Fyctia
15 : Départ
Témoin du silence pesant de Maeva, Zara reprend la parole, la voix remplie de sincérité.
— Sacha te dit la vérité, c’est ma décision de venir vous rejoindre avant votre départ. Je ne parle pas pour mes amies, mais moi je veux ajouter que je trouve ton projet génial. J’aimerais beaucoup pouvoir apprendre à connaître les elfes en dehors de ce que l’école nous enseigne. L’idée de devoir les combattre toute ma vie lorsque je serai une enchanteresse m’angoisse depuis plusieurs mois déjà. Je suis consciente que j’ai été cruelle avec toi et je regrette mes actions. Ton réel pardon, j’espère le mériter avec des gestes concrets. Compte sur moi pour partager tes idées avec toutes les élèves de cette académie.
Déstabilisée par les propos de Zara, Maeva reste muette, incapable de trouver les mots pour lui répondre. Après tant d’années à subir les moqueries et les attaques de ces filles, elle n’ose pas croire en la possibilité d’un tel revirement. À tout moment, elle s’attend à voir les pestes éclater de rire face à l’inconfort qu’elle ressent. Après plusieurs secondes dans cette tension grandissante, une autre s’avance, nerveuse.
— Je ne suis pas fière de ce que je t’ai fait moi non plus, commence Miranda. Pour être honnête, moi, les elfes me terrifient et je serais incapable d’aller chez elles. Néanmoins, tes idées et ton attitude m’impressionnent et je suis prête à appuyer Zara. Tout ce que je te demande, c’est de tout nous raconter à ton retour afin de m’aider à voir les elfes d’un regard nouveau.
Ravie par l’ouverture d’esprit démontrée par Miranda, Maeva retrouve finalement la parole.
— Merci à vous deux pour vos paroles honnêtes et sincères. Grâce à cette brève conversation, je pars l’esprit un peu plus léger, confiante d’avoir un minimum de support lors de mon retour. Vous devez toutefois savoir que les Anciennes sont furieuses à mon égard. Évitez de vous faire remarquer si vous ne voulez pas avoir de problèmes avec elles.
Un sourire espiègle aux lèvres, Zara répond sans hésitation.
— Ne t’inquiète pas pour nous, nous avons l’habitude d’éviter que ces vieilles chipies se mêlent de nos affaires.
— Faites quand même attention. Xanya, la doyenne, est une femme méchante et très dangereuse. Croyez-moi, elle m’a fait subir des choses que je ne souhaiterais pas à mes pires ennemis.
— Même pas à nous quatre il n’y a pas si longtemps ? ose lancer Sacha.
— Jamais, répond Maeva. Vous souhaiter du mal ne m’aurait apporté aucun réconfort.
— Nous l’aurions pourtant mérité, affirme Zara.
— Personne ne mérite de souffrir, répond Maeva, pas même Xanya malgré tout le mal qu’elle m’a fait. Ce que je veux, c’est qu’elle comprenne les erreurs qu’elles à commises et qu’elle cesse d’attiser le feu de cette guerre contre les elfes. Voilà pourquoi je m’apprête à plonger dans l’inconnu.
— À ce sujet, interrompt Sacha, je crois qu’il faudrait y aller. Nous avons au moins une heure de marche pour nous rendre à la limite du domaine.
Après quelques accolades chaleureuses qui prennent Maeva par surprise, le groupe se sépare. Dès qu’elles mettent les pieds dehors, Sacha s’empresse de poursuivre la discussion, un malaise évident dans son regard.
— J’ai bien vu que tu ne m’as pas crue quand je t’ai dit ne pas avoir demandé à mes amies de venir. Tu as bien sûr une tonne de bonnes raisons de ne pas me faire confiance, mais j’aimerais convenir d’une chose avec toi pour que notre voyage se passe bien : interdiction absolue de mentir.
