Fyctia
14 : Préparatifs
Préférant ne pas étirer inutilement la présence des elfes après les récentes tensions avec les Anciennes, Maeva convient avec Sacha d’un départ aussi hâtif que possible. Les deux jeunes s’entendent donc pour une rencontre dans trois heures aux portes de l’académie, soit tout juste le temps de préparer leurs affaires.
Dès son retour dans sa chambre, seule avec Rhina, Maeva ressent une immense nervosité monter en elle. N’ayant jamais mis les pieds en dehors du domaine de l’académie, elle prend conscience qu’elle s’apprête à plonger dans l’inconnu et cela la terrifie. Son visage long et ses allées et venues erratiques dans la pièce ont tôt fait d’inquiéter sa mère adoptive qui l’arrête alors qu’elle échappe pour la énième fois un objet sur le sol.
— Maeva, je sais que tu t’inquiètes, mais je suis certaine que tout se passera bien. Lana ne t’inviterait pas dans son école sans croire en tes capacités. Ces quatre semaines passeront très vite et tu auras plein de belles choses à me raconter à ton retour.
— Du moins, je pourrai te les raconter si Xanya me laisse revenir. Tu n’as pas vu son visage tout à l’heure. Elle était prête à m’incinérer sur place lorsque Lana a révélé ma capacité à communiquer mentalement et qu’elle m’a invité dans son académie.
— Laisse nous gérer le problème des Anciennes. Je te promets que nos portes te seront grandes ouvertes et que tu auras la chance d’expliquer à tout le monde que les elfes n’ont pas à demeurer éternellement nos ennemis. Je ne dis pas que ce sera facile de tous les convaincre, mais quelques-unes t’écouteront. Puis, ce nombre grandira, lentement peut-être, mais il grandira.
— J’aimerais te croire, mais Xanya est puissante et elle est entourée des autre Anciennes qui la supporteront. Comment comptes-tu l’empêcher d’attirer toute cette académie à sa suite ?
— Même avec toute sa puissance, elle ne peut pas combattre les elfes sans notre support à nous toutes. Tu as semé la graine du doute dans les esprits, laisse-lui le temps de germer et d’étendre ses racines. Ne viens-tu pas de convaincre Esmea et Sacha, les deux personnes t’ayant fait le plus de mal pendant toutes ces années ?
— Je crains que ce soit la peur qui les guide et non mes idées. Lorsqu’elles verront que je ne maîtrise en rien cette force que j’ai libérée, elles m’abandonneront sans hésiter.
— C’est une possibilité, mais la vie trace toujours de multiples chemins pour chacune d’entre-nous. Utilise toutes les connaissances que tu as acquises dans tes si nombreuses lectures pour découvrir ta voie. Profite de ta présence chez les elfes pour en apprendre plus sur eux. Cela te permettra peut-être de comprendre qui tu es et d’enfin maîtriser cette puissance qui t’habite. Le destin à de grands projets pour toi, j’en suis certaine.
— J’espère seulement que ce destin ne me conduira pas à participer à ces fichues guerres, car jamais ne n’accepterai de le suivre si tel est le cas !
— Tu es encore jeune. Oublie le destin pour le moment et suis ton cœur. Je t’appuierai toujours, quelque soit le chemin que tu prendras.
Plongeant la main dans la poche de sa longue robe, Rhina en retire un bracelet doré qu’elle glisse solennellement autour du poignet de sa fille. La poitrine serrée à l’approche de la séparation, elle serre Maeva dans ses bras et lui murmure doucement à l’oreille.
— Ce bracelet est infusé d’un sort permanent de téléportation. D’ici à ce que tu maîtrise l’Ether, il te permettra de te déplacer dans n’importe quel lieu que tu parviens à visualiser. Comme tu le sais, les elfes possèdent un don inné pour cette forme de magie et tu en auras certainement besoin lors de ton voyage.
— Merci, mais cette magie est interdite aux apprenties, tu le sais bien ! s’exclame Maeva, touchée par le cadeau.
— À mes yeux, tu es plus qu’une simple apprentie. Tu en feras bon usage, j’en suis certaine.
— Et pour Sacha ?
— Elle maîtrise parfaitement l’Ether. Si elle ne connait pas encore l’incantation, je me fie à toi pour lui enseigner. Elle t’en sera reconnaissante. À présent, je te laisse terminer tes préparatifs. Plus je reste ici et moins je me sens la force de te laisser partir. Surtout, reviens-moi très vite !
— Je te le promets.
Les heures qui suivent sont un véritable maelstrom émotif pour Maeva. Certes, cette académie recèle bon nombre de mauvais souvenirs, mais elle représente la totalité de sa vie.
Paralysée sur place depuis plusieurs minutes devant le sac magique contenant tous ses effets personnels, elle songe à tout annuler. Une étrange vibration prend soudainement naissance dans sa tête, produisant un son strident dans son esprit. Peu à peu, le son se module jusqu’à ce que des mots intelligibles se forment.
« Les elfes ont les réponses que tu cherches. Poursuis ta route et tu découvriras la vérité. »
Surprise et confuse par cette voix cristalline inconnue résonant dans sa tête, Maeva reste figée un moment. Habituée aux contacts psychiques, elle n’avait jamais ressenti une sensation similaire avant aujourd’hui et cela la perturbe. Pourtant, un sentiment d’allégresse l’envahit, la poussant à avancer. Réduisant son sac à la taille d’une poche de thé, elle le glisse dans la poche de sa robe et quitte sa chambre en direction du grand hall afin d’y rejoindre Sacha.
Dès son arrivée dans l’immense salle, normalement déserte pendant les heures de cours, elle remarque la présence de quatre personnes près de la porte. Reconnaissant le terrible quatuor des Sales Pestes, elle sent son cœur se bloquer dans sa poitrine, pensant malgré elle à une trahison de la part de Sacha. Déterminée à les affronter en cet instant très important pour elle, Maeva s’approche, méfiante. Les visages déconfits des trois amies de sa partenaire présumée de voyage la laissent perplexe, mais elle leur montre néanmoins sa détermination.
— Je n’ai pas le temps de me chamailler. Tout ce que je veux, c’est sortir d’ici !
Silencieuse, Sacha pousse son amie la plus proche vers Maeva. Visiblement troublée, Zara, l’amie en question, prend la parole.
— Nous ne sommes pas ici pour te faire des misères. Sacha nous a tout expliqué et nous voulons simplement te dire que nous sommes désolées de t’avoir ridiculisée pendant toutes ces années.
Peu encline à accepter de simples excuses de leur part, Maeva sent l’impatience monter en elle.
— Inutile de perdre votre temps avec des excuses vides de sens. Si c’est mon pardon que vous cherchez, je vous le donne, mais simplement car je veux laisser le passé derrière-moi. Merci, Sacha, mais ce n’était pas nécessaire de forcer tes amies à s’excuser ainsi.
— Je ne leur ai rien demandé, se défend Sacha. Ma mère m’a tout raconté de ta rencontre avec la doyenne et j’ai simplement retransmis le récit à mes amies pour leur expliquer pourquoi je devais partir. Elles m’ont rejointe ici sans me faire part de leur intention, je t’assure.
Hésitante à croire sa partenaire, Maeva reste silencieuse un instant, l’esprit chargé de doutes.
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