Fyctia
16 : Inconfort
« Sacha invoque un rideau de flammes qui les enveloppe entièrement, elle et sa partenaire, provoquant un hoquet de surprise de Maeva. »
Réalisant que le feu magique ne dégage aucune chaleur, Maeva se contente d’asséner une claque amicale sur le bras de sa compagne de voyage.
— Très drôle. Au moins, cette fois ma chevelure remercie ta maîtrise parfaite du feu.
Notant la référence à l’une des attaques mesquines commises contre Maeva il y a quelques moins, Sacha regrette d’avoir fait appel à ses pouvoirs. Heureusement, le sourire amusé sur les lèvres de son amie la rassure.
— En fait, j’aurais même apprécié un peu de chaleur, ajoute Maeva. Je ne pensais pas qu’il faisait si froid à cette période de l’année.
— Si c’est vraiment ce que tu veux, prends-moi la main.
Intriguée, Maeva obtempère à sa demande et sent une douce chaleur envahir son corps, chassant les frissons qui s’installaient depuis leur arrêt sur le chemin. Main dans la main, les deux jeunes femmes atteignent finalement la barrière invisible masquant l’académie au reste du monde. Réalisant qu’elle a simplement suivie Sacha tout ce temps, Maeva réalise qu’elle a oublié d’invoquer Mitrix. Du coup, elle n’a aucune idée si elles se trouvent au bon endroit.
— Merde ! s’exclame Maeva en retirant sa main de celle de son amie.
— Qu’y a-t-il ? s’inquiète Sacha.
— J’ai oublié d’invoquer le phœnix pour nous guider.
Nerveuse à la mention de l’oiseau de feu qui habite ses cauchemars, Sacha recule d’un pas.
— Pourquoi l’invoquer maintenant que nous sommes arrivées ? L’idée de me retrouver près de cette bête ne me plaît pas trop.
— Rassure-toi, Mitrix n’entretient aucune colère à ton égard. Il a passé les quatre dernières semaines à mon chevet, libre de se déplacer dans toute l’académie. D’après Lana, son ancienne maîtresse, il peut nous guider à elle.
— Quoi !? Tu insinues que ma mère a pris ce phœnix à une grande enchanteresse elfique ?
— C’est Esmea elle-même qui me l’a dit. Je suis désolée, mais c’est ce qu’elle a fait avec l’aide de plusieurs autres enchanteresses, dont Rhina.
— Et tu ne crains pas que cette invitation soit en fait une vengeance ?
— Si je pensais une chose pareille, je n’aurais pas fait le chemin jusqu’ici. Tout comme moi, Lana souhaite laisser le passé derrière. Pour ce qui est du phœnix, je le laisse libre de retourner vers elle.
— Mais tu comptes d’abord le faire venir ici ? réitère Sacha, le visage déformé par une peur irrationnelle.
— Cela te donnera la chance de réaliser qu’il n’est pas méchant, fais-moi confiance.
Prenant un moment pour se concentrer sur son lien avec l’animal, Maeva ferme les yeux et l’appelle dans son esprit. Après seulement quelques secondes, un cri apeuré de Sacha lui confirme l’apparition de l’oiseau de feu. Posé sur une branche à quelques mètres des deux jeunes femmes, il observe Sacha de son regard perçant. Inconfortable, celle-ci se cache telle une enfant derrière son amie.
— Ne t’inquiète pas, commence Maeva d’une voix douce. Il est resté calme même en présence de ta mère.
— Mais là nous sommes seules avec lui.
Sur sa branche, Mitrix observe les deux apprenties de son regard perçant. Doté d’une grande intelligence, le phœnix connaît les concepts humains les plus sombres comme la vengeance, la cruauté, et l’ironie pour n’en nommer que quelques-uns. Certes, il a reconnu Sacha et hésite quant à son comportement. La vengeance n’est pas une option, mais l’idée d’effrayer la jeune femme lui plaît. Néanmoins, son respect pour sa nouvelle maîtresse le pousse finalement à agir pour le mieux. Ses yeux de feu ancrés sur Sacha, il ouvre ses ailes et se penche en signe de respect. Étonnée, la jeune femme est confuse.
— Pourquoi fait-il cela ? demande-t-elle à son amie.
— Il t’offre son pardon comme je t’ai offert le mien.
Touchée, Sacha ne peut s’empêcher de se remémorer combien elle a été cruelle envers Maeva et cela l’attriste.
— Je ne comprends toujours pas comment tu peux me pardonner. Je n’ai encore rien fait de concret pour mériter autant de gentillesse.
— Ton choix de m’accompagner dans cette aventure me suffit. À mon réveil, ta mère m’a affirmé que derrière ton masque se cachait une fille sensible et je sais qu’elle a raison. Pendant toutes ces années à l’académie, je me suis sentie perdue et j’ai choisi la solitude avec les livres pour seule compagnie. Je réalise aujourd’hui que toi aussi tu étais perdue avec ce désir constant de prouver ta valeur à ta mère.
— Honnêtement, je n’aime pas la personne que j’étais. C’est vrai, j’utilisais la force et la peur pour cacher aux autres cette crainte de déplaire à ma mère.
— Je n’aimais pas non plus cette Sacha, mais nous pouvons l’oublier à présent. Tu n’as rien à prouver, ni à moi, ni aux elfes. Sois seulement celle que tu veux être au plus profond de ton cœur.
— Je vais faire de mon mieux, promis.
— Tu es prête à plonger dans l’inconnu ? demande Maeva au bout de quelques secondes.
— Non, mais je suis rassurée de ne pas devoir le faire seule. Tu as déjà franchi la barrière avant aujourd’hui ?
— N’ayant aucune famille ou amis dehors, je n’avais aucune raison de le faire. Et toi ?
— J’ai accompagné ma mère quelques fois, mais nous utilisions toujours la magie pour nous rendre à destination. Elle a toujours dit que la forêt autour du domaine est dangereuse.
— Les elfes nous attendent de l’autre côté, il n’y a pas de raison de nous inquiéter. Elles utiliseront certainement la magie pour nous emmener sur leur territoire. Dès que nous franchiront la barrière, Mitrix nous indiquera le chemin.
— Allons-y dans ce cas. Plus nous attendons et plus j’ai envie de retourner à la course dans le confort de ma chambre !
— Je ressens exactement la même chose, lance Maeva avec un sourire. Je compte jusqu’à trois et on y va ?
— Trois !
Surprise par la détermination de Sacha, Maeva n’a pas d’autre choix que de suivre lorsque celle-ci lui prend la main et l’attire avec elle. D’un bond, les deux jeunes femmes franchissent la barrière, révélant leur présence à toutes les créatures présentes dans la forêt abritant le domaine de la Magic Academia.
Le passage s’effectue sans un son, mais laisse un voile de confusion dans leur esprit. Derrière elles, le dôme magique reste visible encore quelques secondes, brillant de son éclat violacé. Seules dans la pénombre, les deux apprenties peinent à voir le soleil au travers de la végétation très dense qui les entourent. Heureusement, elles peuvent voir au loin la limite du boisé, ce qui les rassurent.
À la demande de Maeva, Mitrix quitte bientôt le duo afin de retrouver les elfes.
Lorsque les deux jeunes femmes atteignent la lisière de la forêt quelques minutes plus tard, le ciel se voile d’un nuage noir, ce qui provoque l’inconfort de Maeva.
« Le phénomène n’a rien de naturel. » pense-t-elle.
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Oswine
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camillep
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La Plume d'Ellen
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