— Cela ne me pose aucun souci, mais tu es consciente que cela implique aussi la confiance. Tu pourrais très bien imposer cette règle sans avoir l’intention de la respecter. Et mon acceptation pourrait tout aussi bien être un mensonge.
— Tu as raison, mais il existe un moyen très simple pour rendre cette règle impossible à transgresser : le lien du sang.
Maeva sait parfaitement ce à quoi Sacha fait référence. Faisant partie de la gamme des sorts psychiques, elle est toutefois surprise que sa partenaire y réfère, cette magie étant interdite aux apprenties.
— Tu ne devrais pas connaître ce sort, non ?
— Effectivement, mais je suis certaine que toi tu le connais. Ma mère m’a informée de ta capacité à utiliser cette forme de magie.
— Et tu es prête à me laisser l’utiliser avec toi ? Tu oublies déjà toutes les catastrophes que j’ai déclenchées lors de nos séances pratiques en classe ?
— Tu as paralysée les Anciennes et les elfes, puis tu les as libérées. Je crois que ta maîtrise de cette forme est pour le moins excellente.
— Dommage que cela ne fasse pas partie des évaluations que je devrai passer le mois prochain.
— Oublie ces évaluations stupides. Ce que nous nous apprêtons à faire toutes les deux est plus important que les règles ancestrales de la Magic Academia. J’ai confiance en tes capacités et toute l’académie a été témoin de ce dont tu es capable lorsque ma mère a voulu te faire du mal. Si les vieilles croûtes ne voient pas ton potentiel, ce sont elles qui devraient quitter si tu veux mon avis.
Touchée par le support démontré par Sacha, Maeva s’arrête en plein milieu du sentier qu’elles empruntent depuis quelques minutes. Pensant qu’elle souhaite effectuer le lien de sang, Sacha sort une lame étincelante de sa poche, prête à s’entailler la paume, mais une main se pose dans la sienne, sous le couteau.
— Ne fais pas ça, commence Maeva d’une voix douce. Je n’ai pas besoin de la magie pour te faire confiance. Pas après ce que tu viens de me dire. Excuse-moi si j’ai douté de toi tout à l’heure. Après toutes ses années de solitude, je n’ai pas l’habitude de me fier aux autres.
— Je comprends. Moi et les autres aurions dû t’aider à t’intégrer parmi les nôtres, mais nous avons fait tout le contraire, moi étant la pire de toutes.
— C’est certain que votre support m’aurait été bénéfique, mais il est trop tard pour changer ce qui est passé. Aujourd’hui, tu as accepté de m’accompagner et je t’en suis reconnaissante. Nul besoin de lier nos volontés par le sang. J’aimerais plutôt construire un jour à la fois une relation d’amitié entre nous si tu le souhaites toi-aussi.
Gênée d’avoir oser une telle proposition, Maeva s’apprête à revenir sur ses paroles, mais Sacha ne lui en laisse pas l’opportunité.
— Je ne connais presque rien de toi, mais j’admire déjà ta force de caractère avec le peu que j’ai appris aujourd’hui. Si tu ne me détestes pas d’ici la fin de ce voyage et que tu souhaites encore cette amitié, je serai heureuse de te compter parmi mes amies.
— Ne me dis pas que tu as mauvais caractère ? ironise Maeva avec un sourire.
— Disons que j’ai tendance à m’enflammer facilement.
Appuyant ses paroles d’un geste de la main, Sacha invoque un rideau de flammes qui les enveloppe entièrement, elle et sa partenaire, provoquant un hoquet de surprise de cette dernière.
37 commentaires
Oswine
-
Il y a 4 mois
cedemro
-
Il y a 4 mois
Oswine
-
Il y a 4 mois
Oswine
-
Il y a 4 mois
Liverne Grigois
-
Il y a 4 mois
Paige_eligia
-
Il y a 5 mois
cedemro
-
Il y a 5 mois
Herrade_Riard
-
Il y a 5 mois
cedemro
-
Il y a 5 mois
Le Mas de Gaïa
-
Il y a 6 mois