Fyctia
12 : Offre étonnante (1)
« Si l’étincelle devient flamme, alors Amarantha en entier brûlera. »
La dernière ligne du parchemin doré reçu il y a près de dix-huit ans résonne telle une prophétie dans l’esprit de Xanya. Pour la première fois, elle en comprend la signification. Si elle libère la fureur incendiaire de sa colère envers Maeva et les elfes, elle sait que celle-ci se retournera non seulement contre elle, mais s’étendra bien plus loin encore.
Encore tremblante de rage, elle fait un effort inhumain pour se calmer, détournant lentement le regard vers Lana.
— Il est hors de question que je laisse l’une des nôtres, même une cause désespérée comme Maeva, s’aventurer seule sur un territoire inconnu. Je nommerai l’une des nôtres pour l’accompagner et me faire régulièrement un rapport. Cette offre est à prendre ou à laisser.
Insultée par l’audace de la vieille femme colérique, l’elfe songe refuser et d’insister sur la menace de la reprise des conflits entre leurs peuples. Toutefois, animée d’une confiance inattendue, Maeva se dresse devant la doyenne.
— C’est moi qui choisirai la personne qui m’accompagnera et je la choisirai parmi les élèves de l’académie. Hors de question qu’un esprit pollué par notre passé vienne compromettre le maigre espoir que représente mon projet.
— Comment oses-tu !? s’exclame Xanya.
— Votre esprit est fermé aux changements et vous utilisez la peur et la souffrance pour imposer vos idées. Mon corps et mon esprit resteront marqués à jamais par les sévices que vous m’avez fait subir pour tenter de comprendre ce qui a imposé ma présence dans votre précieuse académie. Aujourd’hui, j’ai enfin la chance d’explorer une nouvelle voie et je ne vous laisserai pas détruire cette fine fibre d’espoir qui a pris naissance en moi. En ce moment, si je dois choisir un camp dans cette guerre, je prendrais sans regret celui des elfes avec toutes les conséquences que cela aura pour notre monde. Ne me forcez pas à prendre une telle décision.
Incapable du moindre mot tellement elle est dévorée par la colère, Xanya reste muette, donnant à Lana l’occasion de montrer son appui à sa protégée.
— J’accepte la présence d’une seconde élève de cette académie, mais c’est la seule concession que je ferai. Je te donne vingt-quatre heures pour choisir celle qui t’accompagnera. Rejoins-nous ensuite à la bordure du domaine de l’académie.
— Je ne connais pas les limites de notre domaine, annonce Maeva, gênée. Je n’ai jamais quitté cette académie.
— Tu n’auras qu’à invoquer Mitrix, il te montrera le chemin.
Surprise d’entendre ce nom prononcé par Lana, Maeva reste bouche bée. Autour d’elle, les Anciennes affichent un regard horrifié alors qu’Esmea est clairement inconfortable. Cette dernière, voulant se montrer ouverte à celle qu’elle a si longtemps harceler, prend la parole.
— J’ai volé le phœnix aux elfes il y a de nombreuses années, lors d’un conflit particulièrement violent entre nos armées. C’était le compagnon de Lana, termine Esmea, honteuse de ses actions passées.
— Merci de reconnaître vos torts, annonce simplement l’elfe, sans aucune rancœur dans la voix. J’ai toujours laissé Mitrix libre de ces choix, mais il a été effectivement mon compagnon pendant de très nombreuses années. Dès sa libération, il m’a transmis le détail de ce qui s’est passé ici. Notre présence en vos murs n’est pas une coïncidence. Honnêtement, nous nous attendions à d’odieux mensonges de votre part pour expliquer ce qui s’est produit.
— Vous êtes donc consciente du risque que pose Maeva pour votre peuple, ironise Xanya.
— Au contraire, je suis à présent certaine que sa visite chez nous va minimiser ce risque que vous craignez tant. Il est clair qu’ici elle est laissée seule avec cette incompréhension qui l’habite. J’espère simplement pouvoir l’aider à y voir plus clair. Inutile de poursuivre cette discussion plus longtemps. Nous t’attendrons Maeva, mais ne perd pas de temps.
Sur ces derniers mots, les elfes posent la main à leur poitrine et disparaissent sans le moindre son, laissant Maeva seule parmi les siens. Nerveuse, elle s’attend au pire de Xanya, mais celle-ci s’éloigne comme une bête apeurée. Sans un regard derrière, elle commande le départ de Maeva, à son plus grand soulagement.
S’un simple contact de sa main contre celle de l’apprentie, Esmea les téléporte dans la chambre d’où elles sont parties à peine une heure plus tôt. Fébrile, Rhina les accueille avec un visage couvert de larmes.
— Maeva ! s’exclame l’enchanteresse. J’ai eu tellement peur de ne jamais te revoir. Raconte-moi tout, je t’en supplie !
Touchée par l’état de sa mère adoptive, Maeva prend un long moment pour la serrer dans ses bras. Pour la première fois, elle réalise que c’est grâce à cette incroyable femme qu’elle a pu persévérer dans cette académie et cela lui brise le cœur de devoir lui annoncer son départ, et ce même si ce n’est que pour quelques semaines. Aussi, c’est la poitrine serrée qu’elle relate les événements à la demande de sa mère. Lorsqu’elle termine, cette dernière explose de joie.
— Je suis tellement heureuse pour toi ! Tu auras enfin la chance de découvrir le monde en dehors de notre académie.
— Tu n’as pas peur de l’accueil que les elfes me réserveront. Peut-être serai-je vue comme une menace et que tout le monde me détestera ?
— Je ne peux pas croire que cette Lana t’inviterait chez elle avec de telles intentions, surtout pas en sachant de quoi tu es capable lorsque tu es effrayée. Prends cette opportunité incroyable à pleines mains.
— Mais cela implique de me retrouver loin de toi et de tout ce que je connais. Cela me fait quand même un peu peur, je dois l’avouer.
— Ne t’inquiète pas. Tu auras tellement de choses à découvrir là-bas que ces quatre semaines vont passer en un instant. Je suis certaine que tu n’auras pas une seule minute pour t’ennuyer. Sais-tu qui tu vas nommer pour t’accompagner ?
— J’ai bien une idée, mais je dois en discuter Esméa.
Surprise d’entendre son nom dans cette touchante conversation mère – fille, l’interpelée affiche un air totalement intrigué.
— Ce n’est pas à moi de décider, commence l’enchanteresse.
— Croyez-moi, vous avez votre mot à dire puisque j’ai l’intention de proposer à Sacha de m’accompagner.
Partageant des hoquets de surprise parfaitement synchronisés, les deux femmes observent Maeva en affichant une totale incrédulité. À la fois honorée et horrifiée de savoir que sa fille pourrait se retrouver en territoire elfique, elle ne comprend néanmoins pas le choix de celle qui a été le souffre-douleur de son enfant.
— Pourquoi elle ? demande simplement Esméa.
— Tout simplement parce que c’est la personne que je connais le plus dans cette académie et que je sais qu’elle est déjà prête pour les évaluations finales. Son absence n’influencera pas ses résultats et j’aimerais qu’elle apprenne à voir les elfes d’un nouveau regard.
À suivre…
N.d.A: désolé pour la coupure en pleine conversation, contrainte de caractères oblige...
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Oswine
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cedemro
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Oswine
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Cassiehope
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Le Mas de Gaïa
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Leo Degal
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cedemro
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Il y a 6 mois