Fyctia
7 : Réveil douloureux
Lorsque Maeva ouvre les yeux, une désagréable confusion habite son esprit tout entier et son corps la fait horriblement souffrir. Pendant plusieurs secondes, elle perçoit son entourage au travers d’un nuage vaporeux, la lumière provoquant une désagréable sensation de brûlure sur ses rétines. La première image nette qui se révèle à son regard troublé est celle du majestueux phœnix qui est perché à la base du lit sur lequel elle repose. Incapable de se redresser malgré tous ses efforts, elle grogne de douleur en s’affaissant sur le matelas étonnamment moelleux. Surprise par la présence de l’oiseau, elle profite de son lien spirituel avec lui pour lui transmettre ses pensées.
« Tu ne devrais plus être ici. Pars rejoindre les tiens, tu es libre. »
Plutôt que de lui obéir, Mitrix répond d’un son mélodieux avant de pencher sa tête pour toucher délicatement le corps de l’adolescente de son bec. Instantanément, celle-ci sent une douce énergie se diffuser en elle, dissipant en un éclair la souffrance la brûlant de l’intérieur jusque-là. Étonnée par ce soudain réconfort, Maeva parvient sans peine cette fois à prendre appui sur un coude pour caresser la tête de l’animal de son autre main.
« Merci. » projette-t-elle dans son esprit.
Jusque-là, Maeva n’avait pas remarqué sa présence, mais elle sent soudainement la main de Rhina se poser sur son bras. Visiblement émue, l’enchanteresse observe sa fille d’un regard mélangeant tristesse et joie.
— Te voilà enfin réveillée. Ne me fais jamais plus une peur pareille, Maeva ! s’exclame Rhina, la voix vibrante d’émotion. J’étais certaine de t’avoir perdue à jamais.
Encore sonnée par cet étrange réveil, Maeva reste silencieuse encore plusieurs secondes avant de parvenir à articuler une réponse à sa mère adoptive, profitant de ce moment pour se remémorer les événements ayant précédé sa perte de conscience.
— Je ne sais même pas ce qui est arrivé, commence Maeva d’une voix faible. Tout s’est déroulé tellement vite.
— Personne ne peut expliquer ce qui s’est produit. Crois-moi, tu devras répondre à de nombreuses questions dans les jours à venir. Dès que les Anciennes apprendront ton réveil, elles voudront te parler.
— Seulement si Esmea ne me tue pas avant. Elle doit être furieuse contre moi.
Voyant une confusion soudaine s’installer dans le regard de Rhina, Maeva craint le pire. Toutefois, un sourire apparaissant peu après sur les lèvres de l’enchanteresse la laisse pantoise.
— Elle devrait l’être, commence Rhina, mais elle a pourtant pris ta défense en jurant aux Anciennes que c’est elle qui a libérée le phœnix par erreur en voulant te donner une leçon. Toute l’académie est convaincue que c’est elle la responsable de cette quasi catastrophe.
— Quoi !?, s’exclame Maeva.
Sidérée par ce qu’elle vient d’entendre, l’adolescente ne comprend plus rien. Ce mensonge de la part d’Esmea pourrait lui coûter son poste à l’académie, voire même pire considérant la portée potentiellement dramatique de son geste présumé. Sachant qu’elle voulait lui faire du mal à la base, elle qui la méprise depuis toujours, cela ne fait aucun sens pour l’apprentie. Consciente de la confusion qui habite son enfant, Rhina s’empresse de poursuivre.
— Je suis la seule à connaître la vérité. Esmea m’a expliqué dans le détail tout ce qui est arrivé. Je sais que c’est difficile à croire, mais elle a complètement changé d’avis en ce qui te concerne. Le simple fait qu’elle m’ait avoué avoir voulu te faire du mal est encore quelque chose que je peine à croire moi-même. Néanmoins, sans son support, les Anciennes t’auraient certainement déjà envoyé dans un lieu inconnu pour t’étudier. Du moins, elles l’auraient fait après avoir trouvé un moyen d’éloigner Mitrix de toi.
— Je ne comprends pas pourquoi il reste près de moi. Je l’ai libéré pour qu’il retourne chez les siens, mais il refuse de partir. Je t’assure que je ne le retiens pas !
— Évidemment. Aucune enchanteresse, aussi puissante soit-elle, ne pourrait le retenir contre son gré sans cette bague qu’il avait à la patte.
— Il y en a pourtant une qui lui a placé cet anneau, non ?
— Pas une, mais bien une dizaine. Je ne suis pas fière de ce que j’ai fait, mais je faisais partie du groupe qui a capturé Mitrix il y a bien des années. Les phœnix sont un atout majeur dans nos guerres contre nos ennemis avec leur résistance inégalée et leur capacité à soigner nos blessures.
— Voilà une raison de plus pour moi de détester la guerre et tout ce qu’elle détruit. Cet animal n’a rien à voir avec les conflits qui nous opposent !
— Je sais, mais c’est la survie de notre monde qui est en jeu. Je suis désolée, mais c’est ainsi. Ni toi, ni moi ne pouvons changer cela.
— Il faudra bien que quelqu’un y parvienne un jour. Les guerres ne s’arrêteront jamais si personne n’essaie de changer les choses. Plutôt que de nous apprendre simplement à combattre nos ennemis, cette académie devrait nous former à tenter un rapprochement avec eux.
— Ce que tu dis est rempli de sens, mais toutes les tentatives passées de rapprochement ont échoué. Les guerres durent depuis si longtemps que la diplomatie ne donne aucun résultat malheureusement.
— Peut-être justement sommes-nous trop portées vers notre passé ? Je suppose que ce sont les Anciennes qui effectuent les négociations ?
— En effet, elles nous représentent auprès de leurs égales lors de rencontres en périodes de trêve.
— Puisque nous représentons le futur d’Amarantha, pourquoi ces rencontres n’impliqueraient pas aussi des apprenties ? Nous pourrions apprendre à connaître nos « égales » comme tu dis et ainsi peut-être trouver un terrain d’entente ?
Impressionnée par la sagesse derrière les propos de Maeva, Rhina reste bouche bée. Il y a bien eu une époque où des compétitions étaient organisées entre les écoles des différents peuples d’Amarantha, mais celles-ci ont été abolies depuis bien avant sa naissance suite à des allusions de tricherie de la part des elfes. Voulant croire que le temps est venu pour oser le changement, l’enchanteresse décide de soutenir sa protégée.
— Tu lances de bonnes idées, commence Rhina, mais il sera difficile de convaincre les Anciennes, surtout en ce moment de grandes tensions. Si tu te sens le courage d’essayer, je t’appuierai sans hésiter.
— Elles ne m’écouteront pas, tu le sais bien.
— Disons que la présence de Mitrix à tes côtés t’apporte une nouvelle crédibilité. Les Anciennes craignent le lien que tu as établi avec lui. Elles voient en toi à la fois un immense potentiel, mais aussi une menace. Si tu joues habilement avec cette dualité, je crois que tu as une chance de les convaincre.
L’apparition soudaine d’Esmea provoque la surprise générale, surtout chez Mitrix qui la fusille de son regard perçant.
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Julie Emilie M
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Liverne Grigois
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