il y a 5 mois

J’ai commencé ton histoire sans prendre le temps de la finir. Je fais un bond pour t’aider à avancer.
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