Fyctia
29 : Doutes raisonnables
Avec un peu moins d’une heure de pause avant le prochain cours, Maeva parcourt à la hâte les différents secteurs de l’académie qu’elle a visité la veille avec Zanael. Ne l’ayant trouvé ni dans les jardins, ni dans l’aile ouest, elle commence à désespérer, son esprit centré sur une multitudes de questions.
Pourquoi n’était-elle pas à la présentation de Lana ce matin ?
Pourquoi ne s’est-elle pas présentée au cours de la matinée ?
Lui en veut-elle de l’avoir abandonnée pour rester à la bibliothèque ?
Lana lui a-t-elle interdit de la fréquenter, elle une simple humaine ?
Est-elle sortie de l’académie malgré le danger potentiel du retour de cette chose qui les as attaquées dans la clairière ?
Consciente de laisser son esprit divaguer sur des possibilités de moins en moins crédibles, la jeune femme sent néanmoins l’inquiétude monter en flèche au fil de ses réflexions. Plus elle réfléchit et plus elle se sent responsable des malheurs hypothétiques de celle qu’elle espérait devenir une amie.
Ignorant les gargouillis douloureux de son estomac qui quémande sa pitance, l’apprentie poursuit ses recherches infructueuses sans relâche, croisant de moins en moins d’élèves sur son chemin. Plus consciencieux, ceux-ci se dirigent déjà vers leurs locaux, action qu’elle devrait considérer à son tour.
Au bout de quelques minutes supplémentaires, Maeva se résigne et utilise son bracelet pour retourner vers la salle commune de l’aile ouest, là où Sacha doit l’attendre. Dès qu’elle apparaît dans la pièce, provoquant la surprise des quelques occupants encore présents, son visage reprend ses couleurs.
— Zanael ! s’exclame Maeva. Où étais-tu ? Voilà une heure que je te cherche partout.
Rougissante, la métamorphe hésite un instant avant de répondre, ce qui donne le temps à Maeva de remarquer sa longue chevelure encore humide. Une douce odeur florale flottant dans l’air appuie cette réalisation.
— Je me suis endormie dans un bassin, avoue honteusement Zanael. La magie élémentaire, ce n’est vraiment pas mon truc. Encore moins si c’est Edwanael qui dirige le cours.
Surprise d’entendre son amie prononcer ce nom, Maeva ne peut résister à l’envie de la questionner.
— Tu le connais ?
— Tout le monde le connaît. Impossible de ne pas avoir entendu tel ou tel de ses exploits relatés par les étudiants, ou même par les autres professeurs. En plus, il adore être idolâtré par ses fans.
— Tu ne sembles pas être l’un d’eux, je me trompe ?
— Je le trouve narcissique et arrogant, mais j’ai aussi d’autres raisons plus personnelles de ne pas l’apprécier.
Réalisant le terrain glissant sur lequel elle s’avance, Maeva hésite un bref instant à poursuivre. Sa curiosité vient toutefois à bout de son esprit critique et elle poursuit.
— Il t’a fait du mal ? ose-t-elle demander.
— À moi directement, non, mais j’ai entendu plusieurs bribes de conversations plutôt houleuses avec différents étudiants. Si tu veux mon avis, il aimerait que cette académie n’accueille que les elfes. Il y a quelques années, deux autres métamorphes se trouvaient parmi nous. Étrangement, après une visite dans son bureau, ils ne sont jamais retournés en cours.
— Tu as pu leur parler ?
— Oui, mais ils n’ont rien voulu me dire. J’ai pu voir la peur dans leurs regards. Je ne sais pas ce que cet elfe leur a fait, mais ils ont choisi de fuir aussi loin que possible de cette académie, faisant fi de la sécurité qui leur était offerte.
— Ta mère est au courant ?
— Sûrement, mais moi je ne lui ai rien dit. Disons que je n’étais pas supposé entendre. Tout ce que j’ai, ce sont des doutes raisonnables pour lesquels je ne peux fournir aucune preuve.
— La situation pourrait bientôt changer. Je crois que je suis dans la mire d’Edwanael. Sans l’intervention de Dylan, je serais dans son bureau en ce moment même.
— Quoi !? Dylan a pris ta défense ?
— D’une bien étrange façon. C’est comme s’il l’avait envoûté. En une fraction de seconde, il a oublié ma convocation et est parti. Dylan est ensuite parti sans fournir d’explication.
— Si tu veux un conseil, méfie-toi encore plus de lui que du professeur. Il n’est pas net ce type. Elle ne l’avouera jamais, mais même ma mère le craint, j’en suis certaine. Elle m’a interdit de m’approcher de lui.
— J’aimerais discuter avec ta mère dès que possible. Tu crois que tu pourrais la convaincre de me rencontrer ?
— Je ne peux rien te promettre, mais je vais essayer. Je ne sais même pas si elle est encore ici. Cela risque de prendre quelques jours.
— Elle a quitté l’académie ?
— Après la cérémonie. Aucune idée de la raison de son départ, mais elle semblait très inquiète. Elle ne m’a même pas reproché mon absence à la convocation générale.
Peu ravie par cette nouvelle, Maeva se sent perdue, laissée libre à elle-même en ce lieu inconnu. Espérant un retour hâtif de Lana, elle profite des quelques minutes restantes avant le prochain cours pour expliquer à Zanael ses trouvailles au sujet des métamorphes.
Mise de côté, Sacha attend patiemment la fin de la discussion. Voyant que celle-ci s’éternise, elle interrompt brusquement leurs babillages au bout de quelques minutes.
— Ça suffit les enfants ! s’exclame-t-elle avec autorité. Je doute qu’un deuxième retard en cette première journée nous soit très favorable.
Réalisant qu’elles sont seules dans la salle commune, Maeva réalise qu’elle vient de les mettre dans l’embarras une fois de plus. Gênée, elle s’excuse auprès de ses amies.
— Je suis désolée. Lorsqu’il est question de connaissances, je perds la notion du temps ! Nous poursuivrons cette discussion ce soir. Il y a plein de choses que j’aimerais te montrer, Zanael.
Chaque membre du trio pose alors une main sur leur insigne pour réapparaître l’instant suivant devant un immense enclos rempli de bêtes à l’allure hostile et dont les cris stridents effraient la trentaine d’étudiants assemblés à seulement quelques mètres d’elles. Debout devant le groupe, un immense centaure n’attendait que les trois retardataires pour débuter.
— Vous voilà enfin ! s’écrie l’enseignant qui fait taire à la fois les élèves et les bêtes. Vous reconnaissez ces merveilleuses créatures ? demande-t-il d’un ton ferme aux arrivantes.
Reconnaissant sans peine l’animal suite à ses nombreuses lectures, Maeva s’empresse de répondre.
— Ce sont des griffons. Des bêtes reconnues pour leur caractère impulsif et leur tendance à attaquer quiconque les approche grâce à leur bec et à leurs griffes aussi tranchantes qu’une lame elfique. Hautement résistantes aux sorts de contrôle, les griffons sont pourtant reconnus pour être les meilleures montures de combat pour les cavaliers suffisamment courageux pour les dompter.
Ébahi par la réponse fournie par Maeva, le centaure l’observe d’un regard admiratif. Aucunement habituée à recevoir une telle réaction de la part d’un professeur, la jeune apprentie reste sans voix alors qu’il s’avance vers elle.
2 commentaires
Anthony Dabsal
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Il y a 5 mois
cedemro
-
Il y a 5 mois